Télétravail mais aussi « simulacre de dialogue social » ou encore salaire trop bas, Ubisoft Montpellier, basée à Castelnau-le-Lez, suit le mouvement de grève prévu depuis trois jours.
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Un piquet de grève chez Ubisoft n’est pas courant. Ici, dans la zone d’activités Mermoz, à Castelnau-le-Lez, il n’y a pas de drapeau rouge et la moyenne d’âge est encore plus jeune qu’ailleurs. Pourtant, chez le géant français du jeu vidéo, né en Bretagne, la météo ne s’annonce pas au beau fixe. À commencer par les salariés.
« Certains ont construit leur vie autour » des trois jours de télétravail
« Les points de désaccord sont nombreux mais le comble a été l’annonce de reconsidérer le nombre de jours de télétravail, de trois jours à deux jours, qui plus est sans concertation, souligne Clément Montigny, délégué syndical STJV (syndicat des travailleurs du jeu vidéo). Cela provoque beaucoup d’incompréhension, voire d’anxiété. Certains ont construit leur vie autour d’elle et se sont même installés dans le Gard. Nous avons déjà de bas salaires. Nous avons calculé que ramener un salarié un jour en présentiel pouvait lui faire perdre jusqu’à deux années d’augmentation de salaire. »
« Une annonce « mondiale » d’abord »… puis la négociation
Un désaccord important donc sur le télétravail. Mais pas seulement. « Le cœur de la grève est le simulacre du dialogue socialajoute le syndicaliste. Il n’y a pas de consultation. Le CSE et les syndicats sont considérés comme des chambres d’enregistrement. Pour l’annonce concernant la réduction du télétravail par exemple, il y a eu une annonce « mondiale » d’abord et la négociation a eu lieu trois jours plus tard quand ils ont compris qu’il fallait négocier. Ils font tout à l’envers. Nous ne demandons pas non plus une distanciation à 100 %, mais si ceux qui travaillent dans le jeu vidéo ne peuvent pas faire de distanciation, qui peut le faire ?
Parmi les salaires les plus bas du groupe
Autre point de friction évident : les salaires. Surtout à Montpellier. A ce sujet, les salariés semblent presque fatalistes. « Ici, nous sommes parmi les moins bien payés du groupe. Il y a deux ou trois ans, nous en avons parlé aux RH. On nous a dit : Montpellier n’est pas une ville premium. Quand on fait le même métier qu’à Annecy ou Grenoble, c’est une phrase qu’on a du mal à entendre, d’autant plus que nos emplois sont qualifiés. Quand on est embauché pour 26 000 € par an pour des tests, il ne s’agit pas seulement de jouer à des jeux vidéo, il s’agit de contrôle qualité. Ce n’est pas jouer au jeu. Les artistes, les designers, les scénaristes sont aussi mal payés… »
Depuis mardi, Ubisoft est en grève. Le mouvement devrait durer trois jours. Ce n’est que la troisième grève (la deuxième a eu lieu le 14 février) alors qu’Ubisoft a 38 ans, et qu’Ubisoft Montpellier en avait 30 cet été. « Arrêtez de dire que nous sommes une jeune entreprise »conclut Clément Montigny, qui espère cette fois être entendu.
Ubisoft confirme et signe : trois jours de présentiel par semaine
Du côté de la direction d’Ubisoft, impossible de se poser des questions, mais la réponse nationale, nationale, est prête.
« Après avoir soigneusement étudié nos besoins métiers et les retours de nos équipes, nous avons décidé de ne pas revenir à un modèle 100 % présentiel mais envisageons de modifier notre approche pour que les équipes soient au bureau au moins trois jours par semaine. Ceux qui en ont besoin auront le temps de s’adapter à ce changement et nos chefs d’équipe locaux détermineront quand des exceptions sont justifiées. Le but de cette évolution planifiée est d’améliorer la collaboration, la cohésion et la coopération. innover au sein de nos équipes, tout en préservant leur flexibilité, leur bien-être et leur équilibre vie professionnelle-vie personnelle. Nous sommes convaincus que cet équilibre optimisera à la fois la performance collective et la satisfaction individuelle. comme en France, l’évolution de notre modèle de travail hybride fait l’objet de discussions avec les représentants du personnel, actuellement en cours.«