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Un rapport alerte la France sur les conséquences d’une victoire du RN

Pour le think tank Destin commun, expert des phénomènes de polarisation qui fragilisent la démocratie, il ne s’agit plus de comprendre ce qui a amené l’extrême droite au bord du pouvoir en France. Mais de réfléchir à ce qui pourrait nous attendre après le second tour des législatives. C’est tout l’objet du rapport « Le jour d’après », publié le 4 juillet. Il donne la parole à neuf experts, parmi lesquels des chercheurs, des journalistes et d’anciens responsables politiques, qui ont vu la droite autoritaire et populiste arriver au pouvoir dans leur pays, en Pologne, en Hongrie, en Italie, au Brésil ou aux États-Unis. Deux d’entre eux décrivent également la situation au Royaume-Uni huit ans après le Brexit.

« Dans les médias, on entend parler d’un « saut dans l’inconnu », mais ce n’est que partiellement vrai.souligne Tristan Guerra, responsable de la recherche à Common Destiny. Même si chaque cas national est particulier, les analyses montrent qu’il existe des continuités entre les gouvernements d’extrême droite. Cela permet de scruter leur mode de fonctionnement, et les conséquences concrètes, afin d’en tirer des leçons pour la France.

De multiples menaces pour la démocratie

Premier constat : sans surprise, l’élément central observé dans ces pays est l’affaiblissement de la démocratie et des libertés, par la réduction des droits fondamentaux et du poids des contre-pouvoirs. « Partout, une tendance assez claire vers l’illibéralisme suit le triomphe de la droite radicale et vient éroder l’État de droit »précise le rapport, qui donne l’exemple de la Pologne, où le PiS « a cherché à renforcer le contrôle politique sur le pouvoir judiciaire, remettant en question son indépendance. » Cela va de pair avec le déclin du pluralisme dans ces États. « Comme ces gouvernements viennent avec l’idée d’un seul peuple homogène, leur objectif est de marginaliser les voix dissonantes. Les médias sont contrôlés et mis au service du pouvoir politique. »note Tristan Guerra.

Deuxième leçon, qui défie certaines idées reçues : l’exercice du pouvoir ne conduit pas à la modération. « Au contraire, la droite radicale l’utilise comme piédestal pour mettre l’État au service de ses desseins et diffuser des politiques publiques qui radicalisent la population, les institutions et la société dans son ensemble. » assure le politologue.

Autre avertissement : cette détérioration de la démocratie peut sembler silencieuse et indolore. « C’est particulièrement le cas en Italie, où Giorgia Meloni donne l’impression de rester dans les codes démocratiques et a une apparence assez polie, alors que les attaques contre la démocratie sont réelles et camouflées », Tristan Guerra souligne que les dommages causés à la démocratie ne sont pas facilement réversibles. Au Brésil, aux États-Unis et en Pologne, les cicatrices demeurent. Et ce, même si d’autres partis ont repris le pouvoir.

Des lueurs d’espoir

Ces constats posés, quels conseils peut-on en tirer pour la France ? « On voit d’abord qu’il n’y a pas de point de non-retour. Même au Royaume-Uni, où le Brexit a polarisé très profondément la société, il y a eu un volontarisme démocratique pour choisir la réconciliation. Huit ans plus tard, les blessures de la division semblent largement cicatrisées », a-t-il ajouté. Tristan Guerra souligne que cet événement a ainsi poussé la classe dirigeante, les médias et la société civile à réfléchir profondément à l’état de la démocratie dans le pays. Quels sont les fondamentaux qu’il faut préserver à tout prix ? Comment répondre aux causes profondes du ressentiment lié au vote d’extrême droite ? Autant de questions qu’il est urgent de se poser en France.

Le rapport appelle également à l’autocritique,  » avantIl est nécessaire de construire une offre alternative claire, lisible et fédératrice. Cela implique de combattre sans complaisance les dérives identitaires ou antidémocratiques qui émanent d’autres familles politiques que la droite radicale.

Enfin, Common Destiny met en garde contre la tentation de recourir à la violence. « Cela nous porte préjudice collectivement. Destructions et dégradations matérielles voire physiques, choc psychologique collectif… Tous ces mécanismes que nous avons vécus lors des émeutes urbaines de juin 2023 doivent être évités, d’autant que l’extrême droite pourrait les instrumentaliser pour légitimer le recours à la force et d’éventuelles atteintes aux libertés démocratiques. » Résister, oui, mais en refusant le chaos et en cherchant toujours à sortir de l’impasse. « Ces familles politiques peuvent être combattues par des mouvements qui leur correspondent en énergie et en force de conviction, en montrant qu’une autre voie est possible », conclut Tristan Guerra. Des mouvements qui restent à construire.

Retrouvez, dès leur parution officielle, les résultats du premier tour des élections législatives 2024, commune par commune

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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