La chronique « Prendre soin »
Certaines maladies infectieuses anciennes sont en augmentation. A l’inverse, on assiste à de nouveaux progrès en matière de prévention du sida avec une diminution des traitements préventifs.
L’été a toujours aimé les maladies infectieuses. Et celui qui débute le fait de manière assez originale avec un verre à moitié plein, avec du bon et du moins bon, le tout sous l’œil attentif de l’agence Santé publique France qui, à l’approche des Jeux olympiques, multiplie les lieux d’observation. « Le risque d’infection est élevé », ils répètent à l’Agence.
Un verre à moitié plein, donc. En effet, alors qu’elles stagnaient à des niveaux plutôt bas, des maladies comme la coqueluche, la rougeole, la tuberculose ou la syphilis font leur retour en France. « C’est le génie des épidémies : il y a des cycles de quelques années, parfois de quelques décennies, où les maladies sont oubliées, mutent un peu, puis réapparaissent sans prévenir. » « Les causes de ces retours sont en tout cas multiples : baisse du taux de vaccination, changement climatique, mais aussi effets paradoxaux des années Covid où le port du masque nous protégeait un peu trop des autres virus », explique à l’AFP Mikal Askil Guedj, docteur en sciences médicales.
La rougeole et la coqueluche sont de retour
Dans ce nouveau paysage, l’élément le plus déconcertant est peut-être l’augmentation des cas de coqueluche. Longtemps considérée comme une maladie bénigne de la petite enfance, elle peut pourtant être grave, voire mortelle pour les nourrissons non vaccinés et les personnes à risque comme les femmes enceintes et les personnes âgées. La coqueluche, transmise par voie aérienne, est très contagieuse. Une personne infectée transmet ainsi la maladie à 15 autres personnes en moyenne. En France, entre janvier et juin 2024, plus de 5 800 cas ont été recensés, soit cinq fois plus qu’en 2023. Bref, un front à surveiller de près.
Autre maladie en plein essor : la rougeole ; la plupart du temps également bénigne, elle peut entraîner de graves complications respiratoires et neurologiques. En France, le bilan épidémiologique 2023 avait déjà indiqué une multiplication par 8 des cas par rapport à 2022. Et depuis, selon l’OMS, 56 634 cas de rougeole et 4 décès ont été recensés dans 45 pays européens au cours du seul premier trimestre 2024. Enfin, sur le front de la tuberculose, si elle reste une maladie infectieuse majeure dans le monde, avec plus de 10 millions de cas, elle reste à un niveau bas en France mais connaît un léger rebond en 2023. Et le premier trimestre 2024 a montré une stagnation.
Traitement préventif injectable contre le VIH
Venons-en au sida, où les nouvelles en termes d’outils de prévention sont plutôt bonnes. La semaine dernière, la Haute Autorité de Santé a autorisé la prescription et le remboursement de la PrEP injectable pendant deux mois. La PrEP, c’est ce traitement préventif qui consiste à prendre une molécule anti-VIH, soit en continu, soit autour d’une relation à risque. Et finalement, vous êtes protégé à presque 100 %. Presque comme un vaccin. Sauf que voilà, il faut prendre la pilule en question tous les jours (ou presque), avec la peur de l’oublier. Or, une forme injectable se développe depuis quelques temps. Une injection tous les deux mois, et vous êtes protégé. « La dernière étude a montré que la PrEP à action prolongée était encore plus efficace que la pilule orale »« Nous avons besoin d’un traitement préventif, explique ViiV Healthcare, le laboratoire chargé de développer ce traitement préventif. Baptisé Apretude, il s’administre par injection dans un muscle deux fois à un mois d’intervalle dans un premier temps, puis une fois tous les deux mois en vitesse de croisière. Et les progrès ne s’arrêtent pas là. Le 20 juin 2024, la firme Gilead Sciences annonçait des résultats très encourageants avec sa nouvelle molécule, le lénacapavir. On le reçoit par injection sous-cutanée deux fois par an. Bref, la contrainte de le prendre s’allège de plus en plus. Mais une question de coût et d’accessibilité risque de vite se poser : actuellement, aux États-Unis, le prix du lénacapavir est d’environ 40 000 dollars par an.
Restons sur le thème du sida : l’été a toujours été une période à risques. Et l’arrivée des Jeux olympiques peut compliquer les choses. Pour les athlètes, tout est prévu. Ou presque. Près de 200 000 préservatifs masculins et 20 000 préservatifs féminins sont prêts. Et ils seront distribués pour prévenir toutes les IST dans le village olympique. Deux par jour et par athlète. Qui peut faire mieux ? Des tracts seront également distribués, et des affiches placardées dans la polyclinique du village, « sensibiliser les sportifs et sportives de tous les pays »Des dispositifs de dépistage seront également installés au sein de cette polyclinique. Enfin, 10 000 préservatifs sans latex et 20 000 digues buccales (carrés de latex utilisés en cas de rapport oral) ont également été commandés.
Dernière bonne nouvelle sur le front des maladies tropicales : la semaine dernière, le laboratoire Valneva a obtenu le feu vert pour commercialiser son vaccin contre le chikungunya dans l’Union européenne. Une première mondiale contre ce virus insupportable véhiculé par nos vilains moustiques Aedes.