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un impressionnant huis clos familial et politique


Les sorties cinéma de la semaine avec Thierry Fiorile et Matteu Maestracci : « Les Graines du figuier sauvage » de Mohammad Rasoulof et « Ma vie, mon visage » de Sophie Fillières.

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Temps de lecture : 8 min

Capture d'écran du film

Graines de figuier sauvage par Mohammad Rasoulof, c’est l’hommage le plus puissant aux femmes iraniennes, qui depuis 2022 défient le pouvoir islamiste, le mouvement « Femme, Vie, Liberté »né spontanément après le décès de Jina Mahsa AminiElle a été tuée par la police parce qu’elle ne portait pas correctement son voile. Lorsque cette révolte a éclaté, Mohammad Rasoulof était en prison. À sa sortie, malgré la surveillance étroite dont il était l’objet, il a tourné – clandestinement – ​​un film familial, métaphore de la société iranienne.

Le père est juge. Toute la journée, il condamne sans pitié les opposants au régime, la mère se réjouit de l’ascension sociale de son mari, mais les filles (deux adolescentes) suivent, horrifiées, ce qui se passe dans la rue, via les réseaux sociaux. Un conflit générationnel que le réalisateur imagine comme un rendez-vous avec l’histoire du peuple iranien. Le film vous prend aux tripes, comme un thriller, entre images réelles de la répression, vues sur les réseaux, et prouesses de mise en scène, presque fantastiques.

Arrivé à Cannes in extremis, Mohammad Rasoulof n’a reçu qu’un prix spécial ; le jury n’a salué que la portée politique de son film, passant sous silence l’immense qualité de cette oeuvre, portée par trois formidables actrices qui ont elles aussi fui l’Iran.

Et là aussi, une histoire dans l’histoire concernant la réalisation du long métrage, dans sa dernière partie, puisque la cinéaste Sophie Fillières est décédée en juillet 2023, quelques jours seulement après avoir terminé le tournage, et avant de partir, elle a demandé à ses enfants, Agathe et Adam Bonitzer, de s’occuper du montage, en compagnie de François Quiqueré, monteur professionnel.

Une histoire à la fois magnifique et triste, qui explique la grande émotion du Festival de Cannes, lorsque Ma vie, mon visage a été projeté en ouverture de la Quinzaine des Cinéastes. Et que raconte ce film ? Eh bien, c’est 100% Sophie Fillières, c’est inclassable et indéfinissable, pas facile à raconter ou à résumer. On y rencontre Barberie Bichette (Agnès Jaoui), une auteure frustrée qui travaille sans enthousiasme dans la publicité, est très maladroite avec ses enfants, traverse une grave dépression, et se fait diagnostiquer – pour ne rien arranger – une grave maladie. C’est Fiilières, et c’est aussi une tranche de vie de la réalisatrice elle-même.

Avec ces personnages paumés, qui semblent se croiser sans cesse, avec leurs surnoms farfelus, des dialogues brillants et lunaires, et surtout une excellente Agnès Jaoui dans un rythme comique assez peu évident, on rit autant qu’on pleure, et on aime ça, beaucoup.

Grb2

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