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un film dérangeant sur un groupe d’adolescents dans la tourmente de la violence sociale islandaise


L’amitié et l’adolescence sont au cœur de ce nouveau film du réalisateur de « Hearstone : Un été islandais », situé au cœur d’un quartier de Reykjavik où règnent la misère sociale et la violence.

France Télévisions – Culture Edito

Publié


Temps de lecture : 3 min

Dans ce deuxième film, le réalisateur islandais Gudmundur Arnar Gudmundsson met en scène un groupe d’adolescents confrontés à la violence sociale et à la négligence parentale. Un film qui explore le thème de l’adolescence dans un contexte social extrême. Les belles créatures sort en salles le 25 septembre.

Balli, un adolescent chétif et craintif, est harcelé par les adolescents du quartier. Il vit seul avec une mère souvent absente, et faible quand elle ne l’est pas. La maison est un bidonville où s’accumulent ordures, vaisselle sale et poussière. Le fantôme d’un beau-père violent, provisoirement incarcéré, rôde dans les murs.

Addi, du même âge, grandit avec sa petite sœur et sa mère. Dans cette maison sereine comparée à celle de Balli, la mère interprète ses rêves, qui peuvent parfois s’avérer prémonitoires. Le père, alcoolique, est absent.

Addi forme avec ses deux copains Konni, un grand dur au coup de poing rapide, et Siggi, son gentil bouc émissaire, une équipe bien armée contre la violence qui règne à l’école et dans les rues du quartier. Addi prend sous son aile Balli, qui devient bientôt le quatrième voleur de la bande.

Les quatre garçons traînent dans la rue, se battent avec des garçons d’autres gangs et se retrouvent régulièrement chez Balli, où sa sœur a réapparu. Petit à petit, ils se retrouvent submergés par la violence, la leur et celle des autres, qu’ils ne parviennent plus à contrôler…

Avec ce deuxième long métrage, le réalisateur islandais dresse le portrait d’un âge, celui qui ferme l’enfance et ouvre l’âge adulte, dans un contexte social particulièrement violent. Dans ce quartier périphérique de Reykjavik, loin des images de carte postale de cette île à la nature sauvage, les adultes semblent trop préoccupés par leurs propres difficultés pour s’occuper de leurs enfants, qui grandissent sans cadre, et sans amour. « Connaissons-nous vraiment le quotidien de nos enfants ? »nous entendons de la bouche d’un journaliste qui exprime des inquiétudes à propos « La montée de la violence parmi la jeunesse islandaise ».

Provocations, alcool, bagarres, expéditions sur les toits des immeubles… Les quatre garçons cherchent les limites dans un monde où ils semblent avoir complètement disparu. Pauvreté, agressions sexuelles, alcool, drogue… Les adolescents vivent une forme d’hyper-masculinité brutale, qui passe par la violence.

Mais dans cette spirale qui semble ne jamais vouloir s’arrêter, elles se serrent aussi les coudes et tentent d’apporter un peu de douceur et de justice dans ce monde dans lequel elles grandissent, gangrenées par le comportement irresponsable, voire criminel, des adultes. Un monde dans lequel les hommes, les pères, sont notoirement absents, quand ils ne sont pas carrément des agresseurs. Les rêves prémonitoires d’Addi et de sa mère, loin d’apaiser, contribuent à accentuer la tension, qui monte crescendo tout au long du film.

La forme organique de ce deuxième long métrage du réalisateur islandais traduit parfaitement cette urgence de l’adolescence, avec des plans très serrés, un son tonitruant, du mouvement, et des images plus impressionnistes pour la partie onirique du récit. Cette mise en scène, tendue comme une corde, se déploie dans un rythme qui ne s’apaise jamais, comme la violence — et fait surgir des émotions à chaque instant, celles d’une jeunesse perdue qui met toute son énergie en mouvement et compte sur l’amitié pour reprendre confiance, pour tenter de sortir de l’abîme pour devenir, envers et contre tout, des adultes paisibles.

Servi par de jeunes acteurs éblouissants, Les belles créatures est un film édifiant, sans concessions, dont on ressort comme secoué après un passage en machine à laver.

Genre : drame
Directeur: Gudmundur Arnar Gudmundsson
Acteurs : Birgir Dagur Bjarkason, Áskell Einar Pálmason, Viktor Benóný Benediktsson
Pays : Islande
Durée : 2h 03min
Sortie :
25 septembre 2024
Distributeur :
Outplay Films
Synopsis : Addi, 14 ans, est élevé par sa mère clairvoyante qui voit l’avenir dans les rêves. Il prend sous son aile Balli, un garçon introverti et marginalisé, victime de harcèlement scolaire. En l’intégrant à sa bande, ces garçons désœuvrés et autonomes explorent la brutalité et la violence comme seul moyen d’expression et d’existence. Alors que les problèmes du groupe s’aggravent, Addi commence à vivre une série de visions oniriques. Ses nouvelles intuitions lui permettront-elles de les guider et de trouver leur propre voie ?

Grb2

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