Divertissement

un festival d’une durée inédite à la recherche d’un nouveau public

Cette année, Rocher dans la Seine présente un festival de cinq jours avec une programmation à mi-chemin entre le rock – l’ADN du festival parisien –, l’électro et la pop alternative. Un choix fort pour attirer un nouveau public, plus jeune, et permettre au festival de survivre économiquement.

Des milliers de mains levées, des sons graves, des hordes de festivaliers envahissant la pelouse du Parc de Saint-Cloud… Mercredi 22 août, le festival Rocher dans la Seine a ouvert ses portes. Un défi au vu de l’inflation, d’un secteur fragilisé et d’une période estivale déjà chargée, placée sous le signe des Jeux Olympiques. Pourtant, au moment du premier bilan, il semblerait que ce soit un succès, au vu de l’enthousiasme suscité.

Rien n’est gagné pour cette vingt et unième édition. Après deux années marquées par la pandémie, le secteur des festivals reprend à peine son souffle. Les coûts de production ont fortement augmenté : il est désormais difficile de combiner « accessibilité » avec « rentabilité financière »43% des festivals du syndicat SAM ont connu une édition déficitaire. A cela s’ajoute cette année une difficulté supplémentaire : le marché des prestataires (écrans, matériel de sonorisation, sécurité) se réduit, accaparé par les Jeux Olympiques et Paralympiques. Certains ont même été contraints d’annuler leur édition, comme le festival Lollapalooza Dans un tel contexte, le maintien Rocher dans la Seine à ses dates habituelles en août, pendant la « Creux olympique »C’était à la fois un défi et une audace… Un défi qui a néanmoins été relevé : le taux de participation a été d’environ 85 à 90 % sur les cinq jours.

Et ce, grâce à une programmation ambitieuse. En deux décennies, le festival s’est largement étoffé pour assurer sa rentabilité. S’il n’accueillait ses artistes que sur une seule journée et une seule scène en 2003, il proposera cet été 92 concerts sur 5 scènes et le tout… sur 5 jours, pour près de 180 000 spectateurs. Une durée inédite, qui démontre la facilité presque insolente avec laquelle Rock en Seine est devenu une référence dans le paysage musical.

« Nous allons dans la bonne direction »

En termes de stratégie, comment cela se traduit-il ? Un objectif en deux temps, explique Mathieu Ducos, directeur de Rock en Seine. D’un côté : « Construire une programmation fidèle à l’héritage du festival. Rassurer notre public historique, lui montrer que nous allons dans la bonne direction. ». Cependant, pour un festival de cinq jours « impossible de compter uniquement sur lui ». Et alors ? Dans un deuxième temps, « aller chercher des artistes qui nous permettent d’attirer un public qui ne nous connaît pas bien, qui n’est jamais venu, qui n’y a jamais pensé. » Mission accomplie : jeunes, moins jeunes, fans de rock, des « électro-curieux » aux « électro-enthousiastes », fans de pop… Tous sont là, séduits par la programmation. Certains sont venus renouer avec les mêmes têtes d’affiche, déjà présentes en 2003 (PJ Harvey, attaque massive), d’autres pour voir les nouveaux visages de la Soul, comme la Londonienne Olivia Dean.

« Première fois pour moi », sourit Clément, un manager dans une compagnie aérienne, venu spécialement pour écouter l’artiste Encore Fredune star de l’électro particulièrement mise en lumière cette année. « C’est ma troisième édition » explique Virginie, enseignante. Mais entre habitués et nouveaux venus, l’enthousiasme est unanime. Partout, on s’accorde à dire que c’est l’une des « des meilleurs festivals de la région parisienne, avec We love Green », comme Oscar, consultant en cybersécurité. Pour les vingtenaires, l’ambiance reste inégalée et « détendu »en raison des activités annexes (exposition photographique, stands, débats, etc.). « C’est aussi sur la carte à l’étranger. Nous avons rencontré beaucoup d’Anglais cette année, car il y avait plusieurs groupes britanniques. » il précise.

Une augmentation de prix acceptée par le public

Malgré tout, le prix a connu une légère augmentation, comme pour d’autres festivals. Des billets à 75 euros avaient été mis en vente en avance, des packages « trois jours » à 185 euros étaient proposés. « Après la crise sanitaire, nous avons été nombreux à dire que nous ne voulions pas répercuter l’augmentation des coûts sur le prix du billet. » explique Matthieu Ducos. « En 2022, nous avons conservé les mêmes tarifs que les éditions 2019, mais ces dernières années, nous avons répercuté les hausses de prix sur les billets. Nous essayons néanmoins de faire en sorte que cela soit compris et accepté par les festivaliers. »

Là aussi, le pari semble gagnant. « Le spectacle est plus grand. On peut découvrir des artistes tout au long de la journée. C’est une ambiance qu’on ne retrouve nulle part ailleurs », « Les prix sont plus élevés que ce que l’on peut attendre d’un festival », estime Pierre, un festivalier qui estime que les hausses de prix sont justifiées. Pour Kaitlyn, étudiante au Canada, le prix reste bien inférieur à ce qui est proposé de l’autre côté de l’Atlantique. Quant à Alexandra, avocate à Londres, elle reconnaît que le festival s’est simplement aligné sur les prix des autres événements musicaux.

Même enthousiasme et énergie débordante pour Emma, ​​25 ans, qui attend avec impatience Jungledevant la « Grande Scène » et qui revient pour la deuxième fois. « Ils ont mis beaucoup d’efforts dans la programmation, et ça se voit. » explique-t-elle entre deux gorgées de bière. « C’est beaucoup plus intéressant, c’est plus varié. L’année dernière, il y avait de l’électro, avec Charlotte de Witte et maintenant Fred Again ! » Bilan? « Je pense que ça va devenir le festival à ne pas manquer. J’en entends beaucoup plus parler que de Solidays cette année, c’est peut-être à cause de mon âge, puisque le festival est plus jeune », résume-t-elle. Et lorsqu’on l’interroge sur l’augmentation des prix, elle hausse presque les épaules : « J’aime tellement les festivals que ça ne m’a pas affecté. »

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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