Bourse Entreprise

Un mandat riche en événements : les projets laissés inachevés par Pierre Fitzgibbon

Après six années d’un mandat mouvementé, le super-ministre de l’Economie et de l’Energie, Pierre Fitzgibbon, laisse derrière lui plusieurs projets inachevés et un héritage controversé.

• A lire aussi : 7 controverses qui ont marqué le règne de Peter Fitzgibbon

• A lire aussi : Le superministre Pierre Fitzgibbon démissionne, ses responsabilités confiées à d’autres ministres

Secteur des batteries

Annoncé il y a à peine un an grâce à des milliards de dollars d’aide gouvernementale, le projet phare de l’industrie québécoise des batteries, celui de l’entreprise suédoise Northvolt, fait l’objet d’une « revue stratégique » depuis juillet. Alors que le gouvernement Legault soutenait que le projet était trop urgent pour être soumis au BAPE pour examen, il pourrait maintenant être retardé de 18 mois ou plus. Un autre projet d’envergure de l’industrie, celui de Ford à Bécancour, vient d’être suspendu pour une deuxième fois cette année. Au total, les 11 projets de l’industrie nécessiteront des investissements de 15 milliards de dollars, dont le tiers est financé par les gouvernements. Avec le ralentissement marqué des ventes de véhicules électriques, très peu d’experts s’attendent à ce que tous ces projets voient le jour.

Hydro-Québec


Photo d’archive, Chantal Poirier

La démission de Pierre Fitzgibbon survient moins d’une semaine avant que la commission parlementaire ne commence à étudier le projet de loi qu’il a déposé en juin pour réformer Hydro-Québec. Le projet de loi vise à permettre à la société d’État d’ajuster ses tarifs d’électricité en fonction de la demande, en plus de lui permettre d’augmenter plus facilement sa capacité de production et de transport d’électricité. L’an dernier, la PDG d’Hydro-Québec, Sophie Brochu, avait brusquement quitté son poste après avoir exprimé ses craintes de voir la société d’État devenir un «Dollarama» de l’électricité. Fin 2022, le ministre s’était donné le pouvoir exclusif d’accepter ou de refuser l’octroi de blocs d’électricité de cinq mégawatts ou plus.

Subventions

Comme la CAQ l’avait promis en 2018, le ministère de l’Économie a augmenté considérablement, sous Pierre Fitzgibbon, les sommes versées en aide aux entreprises. M. Fitzgibbon a notamment mis en place des « prêts-subventions », dont une partie devient non remboursable si l’entreprise bénéficiaire respecte les engagements pris envers le gouvernement (investissements, création d’emplois, etc.). Cet outil a permis au Québec d’attirer le fabricant de vaccins Moderna au détriment de l’Ontario, ce qui a été l’un des meilleurs coups du ministre. Cela dit, la facture de la générosité du gouvernement caquiste est salée : en quatre ans, les emprunts contractés par le Québec pour financer l’aide aux entreprises ont bondi de 39 % pour atteindre 6,1 milliards $.

Investissement Québec


Guy LeBlanc

Photographie Martin Alarie

Peu après son arrivée au ministère de l’Économie, Pierre Fitzgibbon a nommé son ami Guy LeBlanc à la tête du bras financier du gouvernement, Investissement Québec (IQ). LeBlanc a quitté son poste en février. Le ministre a également introduit une réforme qui a permis le transfert de dizaines de fonctionnaires à IQ avec des augmentations de salaire. Il a aussi doublé la rémunération des hauts dirigeants de la société d’État. En juin, M. Fitzgibbon a reporté à ce mois-ci la publication du rapport annuel d’IQ, qui devrait confirmer des résultats inférieurs aux attentes. C’est son successeur qui devra répondre aux questions à ce sujet.

Éthique

Quelques mois après son arrivée au gouvernement, Pierre Fitzgibbon a fait l’objet d’une enquête de la commissaire à l’éthique en lien avec sa détention d’actions dans Héroux-Devtek. Il s’en est tiré à bon compte cette première fois, mais en 2021, le ministre a choisi de démissionner après la publication d’un autre rapport de la commissaire, concernant cette fois des investissements qu’il avait dans des entreprises faisant affaire avec le gouvernement. M. Fitzgibbon reviendra au cabinet trois mois plus tard. M. Fitzgibbon est le député qui a fait l’objet du plus grand nombre d’enquêtes, six, depuis la création du commissaire à l’éthique en 2010, a confirmé le ministre. Journal une porte-parole de l’institution, Anne-Sophie St-Gelais.

Quartier général


Photographie FRANCIS HALIN

Lors de la campagne électorale de 2018, la CAQ s’était engagée à mieux protéger les sièges sociaux des entreprises québécoises. Six ans plus tard, il est loin d’être certain que cet objectif ait été atteint. Pierre Fitzgibbon a mis sur pied un fonds à cet effet, mais jusqu’à présent, seules Lightspeed, LMPG, Coveo et Olymel ont pu en bénéficier. Pire, de nombreuses entreprises phares ont été vendues à des intérêts étrangers au cours des dernières années. On pense notamment à Uni-Sélect, Héroux-Devtek, Résolu, Logistec, MDF Commerce et Opsens.

Des projets risqués


Ben Pelosse / JdeM

Depuis son arrivée au pouvoir, Pierre Fitzgibbon n’a pas hésité à engager des fonds publics dans des projets risqués. Sous son règne, le Québec a investi plus de 75 millions $ dans le concepteur de dirigeables français Flying Whales, 330 millions $ dans Nemaska ​​Lithium, près de 800 millions $ dans le programme d’avion Airbus A220 et plus de 100 millions $ dans Lion Électrique. Cela dit, des gouvernements de toutes tendances ont fait des paris similaires : on n’a qu’à penser à Ciment McInnis (gouvernement Marois) et à la mine de diamants Stornoway (gouvernement Couillard).

Le panier bleu


Photo d’archive, Didier Debusschere

Lancé en pleine pandémie, le Panier bleu, qui devait concurrencer Amazon et d’autres géants du commerce en ligne, est rapidement devenu la risée de la population. Le ministère de Pierre Fitzgibbon y a investi plus de 20 millions de dollars avant de mettre un terme à ses activités au début de l’année. Que ce soit en termes d’achalandage, de participation des commerçants ou de facilité d’utilisation, le Panier bleu n’a jamais été dans le coup.

– Avec Francis Halin

Avez-vous des informations à partager avec nous sur cette histoire ?

Écrivez-nous à ou appelez-nous directement au 1-800-63SCOOP.

journaldemontreal-boras

Bouton retour en haut de la page