un métro en retard pour la RATP ?

En matière d’approvisionnement, la RATP a des objectifs à tenir. Ils sont fixés par Ile-de-France Mobilités, l’organisme en charge des transports de la région. L’Oeil du 20h a obtenu la grille qui rythme les métros aux heures de pointe, commandée en janvier dernier à la RATP.

Durant un mois, nous avons comparé et analysé le nombre de passages réels du métro sur trois lignes qui seront particulièrement fréquentées pendant les JO. Au total, 42 000 données collectées sur les lignes 8, 6 et 13.

Sur la ligne 8 par exemple, aux heures de pointe, entre 7h30 et 9h30, l’intervalle prévu entre deux métros est de 2 minutes 15 minutes. En réalité, en moyenne, selon nos calculs, un métro passe toutes les trois minutes.

45 secondes de retard. Cela peut paraître ridicule. Mais mis bout à bout sur une heure de pointe, cela fait 6 métros de moins. Au moins 3 500 voyageurs restent potentiellement à quai.

Sur sa voisine, la ligne 13, il y aurait même plus de 5 100 personnes, avec 9 trains manquants, en moyenne, aux heures de pointe. Et pour les usagers, un quotidien impacté, avec des métros souvent bondés le matin et le soir.

Comment expliquer les difficultés observées sur ces lignes ? Selon plusieurs conducteurs rencontrés, qui souhaitent tous garder l’anonymat, ces objectifs non atteints sont la conséquence d’un matériel vieillissant, jugé de moins en moins fiable. Les trains des lignes 8 et 13, par exemple, circulent sur les rails depuis plus de 40 ans. Malgré un travail de rafraichissement régulier, cette obsolescence pèserait sur les performances de la machine.

« Les dégâts matériels sont de plus en plus nombreux. Dans un train, vous avez trois locomotives. Celui qui tombe en panne, évidemment, qui donne moins de capacité au train. Mais cela pourrait aussi être les essuie-glaces qui tombent en panne. Quand il pleut, si on n’a pas d’essuie-glace, c’est compliqué.»

Agent anonyme de la RATP

A l’Œil du 20h

Concernant la vétusté des métros, nous avons demandé à la RATP de filmer dans l’atelier de maintenance de la ligne 8. Aucune réponse de la société qui a pourtant accepté de nous recevoir dans celui plus moderne de la ligne 9. Beaucoup moins de problèmes ici. Presque tous les trains sont à l’heure.

Alors pour répondre au cas des lignes plus difficiles, nous avons montré nos calculs à la RATP. Si la compagnie reconnaît que certaines lignes restent fragiles, elle souligne que la situation s’est globalement améliorée sur l’ensemble du réseau depuis la crise covid. Et se considère prêt pour les JO.

« Nous sommes convaincus de déployer toutes les ressources nécessaires pour que cela se passe bien sur toutes les lignes du réseau. Renforcer les conducteurs, renforcer les capacités de maintenance, renforcer les capacités d’accueil des voyageurs dans les gares »

Jimmy Brun, porte-parole de la RATP

A l’Œil du 20h

Mais d’autres salariés que nous avons contactés sont plus inquiets, notamment pour les lignes que nous avons étudiées. Ces trains anciens pourraient, selon eux, ne pas résister au rythme très soutenu attendu lors des Jeux olympiques. Et perturber le réseau.

« Actuellement, lorsqu’un équipement tombe en panne, il est possible de le retirer du circuit et de le remplacer par un autre car il n’est pas nécessaire que tous les trains circulent en même temps. Durant la période olympique, de nombreux trains seront nécessaires au bon transport des passagers. Les trains qui risquent de tomber en panne signifient qu’il y aura un train de moins pour pouvoir transporter des passagers.»

Agent anonyme de la RATP

A l’Œil du 20h

Sur ce point, la RATP répond que les rames du métro ne circuleront pas toutes ensemble, toute la journée. L’offre de transport, explique l’entreprise, s’adaptera aux horaires des événements. Concernant la ligne 8, de nouvelles rames, plus modernes, arriveront sur les voies à partir de 2029.