Un meurtre reste un mystère dans ce film français : NPR

Après que son amie Clara ait été tuée alors qu’elle rentrait chez elle, Nanie (Pauline Serieys) est interrogée par un policier (Bastien Bouillon), qui a repris la brigade locale des homicides.
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Après que son amie Clara ait été tuée alors qu’elle rentrait chez elle, Nanie (Pauline Serieys) est interrogée par un policier (Bastien Bouillon), qui a repris la brigade locale des homicides.
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Le monde est un endroit vaste, indiscipliné et ambigu. Ce qui aide à expliquer l’attrait illimité des mystères du meurtre. Qu’il s’agisse d’Hercule Poirot exerçant ses fameuses petites cellules grises du cerveau ou de toutes ces équipes de CSI extrayant des échantillons d’ADN, les mystères offrent l’assurance de voir les réalités désordonnées de la vie se régler. Lorsque le meurtrier est attrapé, on sent que l’ordre est, au moins provisoirement, rétabli.
Bien sûr, en réalité, les choses ne se passent pas toujours aussi bien. Les réverbérations de ce fait grondent à travers La nuit du 12un film policier français habilement tourné qui a remporté les César, la version française des Oscars.
Réalisé par le réalisateur vétéran Dominik Moll, le film est adapté du travail de Pauline Guéna qui a passé un an à suivre les membres de la police parisienne. En se concentrant sur une seule enquête de meurtre réelle qu’elle couvre, Moll a créé un film qui continue de ressembler à la procédure policière conventionnelle qu’il n’est pas en réalité.
L’action a été transposée dans la pittoresque ville alpine de Grenoble, où une étudiante dynamique nommée Clara rentre chez elle un soir lorsqu’un homme sans visage sort de l’obscurité et lui met le feu. En l’occurrence, cela se passe le jour même où un policier nommé Yohan – joué par un Bastien Bouillon au visage maussade – a repris la brigade des homicides locale. Avec son ancien acolyte barbu Marceau – terriblement joué par Bouli Lanners – Yohan entreprend de faire ce que la police fait dans apparemment chaque émission policière: examiner le cadavre, rassembler des preuves médico-légales, informer les proches désemparés et interroger les suspects.

Il se trouve qu’il y en a quelques-uns, car Clara a eu une série de relations sexuelles avec des gars qui n’étaient pas vraiment gentils. Il s’agit notamment d’un barman qui la trompait avec sa petite amie, d’un rappeur qui a écrit une chanson sur l’incendie de Clara et d’un agresseur domestique condamné de 20 ans son aîné. Yohan et son équipe les interrogent tous, mais au fil du temps, Yohan devient de plus en plus hanté par son désir de traduire en justice l’assassin de Clara. Mais nous savons quelque chose qu’il ne sait pas. Vous voyez, Moll nous a dit d’emblée que 20% des homicides français ne sont jamais résolus, et que cette affaire en fait partie.
En effet, La nuit du 12 appartient à la catégorie des mystères de l’échec à résoudre un crime, un sous-genre fascinant qui comprend les grands romans policiers siciliens de Leonardo Sciascia, le film de David Fincher Zodiaqueet de Bong Joon-ho Souvenirs de meurtrele meilleur film policier jamais réalisé.
De telles histoires remplacent la satisfaction familière de voir le meurtre résolu par une exploration des coûts personnels de ne pas le faire – culpabilité, obsession et un sentiment déchirant de futilité, incarnés dans ce film de Yohan, une figure sèche et ressemblant à un moine qui constamment pédale son vélo en cercles furieux autour du vélodrome local.
Yohan n’est pas le seul à avoir un sentiment d’inutilité. Vous sentez le travail incessant de la police chez tous les membres de son équipe, de l’humour de la potence avec lequel ils font face à la dernière vue macabre à leurs plaintes raisonnables concernant l’équipement cassé et la paperasserie sans fin. « On combat le mal en écrivant des rapports », raconte Marceau, un homme sensible qui voulait enseigner la littérature française mais qui s’est retrouvé flic qui cite le poète Verlaine et rêve d’une autre vie.

Ce qui rend cette enquête si difficile, c’est que, pense Yohan, « il y a quelque chose qui cloche entre les hommes et les femmes ». Sans jamais le marteler, l’histoire est une étude de la misogynie. Marqué par des attitudes sexuelles allant du mépris à l’engouement fou, n’importe lequel des suspects aurait pu assassiner Clara, qui a été tuée, dit son amie Nanie, simplement parce qu’elle était une fille. Le point de vue des suspects trouve un écho dans l’escouade des homicides hypermasculine et farfelue, dont l’un suggère qu’il n’est pas surprenant qu’une jeune femme qui continue de fréquenter des mauvais garçons finisse par se faire tuer.
Maintenant, La nuit du 12 n’est qu’un film solide, pas génial, mais il montre que le cinéma français – qui a eu tendance à prendre du retard sur la race et le genre – rattrape les idées de l’ère #MeToo. Cela suggère que ce qui rend cette affaire de meurtre particulièrement intéressante n’est pas le polar, mais la politique sexuelle sous-jacente au crime et à l’enquête. Comme le lui dit la première femme détective de la division de Yohan, « n’est-ce pas bizarre que la plupart des crimes soient commis par des hommes et que la plupart des hommes soient censés les résoudre ? »