Au total, six passagers devraient décoller de l’ouest du Texas à bord de la petite fusée New Shepard de Blue Origin, une société spatiale fondée par le milliardaire Jeff Bezos. La fenêtre de tir s’ouvre à 8h30 heure locale (15h30 heure de Paris).
«Je vais vivre mon rêve d’enfant», confiait cette semaine Sylvain Chiron, entrepreneur de 52 ans. « J’ai baigné assez jeune dans l’aéronautique. Je voulais vraiment devenir astronaute. »
Ce Savoyard en quête de sensations fortes est arrivé jeudi sur le site de Launch site one, la base Blue Origin au milieu du désert texan. Passionné d’aviation, il a désormais hâte de pouvoir « voir la Terre dans son ensemble, d’en haut, sans frontières, dans toute sa fragilité et sa beauté ».
Les vols Blue Origin ne durent qu’une dizaine de minutes mais permettent aux passagers d’admirer la courbure de la Terre et de flotter brièvement dans la capsule.
Selon Sylvain Chiron, Blue Origin a reçu « des milliers de candidatures ». Il estime avoir été sélectionné grâce à une candidature démontrant sa « passion dévorante pour l’espace ».
Le prix du billet est gardé secret
Le prix du billet est tenu secret. « Oui, c’est cher » mais « pas complètement fou non plus », a simplement indiqué le Français.
L’entreprise a déjà emmené 31 personnes au-dessus de la ligne Karman, qui marque la limite de l’espace à 100 km d’altitude selon une convention internationale.
L’opportunité est rarissime : seuls dix astronautes français sont allés dans l’espace, dont le dernier en date est Thomas Pesquet – sa deuxième mission, la plus récente, date de 2021.
En 2023, la Franco-Italienne Ketty Maisonrouge a volé avec une compagnie concurrente de Blue Origin sur ce créneau des vols courts, Virgin Galactic.
La fusée New Shepard décolle verticalement, propulse la capsule qui se détache en vol, atteint l’espace puis tombe avant d’être ralentie par des parachutes et d’atterrir.
La mission de dimanche, baptisée NS-25, sera le premier vol en équipage de cette fusée depuis août 2022.
Un vol « non sans risques »
En septembre de la même année, un vol sans humain à bord entraîne le crash de l’étage de propulsion de la fusée. Le système d’éjection automatique de la capsule – où se trouvent les passagers lors d’un vol habité – s’est déclenché et elle est tombée au sol, ralentie par ses parachutes.
Après une enquête du régulateur américain de l’aviation (FAA), Blue Origin a procédé à des modifications et effectué un nouveau vol sans équipage en décembre 2023.
Sylvain Chiron concède que l’aventure n’est « pas totalement dénuée de risque ».
« Cela étant dit, il faut savoir surmonter ses peurs si l’on veut faire les choses dans la vie », a-t-il déclaré.
Ce risque est l’une des raisons pour lesquelles il rejette le terme « tourisme spatial », qui évoque selon lui plutôt l’image d’« une croisière » avec « une pina colada ».
Ayant obtenu son brevet de pilote privé à l’âge de 16 ans, il s’oriente finalement vers des études de commerce aux Etats-Unis, avant de fonder une brasserie artisanale en Savoie, la Brasserie du Mont-Blanc.
Il espère aujourd’hui devenir une « source d’inspiration pour les jeunes », afin de leur montrer qu’« il ne faut pas baisser les bras. Vous devez poursuivre vos rêves et avec un peu de chance, vous pourrez les vivre.
Un nonagénaire parmi les passagers
Parmi les autres passagers dimanche se trouvait Ed Dwight, né en 1933 et qui avait été pressenti pour devenir le premier Afro-Américain à aller dans l’espace, mais qui n’en a finalement jamais eu l’occasion.
Ed Dwight devient par la suite sculpteur et son œuvre, exposée dans les musées, met en lumière l’histoire et les personnalités afro-américaines.
À 90 ans, il deviendra dimanche la personne la plus âgée à avoir atteint l’espace, battant de quelques mois seulement l’acteur qui incarnait l’emblématique capitaine Kirk dans la série Star Trek, William Shatner.