(ETX Daily Up) – Dormir ne consiste pas seulement à reprendre des forces. Cette activité à laquelle nous consacrons un tiers de notre existence est cruciale pour de nombreux mécanismes biologiques. Lorsque le sommeil est perturbé, les répercussions sur la santé sont directes. Ils seraient particulièrement lourds en ce qui concerne le cerveau, si l’on en croit une étude américaine publiée dans la revue Neurology.
Une équipe de recherche de l’Université de San Francisco a mis en évidence l’existence d’un lien troublant, dès la quarantaine, entre la qualité du sommeil et l’atrophie cérébrale, phénomène souvent associé à la démence. Elle est arrivée à ce constat après avoir suivi pendant plusieurs années 600 adultes, âgés en moyenne d’une quarantaine d’années. Ces volontaires faisaient partie de l’étude CARDIA (« Coronary Artery Risk Development in Young Adults »), qui examine le développement et les facteurs de risque des maladies cardiovasculaires.
Pour les besoins de leur étude, les chercheurs ont interrogé les participants sur différents aspects de leur sommeil. Ils ont également déterminé l’âge cérébral de chacun d’eux, en analysant leurs scanners cérébraux à l’aide d’algorithmes d’apprentissage automatique. Les résultats montrent que, même en tenant compte de divers facteurs tels que l’âge, le mode de vie ou l’état de santé général, les adultes souffrant de troubles du sommeil présentaient un vieillissement cérébral accéléré.
Les personnes se plaignant d’avoir des problèmes de sommeil modérés étaient cérébralement 1,6 ans plus âgées que celles qui déclaraient bien dormir. Ce phénomène est encore plus amplifié pour les adultes présentant plusieurs pathologies du sommeil. Dans leur cas, l’écart s’est accru jusqu’à 2,6 ans.
Les scientifiques ont découvert que le vieillissement accéléré du cerveau était notamment lié aux difficultés d’endormissement et aux réveils précoces, avec le sentiment de ne pas avoir suffisamment récupéré. Étonnamment, la durée du sommeil ne semble pas avoir un impact significatif sur ce phénomène, même si des études antérieures affirmaient qu’un sommeil raccourci entraînait un risque accru de déclin cognitif et de démence. « (Mais) on ne peut pas dire avec certitude qu’il n’y a pas de lien entre les deux », précise Clémence Cavaillès, co-auteure de l’étude, dans un communiqué.
Ces résultats montrent à quel point il est important de bien dormir pour être en bonne santé. « Notre étude montre qu’un sommeil de mauvaise qualité pourrait être un levier d’intervention précoce pour prévenir un éventuel déclin cognitif », a déclaré le Dr Kristine Yaffe, auteur principal de l’étude. Et l’enjeu est de taille : la fréquence des troubles du sommeil n’a cessé d’augmenter ces dernières décennies. La présence quasi permanente de lumière, le stress et la sédentarité sont parmi les principaux facteurs expliquant la prévalence de ces troubles dans nos sociétés modernes.