Dans une longue enquête sur Libérerla fille d’un médecin parisien dénonce des « jeux sexuels » sadiques qui leur auraient été imposés avec d’autres enfants, pendant des années, par un groupe d’hommes dont faisait partie le Dr Jean-François Lemaire.
Très souvent, ces « Jeux » Des événements sordides se sont déroulés à son domicile, au numéro 97 de la rue du Bac (7e), à Paris. Dans la première partie d’une vaste enquête, Libérer publie ce jeudi le témoignage poignant d’Inès Chatin, la fille adoptive du docteur Jean-François Lemaire. Elle raconte comment elle a subi, avec d’autres enfants, des abus sexuels de la part de son père et de son cercle d’intellectuels pédophiles, qui se cachaient derrière des masques sombres et couvraient leur corps de capes et de manteaux.
Parmi les souvenirs qu’elle a confiés aux enquêteurs, elle raconte comment des enfants étaient forcés de pénétrer avec des objets par ces hommes revendiquant le pseudo-héritage de la pensée gréco-romaine pour justifier leurs pratiques sadiques de maltraitance d’enfants. « Si quelqu’un pleurait ou montrait de la résistance, c’était sur lui que les hommes se concentraient, insistaient »témoigne nos confrères Inès Chatin.
Parmi ses bourreaux présumés, la femme aujourd’hui âgée d’une cinquantaine d’années incrimine, outre son père adoptif, plusieurs autres noms éminents des années 1980 : les hommes de presse Jean-François Revel et Claude Imbert (fondateur et directeur historique de Indiquer), l’écrivain Gabriel Matzneff – à tendance pédophile revendiquée -, ainsi que l’avocat François Gibault.
Sadisme
Les faits, pour lesquels une enquête préliminaire du parquet de Paris a été ouverte le 23 octobre (malgré les délais de prescription), se seraient déroulés entre 4 et 13 ans de la victime. Au bout de quelques années, les viols d’Inès Chatin par Gabriel Matzneff et Claude Imbert auraient à eux seuls suivi le « jeux sexuels » collectifs.
Saisi du dossier, les enquêteurs de l’Office des mineurs (Ofmin) étudient désormais de nombreuses pièces et documents retrouvés par Inès Chatin dans l’appartement familial de la rue du Bac. Des livres à caractère pédophile, des lettres de Matzneff, mais aussi une revue pornographique sadomasochiste, des listes Libérer. Si Inès Chatin est, pour l’instant, la seule victime à saisir la justice, son frère aîné a associé sa signature aux preuves transmises aux enquêteurs.
Outre Jean-François Revel et Jean-François Lemaire, trois des bourreaux qu’elle nomme sont toujours en vie : Gabriel Matzneff, déjà impliqué dans l’affaire Springora, ainsi que Claude Imbert et François Gibault, âgés respectivement de 94 et 92 ans. années. Ces deux derniers contestent avec vigueur les faits qui leur sont reprochés.