Une ligne ferroviaire directe reliant Toulouse à Barcelone va bientôt voir le jour, cinq ans après la disparition de la précédente. Il sera assuré par Renfe à partir d’avril prochain à raison d’un aller-retour par jour qui desservira également Carcassonne et Perpignan.
Cinq ans après sa disparition, un train direct reliera à nouveau Toulouse à Barcelone. Dans un premier temps, la liaison sera saisonnière : d’avril prochain jusqu’à mi-septembre, Renfe proposera un aller-retour par jour via Carcassonne et Perpignan en 3 heures 30 à bord d’un AVE blanc (le TGV espagnol). En cas de succès, la ligne pourrait s’étendre au reste de l’année. « C’est une nouvelle étape dans l’expansion du TGV espagnol en France », s’est réjoui Oscar Puente, ministre espagnol des Transports, sur le réseau X.
Lancée en 2013 par la SNCF qui travaillait alors en collaboration avec Renfe, la ligne Toulouse Barcelone a été supprimée en 2019. Elle n’a jamais trouvé son public, en raison de tarifs excessifs et de mauvais horaires. Désormais concurrente de la SNCF, Renfe devrait proposer des tarifs plus bas, à l’image de ceux qu’elle pratique depuis plus d’un an sur les lignes Madrid Marseille et Barcelone Lyon avec des trains remplis à 80 % en moyenne.
La relance de cette ligne intervient après l’ouverture controversée en mai 2023 d’une liaison aérienne (qui n’existe plus aujourd’hui) entre Barcelone et Toulouse par Vueling, deux villes distantes de seulement 400 kilomètres par la route. « Il est inconcevable qu’il n’y ait pas plus de liaisons ferroviaires, même si les infrastructures existent », s’est indignée Carole Delga lors d’un déplacement à Barcelone. Le président de la région Occitanie a donc accueilli la nouvelle avec satisfaction. « C’est une étape de plus dans la connexion de la France et de l’Espagne. Merci à nos partenaires espagnols et à Renfe de participer à la construction européenne grâce à la mobilité décarbonée.
Une offre réduite
Ce train était très attendu par Antoine, un informaticien aquitain installé à Barcelone depuis trois ans. « Ça va me permettre de rejoindre Bordeaux en train via Toulouse. Jusqu’à présent je devais prendre le bus de nuit, c’était très contraignant. Et puis je n’aime pas prendre l’avion : on perd du temps et ce n’est pas très écologique. Le directeur du Campus de Barcelone de TBS Education, l’école de commerce de Toulouse, Olivier Benielli réclamait depuis longtemps ce train « Aujourd’hui, je prends ma voiture pour aller à Toulouse. Ce train est donc une bonne nouvelle. Mais il y a un bémol : avec ce rythme saisonnier, on voit que Renfe cible les touristes et non les professionnels. C’est dommage. »
«C’est mieux que rien», analyse Albert del Campo, ingénieur catalan, spécialiste des questions ferroviaires. « Mais c’est une offre réduite, avec un aller-retour par jour pendant une partie de l’année seulement. Le tronçon transfrontalier entre Perpignan et Figueres via le tunnel du Perthus reste trop peu fréquenté. Pour mieux relier la France et l’Espagne, il faudrait en multiplier plus de trains traversant la frontière avec des horaires plus favorables. Sans cela, la voiture restera la meilleure option entre la Catalogne et l’Occitanie.
Avec cette nouvelle ligne, la troisième en France, Renfe s’implante un peu plus en France même si elle ne peut toujours pas rejoindre Paris. « La France fait tout ce qu’elle peut pour empêcher un véritable processus de libéralisation de son marché », a récemment regretté le ministre espagnol des transports.