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Un ouvrier tente de s’immoler par le feu dans une usine occupée à Aulnay-sous-Bois

Un ouvrier tente de s’immoler par le feu dans une usine occupée à Aulnay-sous-Bois

Après quatre mois de grève, il a craqué. Lundi, un syndicaliste de l’usine MA France d’Aulnay-sous-Bois s’est aspergé d’essence et a tenté de mettre fin à ses jours, rapporte Mediapart. « Un acte désespéré », motivé par des « problèmes financiers », affirment ses collègues qui se sont précipités pour lui sauver la vie. « C’est un salarié qui travaille là depuis trente ans… Tout cela est très violent », regrette Zohra Abdallah, du syndicat local CGT de Sevran.

L’usine MA France, dernière usine automobile de Seine-Saint-Denis, sous-traitante de Stellantis, a été placée en redressement judiciaire en mai dernier. 280 salariés et 120 intérimaires se retrouvent sans solution. Selon Adel Zorgui, délégué syndical CGT de MA France, c’est une délocalisation vers la Turquie, où Stellantis doit ouvrir une usine en 2025, qui est à l’origine de cette « fermeture organisée et planifiée ».

Reclassement, primes et outils de production, la lutte sur tous les fronts

Le géant automobile franco-italo-américain avait évoqué, en mai, une question de « rentabilité » dans un « contexte inflationniste » et des « difficultés structurelles de compétitivité ». Pourtant, Stellantis a généré un bénéfice record de 18,6 milliards d’euros en 2023, dont 8 milliards ont été redistribués aux actionnaires. Et son PDG, Carlos Tavarez, est le patron le mieux payé du secteur, avec une rémunération de 36,5 millions d’euros par an.

De quoi susciter la colère des salariés menacés de licenciement. En avril, un mouvement de grève a fait fermer trois usines Stellantis à Poissy, Hordain et Luton en Angleterre, réclamant un reclassement décent et des indemnités de licenciement importantes. « Ils ont d’abord proposé 10 000 euros par salarié, puis 15 000 euros, versés à parts égales par Stellantis et CLN », le groupe propriétaire de l’usine, explique Adel Zorgui. Une somme très faible pour des ouvriers âgés de 50 ans en moyenne.

Les salariés occupent aussi l’usine par crainte de voir leurs outils de production saisis. « Le collègue qui s’est aspergé d’essence l’a fait au moment où les représentants du groupe CLN arrivaient, raconte Adel Zorgui. Nous pensons qu’ils sont venus pour essayer de récupérer des pièces et des machines. » Un drame social loin d’être terminé.

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