Iwao Hakamada, 88 ans, a été acquitté après une longue bataille juridique après avoir été accusé d’un quadruple meurtre en 1966.
Iwao Hakamada, un Japonais de 88 ans qui a passé 46 ans dans le couloir de la mort, a été acquitté jeudi 26 septembre par le tribunal de Shizuoka lors de son nouveau procès.
Le condamné à mort ayant purgé la plus longue peine au monde a été accusé d’avoir assassiné son patron et trois membres de sa famille en 1966. Il a été condamné à mort deux ans plus tard.
Au début de l’audience, le juge a déclaré que la Cour considérait l’accusé comme « innocent ».
Une affaire symbolique
L’affaire, qui a débuté en 1966, est un symbole pour les partisans de l’abolition de la peine de mort au Japon, qui sont moins nombreux dans l’archipel selon les sondages que ceux qui y sont favorables.
Tôt jeudi matin, des centaines de personnes ont fait la queue devant le palais de justice de Shizuoka (à l’ouest de Tokyo) pour tenter d’obtenir une place pour le verdict très attendu.
Ancien boxeur devenu employé dans une entreprise de fabrication de miso (soja fermenté), Iwao Hakamada fut accusé d’avoir assassiné son patron et trois membres de sa famille en 1966. En 1968, il fut condamné à mort par le tribunal du district de Shizuoka.
Il avait d’abord avoué les meurtres avant de se rétracter, évoquant des méthodes brutales lors de son interrogatoire. Sa condamnation à mort a cependant été confirmée en 1980 par la Cour suprême japonaise.
Ses avocats estiment que les preuves ont probablement été fabriquées par la police ou les enquêteurs de l’époque pour justifier son arrestation et sa condamnation.
L’ADN a tout changé
En 2014, un tribunal a reconnu des doutes sur sa culpabilité après que des tests génétiques ont affaibli les preuves au cœur du dossier de l’accusation : l’ADN retrouvé sur des vêtements ensanglantés ne correspondait pas au sien. Il a ensuite été libéré.
Mais le chemin vers un nouveau procès pour celui qui est considéré comme le condamné à mort ayant purgé la plus longue peine au monde a été particulièrement long et tortueux.
En appel du parquet, la Haute Cour de Tokyo a mis en doute en 2018 la fiabilité des tests ADN et annulé la décision de 2014, mais n’a pas renvoyé Hakamada en prison.
En 2020, nouveau rebondissement : la Cour suprême a annulé la décision qui empêchait Iwao Hakamada d’être rejugé. Lors des plaidoiries finales de son nouveau procès en mai dernier, les procureurs ont de nouveau requis la peine de mort, arguant qu’il était coupable « au-delà de tout doute raisonnable ». Ses avocats et de nombreux soutiens, notamment sa sœur Hideko, 91 ans, réclament son acquittement.
Selon le journal japonais Mainichi, ce serait la cinquième fois que les procureurs japonais requièrent la peine de mort lors de nouveaux procès d’anciens condamnés à mort. Dans les quatre premiers cas, des acquittements avaient finalement été prononcés.
Séquelles psychologiques
Selon ses proches, Iwao Hakamada souffre d’importantes séquelles psychologiques après avoir passé près de cinq décennies dans le couloir de la mort, souvent à l’isolement, où chaque jour pourrait être le dernier, comme le prévoit la loi japonaise.
« Nous avons mené une bataille qui semblait interminable pendant si longtemps », avait déclaré sa sœur Hideko. « Mais cette fois, je crois que le combat va prendre fin », avait-elle ajouté, confiante quant à son issue.
Au Japon, les condamnés à mort sont souvent informés au dernier moment qu’ils seront pendus dans les heures qui suivent, la pendaison étant la seule méthode de peine capitale acceptée dans l’archipel.
Les politiques n’ont aucune intention de l’abolir. En décembre dernier, l’archipel comptait un peu plus de 100 condamnés à mort dans ses prisons.