Un geste pro-palestinien sur la scène de la première demi-finale
De notre envoyé spécial à Malmö (Suède)
C’est le genre de position politique que les organisateurs ne voulaient pas voir sur la scène de l’Eurovision. Mardi, en ouverture de la première demi-finale, le chanteur suédois Eric Saade a interprété une version réorchestrée de Populaire, la chanson avec laquelle il a terminé troisième à l’Eurovision 2011, et, autour de son poignet gauche tenant son micro, il avait encerclé un keffieh. Un geste de soutien au peuple palestinien qui n’est pas passé inaperçu sur les réseaux sociaux.
« L’Eurovision est un spectacle en direct. Tous ceux qui s’y produisent connaissent les règles et nous regrettons qu’Eric Saadé ait décidé de transiger avec l’idée d’une compétition neutre », a réagi l’organisation auprès de nos confrères du quotidien suédois. Exprimer.
Né d’une mère suédoise et d’un père libano-palestinien, Eric Saadé s’était indigné ces derniers mois qu’Israël ait été autorisé à participer au concours.
« Vous pouvez nous enlever nos symboles mais vous n’enlèverez pas ma présence »
Ce week-end, après l’annonce de sa présence sur la scène de la première demi-finale, il a expliqué ses motivations dans un post en story sur Instagram. « Lorsque vous ne pouvez plus porter un symbole de votre appartenance ethnique dans notre soi-disant « monde libre », il est plus important que jamais pour moi d’y participer. Les symboles palestiniens ne sont pas autorisés à l’intérieur de l’arène tandis que d’autres symboles représentant d’autres ethnies sont les bienvenus. (…) Vous pouvez interdire nos symboles, mais vous ne pourrez pas m’enlever ma présence. »
La réglementation en vigueur à l’Eurovision depuis 2017 n’autorise que les drapeaux des pays participants, ainsi que la bannière arc-en-ciel de la communauté LGBT. « Nous voulons éviter que la salle ne devienne une plateforme de messages politiques », a déclaré Ebba Adielsson, productrice de l’édition 2024 à Exprimer.
Avant la compétition, l’organisation de l’Eurovision a publié une longue liste d’objets interdits au public à l’intérieur de la Malmö Arena, à commencer par les sacs, les parapluies mais aussi les vêtements portant « des propos injurieux, religieux ou politiques »… La taille des drapeaux ne doit pas dépasser un mètre par 50 cm.
Depuis que la participation d’Israël a été officialisée le 5 décembre, de nombreuses voix se sont élevées, notamment dans les pays nordiques, pour réclamer son exclusion de l’édition 2024. En mars, plusieurs artistes en compétition cette année ont signé une déclaration commune appelant à un cessez-le-feu à Gaza et à la libération des otages détenus par le Hamas.