Un forfait adapté, un contrôle parental et des explications... La recette pour bien accompagner un enfant avec son premier téléphone
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Un forfait adapté, un contrôle parental et des explications… La recette pour bien accompagner un enfant avec son premier téléphone

Un forfait adapté, un contrôle parental et des explications… La recette pour bien accompagner un enfant avec son premier téléphone



Comment réussir sa « puberté numérique » ? Trois spécialistes livrent leurs conseils pour cette rentrée scolaire, où de nombreux parents se demandent s’il faut offrir un téléphone portable à leur pré-ado.

Ah, la rentrée ! Le cartable que l’on dépoussière, les nouveaux stylos que l’on rode… mais aussi, parfois, l’achat d’un premier téléphone portable. En 2020, plus d’un mineur de moins de 15 ans sur cinq possédait un téléphone portable, le plus souvent obtenu dès 11 ans, âge d’entrée au collège, selon une enquête réalisée par Médiamétrie.

Si donner un téléphone à son enfant rassure de nombreux parents, plusieurs experts interrogés par franceinfo rappellent que cet acte doit s’accompagner de restrictions. Le tout en évoquant les règles à suivre en ligne et les dangers que les jeunes peuvent y rencontrer. Si vous envisagez de franchir le pas, voici un guide pour vous aider.

1 Choisir un téléphone et un forfait adaptés à vos besoins

Tout d’abord, il faut établir « Un diagnostic des raisons pour lesquelles nous achetons un téléphone portable à notre enfant »recommande Grégoire Borst, professeur de psychologie du développement et de neurosciences cognitives de l’éducation à l’Université Paris Cité. « Se poser la question des usages permet de décider du type d’appareil et du package que l’on va acheter. »

Votre enfant entre au collège et doit prendre les transports en commun seul ? Il souhaite pouvoir rester en contact avec ses amis après l’école ? Dans les deux cas, « Il n’a pas forcément besoin d’avoir accès aux réseaux sociaux ou même à Internet »note le chercheur. Il est possible d’opter pour un téléphone à touches, et non un smartphone.

Les élèves de la classe de votre enfant ont un groupe sur Whatsapp, auquel il demande de pouvoir adhérer ? Si vous optez pour un smartphone, il existe des forfaits sans 4G ou avec des données limitées. Cette solution permet aux plus jeunes de ne pas pouvoir se connecter à internet ou de se connecter très peu autrement que par wifi. Si vous constatez que votre enfant n’est pas encore en âge d’avoir un téléphone, « On peut aussi lui expliquer qu’on ne cède pas à la pression sociale juste parce que certains de ses amis ont un téléphone. »déclare Grégoire Borst.

En avril 2024, une commission d’experts mise en place par Emmanuel Macron a recommandé (Lien PDF) de ne pas fournir de téléphones portables aux enfants avant l’âge de 11 ans, que l’appareil ne soit pas connecté à Internet avant l’âge de 13 ans et que l’accès aux réseaux sociaux ne soit pas autorisé avant l’âge de 15 ans. « Ces recommandations doivent être adaptées à la maturité des enfants et à leur préparation ou non à l’utilisation des outils numériques.souligne Grégoire Borst. Il faut vraiment réfléchir à l’usage du téléphone de manière progressive. On peut l’acheter quand il a 11 ans, juste pour communiquer avec lui, et, un an ou deux plus tard, autoriser d’autres usages. »

« Faire réfléchir les enfants à d’autres étapes à venir encourage leur autonomisation. »

Grégoire Borst, professeur de psychologie du développement

à franceinfo

Des limites sont déjà fixées par les applications : en théorie, la plupart des réseaux sociaux sont interdits avant 13 ans, plusieurs services de messagerie comme Telegram sont interdits avant 16 ans et les jeux vidéo ont également un âge minimum.

2 Préparez votre enfant et discutez avec lui de ses pratiques

Comment communiquez-vous avec les autres en ligne ? « L’enfant n’a pas les codes » Il faut faire les choses correctement, explique Axelle Desaint, directrice du programme de sensibilisation Internet sans peur, soutenu par le gouvernement. L’achat d’un téléphone doit donc être l’occasion de clarifier ce qui est censé être public ou privé, d’expliquer que la loi ne permet pas de tout dire et de rappeler qu’il y a une vraie personne de l’autre côté de l’écran. « oser parler des risques » sur Internet (cyberintimidation, interactions avec des inconnus, contenus violents ou pornographiques, etc.) et comment réagir lorsqu’on y est confronté.

Certains outils peuvent aider à minimiser les risques. Pour créer des comptes en toute sécurité, e-Enfance, association de protection des mineurs sur Internet, propose sur son site des guides concernant les principaux réseaux sociaux.

« La règle imposée par le parent aura plus de sens lorsqu’elle sera associée à un sentiment de protection chez l’enfant et lorsque le parent répondra à ses questions. »

Gabriel Féménias, directeur général adjoint de l’association e-Enfance

à franceinfo

Le chercheur Grégoire Borst conseille également à « s’intéresser à ce que font les enfants sur ces outils « numérique »parce que « le temps qu’ils y passent ne reflète pas la complexité de ce qu’ils font là-bas ». « Une heure de vidéos de HugoDécrypte (Journaliste YouTube très populaire auprès des adolescents), « Ce n’est pas la même qualité de contenu qu’une heure de contenu de certains influenceurs »il souligne.

Comme c’est souvent le cas, éduquer les enfants implique de donner l’exemple. « Si les parents gardent un œil sur leur téléphone pendant le repas, c’est compliqué de demander aux enfants de laisser le leur dans le couloir. »note Gabriel Féménias. D’où l’importance de « trouver des moments dédiés où toute la famille peut se déconnecter, à table par exemple »souligne Grégoire Borst.

3 Installer un contrôle parental… sans espionner

Le contrôle parental doit être considéré comme « une boîte à outils à disposition des parents »« Il existe des versions chez les fabricants de téléphones, chez les opérateurs ou via des applications téléchargeables, comme le détaille Que Choisir. Ces options permettent de bloquer l’accès à certains sites et le téléchargement de certaines applications, mais aussi de pouvoir localiser l’appareil et de définir la durée d’utilisation du téléphone. « 

Le but est néanmoins « essayer d’amener progressivement l’adolescent à autoréguler ces outils »« L’enfant a besoin d’un téléphone portable, souligne le chercheur Grégoire Borst. Pour l’aider à y parvenir, il est conseillé de bannir le téléphone au moins une heure avant le coucher, ce qui évitera les troubles du sommeil. Il faut aussi préserver le temps sans téléphone pour favoriser d’autres activités, comme les devoirs et le sport. Là encore, le dialogue est la clé pour aider l’enfant à comprendre pourquoi on limite son utilisation. »

En revanche, la plupart des spécialistes interrogés déconseillent l’installation sournoise de logiciels espions ou de suivi sur les enfants. De même, créer un faux compte sur les réseaux sociaux dans le but de surveiller ce que l’on dit est une fausse bonne idée.

« L’idée est de responsabiliser l’enfant dans son utilisation du téléphone. S’il se rend compte que vous l’espionnez, la confiance sera rompue et il ne se tournera pas vers vous dans les situations difficiles. »

Grégoire Borst, professeur de psychologie du développement

à franceinfo

Une surveillance accrue risque également de générer davantage de stress… pour le parent. « Le jour où l’enfant s’arrête à la boulangerie sur le chemin de l’école ou s’il reste plus longtemps à discuter devant l’école avec ses copains, cela génère de l’inquiétude chez le parent qui le suit de prèsnote Axelle Desaint. C’est aussi une inquiétude qui se transmet et qui contribue à créer, chez l’enfant, le sentiment que le monde extérieur à la maison est nécessairement dangereux. »

francetvinfo

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