Nouvelles locales

« Un jardin pour un royaume », souvenirs d’un promeneur solitaire

Un jardin pour un royaume

par Gwenaële Robert

Presses de la cité, 200 p., 20 €

En voyant ses enfants quitter le nid familial et revenir sur les lieux de sa propre jeunesse. La narratrice deUn jardin pour un royaume ose un voyage qui n’est pas sans risque. Non pas que l’aventure au sens classique du terme l’attende au détour de la grande banlieue parisienne où elle se réfugie, le temps d’une parenthèse qui s’impose à elle plus qu’elle ne la choisit. C’est plutôt à une série de mini-séismes intérieurs qu’elle va affronter, dans un subtil jeu de miroirs entre un passé doux-amer et un avenir encore béant.

Pays des Valois, parc et château d’Ermenonville… Ces noms de lieux, qui évoquent l’élégance des siècles passés, sont bien incongrus lorsqu’ils côtoient les routes, pavillons, immeubles et hangars commerciaux qui forment aujourd’hui le paysage sans grâce de la capitale. Qu’en penserait Jean-Jacques Rousseau, le philosophe retiré du monde, le promeneur solitaire qui herborise sur le domaine de son ami et protecteur, le marquis René-Louis de Girardin ?

« N’existe plus »

Evoquant la personnalité énigmatique de ses parents en quête d’une vie « rousseauiste » loin de la grande ville et de sa modernité agressive, l’auteure et/ou son personnage, oscille entre nostalgie et une forme feutrée de désespoir. Celui provoqué par la perte de ceux qu’on aime. Qu’ils soient morts avant qu’on puisse leur dire l’essentiel ou que, dans l’énergie inconsciente et cruelle de la jeunesse, ils s’échappent pour vivre leur vie, vous laissant au milieu de décombres émotionnels insoupçonnés. « Je regarde les plafonds, je projette dessus mon angoisse du vide, l’impression de n’exister pour personne, c’est-à-dire de ne plus exister du tout. »

Gwenaële Robert, telle une funambule, balance délicatement entre les souvenirs de Jean-Jacques Rousseau visité par Marie-Antoinette portée par un idéal bucolique et la grisaille de son enfance transplantée dans un monde rural déjà menacé.

La nature toujours présente

Avec une écriture classique troublée par les frémissements de l’angoisse, elle tend la main aux ombres d’hier sans toutefois chercher à les éclabousser de la lumière artificielle d’une réinterprétation contemporaine de leurs faits et gestes d’autrefois.

Au fond des pages, la nature est constamment présente, triomphante ou blessée, amicale ou féroce, lorsque les matins d’hiver vous accueillent avec leurs « lueur pâle » et leur « visage pâle »C’est elle qui peut ouvrir la « Le bonheur des sages » Ou du moins, pour ouvrir la voie à la libération. Vers la liberté ?

New Grb1

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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