« Un programme de déstabilisation de nos sociétés est en cours depuis quarante ans »
ENTRETIEN – L’islamisme reste « un tabou » en France pour le docteur en anthropologie, qui pointe du doigt la responsabilité d’une partie des médias.
Florence Bergeaud-Blackler est docteure en anthropologie et chargée de recherche au CNRS. En 2023, elle a publié La franc-maçonnerie et ses réseaux, l’enquête (Odile Jacob).
LE FIGARO. – Comment définiriez-vous des imams comme celui des Bleuets à Marseille ? ?
Florence BERGEAUD-BLACKLER. – Je parlerais du frérisme-salafisme. Ces imams ou prédicateurs de la deuxième et maintenant de la troisième génération ont été formés à l’origine par les Frères musulmans, eux-mêmes venus du « bled » pour étudier ou faire des affaires en France. Puis la vague salafiste piétiste saoudienne est arrivée, via l’Algérie, et a remis en cause « l’hypocrisie » des Frères (eux-mêmes tunisiens et marocains pour la plupart), jugés trop calculateurs, trop engagés politiquement au détriment de la piété.
Les membres des Frères salafistes comme l’imam des Bleuets sont des figures politisées avec un engagement et un projet de société qui est donc frériste, mais dont l’éthique implique une pratique salafiste rigoureuse.
Florence Bergeaud-Blackler
Les membres des Frères salafistes comme l’imam des Bleuets sont des figures politisées avec un engagement et un projet de société qui sont donc confréristes, mais dont l’éthique exige une pratique rigoureuse…