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Un essai de missile balistique chinois s’effectue près de la Polynésie française

La Chine a procédé mercredi à un essai de missile balistique intercontinental dans le Pacifique Sud pour la première fois depuis des décennies. Le missile, équipé d’une « ogive factice », mais capable d’emporter une charge nucléaire, s’est posé non loin de la ZEE de Polynésie française, à quelque 400 kilomètres au nord des Tuamotu et à environ 800 km des Marquises ou de Tahiti.

L’Armée populaire de libération – nom officiel des forces militaires chinoises – a annoncé avoir tiré mercredi un missile balistique intercontinental (ICBM) depuis l’île de Hainan en direction de l’océan Pacifique. Un coup historique puisque Pékin a l’habitude de tester ce type d’armes – destinées entre autres à transporter des charges nucléaires – sur terre, sur son immense territoire. Selon le Temps Financierce serait même le premier plan de ce genre depuis 1980.

La trajectoire du missile montre qu’il est tombé non loin de la zone économique exclusive de Polynésie française, à quelque 400 kilomètres au nord des Tuamotu, à moins de 800 kilomètres à l’ouest de Nuku Hiva. Quelques heures avant le lancement, la Chine avait prévenu les autorités maritimes des différentes zones survolées de potentielles chutes de débris, afin que des alertes puissent être lancées aux navigateurs, sans toutefois préciser qu’il s’agissait d’un missile balistique. Plusieurs bulletins Hydropac (avertissements de danger pour la navigation dans le Pacifique émis par la National Geospatial-Intelligence Agency, une agence du ministère américain de la Défense) ont été diffusés mardi soir, parlant d' »opérations dangereuses » et de « débris spatiaux ».

L’une des armes les plus puissantes au monde

Si les autorités chinoises ne font aucun lien avec l’actualité, ce lancement intervient dans un contexte de rivalité militaire entre Pékin et Washington dans le Pacifique, où les deux pays veulent développer leur influence. Sans surprise, l’annonce du tir a donc fait beaucoup de bruit à travers le monde, aux Etats-Unis, où la campagne présidentielle bat son plein début novembre. Les missiles balistiques intercontinentaux comptent parmi les armes les plus puissantes au monde et peuvent transporter des ogives nucléaires dévastatrices, soulignent plusieurs médias. Ils ont également diffusé les propos exacts des autorités chinoises : « La Force de missiles de l’Armée populaire de libération a lancé avec succès un missile balistique intercontinental transportant une ogive d’entraînement factice le 25 septembre à 8h44 (00h44 GMT) en pleine mer de l’océan Pacifique. Il est tombé avec précision dans la zone maritime prédéterminée. Ce lancement de missile fait partie du programme annuel d’entraînement de routine de la Rocket Force. Il est conforme au droit et aux pratiques internationales et ne vise aucun pays ni aucune cible spécifique. »

Lutte d’influence intense dans le Pacifique

Les États-Unis envoient régulièrement des navires de guerre en mer de Chine méridionale pour contrecarrer les revendications territoriales de Pékin là-bas, mais aussi près de Taïwan pour y soutenir les dirigeants locaux. Quant à la Chine, elle a modernisé son armée et augmenté ses dépenses militaires même si celles-ci restent, encore aujourd’hui, bien inférieures à celles des États-Unis. Ce renforcement des capacités de défense chinoises suscite une méfiance récurrente de la part de certaines nations voisines, notamment celles avec lesquelles Pékin entretient des différends territoriaux. Comme le rappelle l’AFP, la Chine revendique ainsi la souveraineté sur de nombreux récifs et îlots en mer de Chine méridionale (notamment vis-à-vis du Vietnam et des Philippines), en mer de Chine orientale (sur les îles Senkaku contrôlées par le Japon) ainsi qu’en l’Himalaya (face à l’Inde). Comme d’autres puissances mondiales, le géant asiatique procède régulièrement à des tests de missiles balistiques. Mais il communique rarement publiquement sur le sujet.

Coïncidence avec l’actualité, le consul chinois reçoit ce mercredi soir de nombreux notables polynésiens lors d’une réception au Hilton pour célébrer le 75e anniversaire de la République populaire de Chine.

Opération « Océan 2024 »

Début septembre, un exercice à grande échelle a eu lieu dans les océans Pacifique et Atlantique, ainsi que dans les mers Méditerranée, Caspienne et Baltique. Le journal Libérer a parlé de 400 navires russes, 120 avions et hélicoptères et 90 000 personnes mobilisées. Grandes manœuvres russes auxquelles la Chine a été associée, qui a déployé des navires de guerre pour y participer. L’opération « Océan 2024 » s’est terminée le 16 septembre.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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