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Un requin pourrait-il remonter jusqu’à Paris comme dans le film Sous la Seine?

Un requin pourrait-il remonter jusqu’à Paris comme dans le film Sous la Seine?
Image d’illustration d’un grand requin blanc.
Rajat Kreation / stock.adobe.com

Dans un film qui sortira en juin 2024 sur la plateforme Netflix, Xavier Gens met en scène un requin tueur qui sévit dans la Seine à quelques jours d’un championnat du monde de triathlon.

Le scénario de Sous la Seine cela pourrait-il se réaliser ? Au moins en supprimant le côté sanguinaire du requin comme Dent de la mer ce qui n’est évidemment pas réaliste. Dans une bande-annonce publiée mardi 9 avril sur la plateforme Netflix, le réalisateur Xavier Gensen met en scène un requin blanc meurtrier qui se retrouve à Paris à quelques jours des championnats du monde de triathlon de l’été 2024. Petit clin d’œil aux Jeux olympiques de 2024. On se souvient du béluga et de l’orque qui se sont tous deux retrouvés coincés dans la rivière et qui ont malheureusement connu une fin tragique. Légitimement, la question se pose : serait-il possible de trouver un requin dans la Seine ?

Le scénario est à la fois « crédible » Et « pas crédible »» décide aussitôt Éric Clua, professeur à l’École pratique des hautes études, spécialiste des requins. « Crédible » D’abord parce que certains requins sont effectivement capables d’évoluer aussi bien en eau de mer qu’en eau douce. Mais « pas crédible » car l’espèce concernée n’est pas présente dans notre zone géographique. On fait le point.

Le requin bouledogue est capable de remonter une rivière

Selon le spécialiste, trois espèces de requins sont dangereuses pour l’homme : le requin tigre, le requin bouledogue et le requin blanc. Mais parmi eux, seul le requin bouledogue est capable d’évoluer en eau douce. « Il y a pas mal de cas de morsures de requins bouledogue en Afrique du Sud, en Australie et à la Réunion », nous raconte Eric Clua. En février dernier, par exemple, une jeune Australienne de 16 ans a été tuée à 2,5 km de l’embouchure d’une rivière. En Afrique du Sud, les requins bouledogue sont même surnommés les « Requins du Zambèze » : « Ce requin a fait beaucoup parler dans le Zambèze, au point qu’on lui donne localement le nom du fleuve »poursuit Éric Clua.

Mais pourquoi trouve-t-on certains requins bouledogue dans les rivières ? « Les femelles mettent bas à l’embouchure des rivières pour protéger les petits du cannibalisme très développé de cette espèce, notamment chez les mâles adultes », explique Éric Clua. « Ce sont les jeunes qui remontent le fleuve. En ce sens, le scénario du film pourrait alors se révéler réaliste.

Mais en France ?

« Mais parmi les trois espèces dangereuses pour l’homme, ils ont choisi le mauvais candidat, c’est stupide », soulève Éric Clua. En effet, rassurez-vous, la probabilité de trouver un requin bouledogue dans la Seine est « presque impossible », car cette dernière n’opère pas dans notre zone géographique. On le trouve principalement en Afrique du Sud, au Brésil, en Floride, en Nouvelle-Calédonie, dans le canal de Panama, à la Réunion et à Madagascar. Parmi ces trois candidats, c’est actuellement le requin tigre qui pourrait éventuellement être aperçu sur les côtes françaises, « mais probablement pas sur la côte nord-est de la France, plutôt sur la côte basque »précise Éric Clua : « Ce seraient des requins qui remonteraient le long de l’Espagne grâce au changement climatique… c’est une situation qui pourrait arriver », il explique. Selon lui, nous pourrions avoir des problèmes avec cette espèce de requin d’ici 10 à 15 ans.

Alors, pour aller jusqu’au bout, que se passerait-il si un requin tigre remontait la Seine ? Ce dernier « mourrait rapidement »car il ne parviendrait pas à équilibrer sa pression osmotique : « C’est l’équilibre nécessaire entre les ions à l’intérieur du corps de l’animal et à l’extérieur. Pour un animal adapté à l’eau de mer, très salée, il faut un système actif pour rééquilibrer cette pression en eau douce.. Parmi les trois espèces dangereuses, si le requin bouledogue est également capable de vivre en eau douce, il est notamment « grâce à son foie, ses reins et surtout ses glandes rectales particulières qui lui permettent de réguler les échanges de chlorure de sodium, c’est-à-dire lié au sel ». En résumé, le scénario d’un requin blanc tueur dans la Seine est impossible, et celui d’un requin bouledogue, hautement improbable…

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