L’irruption de la police dans les locaux de l’ambassade du Mexique pour arrêter un ancien vice-président recherché par la justice continue de provoquer une onde de choc à travers le monde. Le personnel de l’ambassade et du consulat mexicains est retourné au Mexique. Sur le plan international, l’Équateur est aujourd’hui très isolé, un risque que le président Noboa était clairement prêt à prendre.
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Avec notre correspondant en Equateur, Éric Samson
De l’Union européenne aux Nations Unies en passant par l’Organisation des États américains (OEA),L’Équateur est unanime contre lui après la police est entrée par effraction dans l’ambassade du Mexique vendredi pour arrêter l’ancien vice-président Jorge Glas qui s’y était réfugié. Même deux pays proches comme les États-Unis et l’Argentine n’ont pas approuvé la rupture de l’inviolabilité sacro-sainte des ambassades.
Pour le politologue Gustavo Isch, le président Daniel Noboa a ouvert la boîte de Pandore. » C’est terrible parce que, au niveau international, cela réduit l’Équateur au rang d’une république bananière, un pays où l’on ne peut pas investir en toute sécurité parce que les conditions de sécurité juridique ne sont pas réunies parce qu’à tout moment, en fonction de ses intérêts, le pouvoir en place peut changer les règles du jeu « , il croit.
Le personnel diplomatique mexicain basé à Quito a quitté l’Équateur dimanche. Le Mexique a annoncé lundi son intention de porter l’affaire devant la Cour internationale de Justice (CIJ), la plus haute instance judiciaire des Nations Unies.
Soutien populaire
Si la condamnation internationale est forte, elle n’est pas la même à l’intérieur du pays, selon le colonel Mario Pazmiño, analyste politique et ancien chef du renseignement des forces armées équatoriennes. « Je crois que la population soutient la décision du président et nous le verrons lors du référendum sur la sécurité du 21 avril. (qui propose de durcir la législation contre la délinquance et d’autoriser l’extradition des trafiquants, NDLR), souligne-t-il. Les Équatoriens sont fatigués de l’impunité dont jouissent ces délinquants qui se moquent de nous, qui utilisent et abusent des traités internationaux comme la convention sur l’asile politique. »
Il n’en demeure pas moins que le président Noboa a pris un gros risque pour apparaître comme un homme fort, pour remporter le prochain référendum et pourquoi pas être réélu l’année prochaine.
L’état d’exception a pris fin hier soir en Equateur tout comme le couvre-feu obligatoire dans les zones les plus violentes. Grâce à la déclaration de conflit armé interne en janvier dernier, les militaires continueront de circuler dans les rues du pays.