Un projet de relais routier divise le conseil municipal de Val-d’Or
Pour aller de l’avant avec son projet, le promoteur Lucien Mirault demande de pouvoir y construire un bâtiment pouvant accueillir jusqu’à 60 chambres sur cinq étages.
Le règlement d’urbanisme de Val-d’Or avait déjà été modifié en 2021 à la demande du promoteur pour permettre trois étages et 40 chambres pour les relais des camionneurs.
Sa nouvelle demande n’a pas reçu l’appui du Comité consultatif d’urbanisme (CCU), ce qui a incité quatre conseillers à voter contre le projet de règlement le 15 mai. La résolution a toutefois été adoptée lorsque le maire a brisé une égalité de 4-4. autour de la table.
Benjamin Turcotte est l’un des quatre conseillers opposés à la modification du règlement, les autres étant Maxime Gagné, Èveline Laverdière et Lysiane Morin. Il partage la vision du CCU qui estime que la demande du promoteur dénature le concept de relais pour les camionneurs.
» Je ne suis pas contre le projet et notre position était de l’adopter tel quel, avec trois étages et 40 chambres. Mais à 60 chambres, on parle plus d’un hôtel que d’un point de service pour camionneurs. »
Et si c’est ça, ce n’est pas la même façon d’analyser le dossier, avec les risques inhérents à un relais routier, dus à la présence de combustibles. On comprend l’argument du manque de chambres à Val-d’Or, surtout pour les touristes, mais si vous voulez un hôtel pour pallier ce manque, c’est plus approprié plus près de la ville et non au bout
croit M. Turcotte.
L’édile craint aussi que proposer des chambres hors de la ville ouvre la porte aux déplacements domicile-travail (voler dans, voler dehors). C’est quelque chose qui nous fait peur, dit-il. Nous ne voulons pas ralentir le développement économique. Les projets de ce promoteur sont généralement très réussis. Mais il faut trouver un équilibre pour ne pas pérenniser ce mécanisme de promotion des déplacements domicile-travail.
Expansion nécessaire, dit le promoteur
Le projet de Lucien Mirault est d’ouvrir une station-service multi-énergies, couplée à un relais routier. Il estime que l’expansion de son projet est nécessaire pour assurer sa rentabilité.
C’est la conclusion à laquelle je suis parvenu après consultation de mes conseillers financiers et industriels, déclare l’homme d’affaires. Pour le volet hôtelier, il faut un minimum de rentabilité. Nous avons déjà 20 chambres à la Place Mirault et c’est complet. Il y a souvent un manque de chambres à Val-d’Or. Aussi, nous demandons cinq étages pour garder le maximum de pieds carrés sur les aires de circulation. Il est également plus économe en énergie, les sols chauffant les uns sur les autres.
La mairesse de Val-d’Or, Céline Brindamour, affirme de son côté être favorable au changement proposé.
» Un relais pour les camionneurs a sa place. Oui, nous avons beaucoup d’hôtels qui sont presque toujours complets. Sans dire qu’il y a un souhait, il y a un besoin de personnes qui viennent à Val-d’Or pour une journée ou deux. »
J’ose espérer que cela n’affectera pas la clientèle d’affaires. Je doute vraiment que les gens qui viennent ici pour affaires aillent chercher à un relais routier
Elle ajoute.
Mme Brindamour se dit également à l’aise avec la division affichée sur cette question à la table du conseil.
Même si le conseil fonctionne bien, nous avons des points de vue différents sur certaines questions, reconnaît le maire. Nous ne marchons pas toujours avec les mêmes idéaux. Je ne veux pas être le maire qui gère quand ça va bien et cache tout. Je suis très à l’aise avec la position des conseillers. Je devais prendre position et je pense que nous nous respectons tous à cet égard.
Consultation publique
Avant d’être adopté, le projet de règlement reviendra au conseil municipal du 5 juin pour consultation publique. Lucien Mirault dit vouloir attendre la fin du processus avant d’aller plus loin, sans fixer de délai de construction.
La conception des plans des architectes avait été arrêtée dans l’attente de la décision du conseil. Nous pourrons relancer les plans en suivant les paramètres adoptés. Nous devrons également examiner les coûts post-pandémie, en tenant compte de la pénurie de main-d’œuvre pour construire et exploiter. Faire un bâtiment est facile, mais l’opération ultérieure est tout un défi
fait-il remarquer.
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