un Ehpad Korian situé près de Bordeaux épinglé par un rapport de la Chambre régionale des comptes
Le rapport rendu public ce mardi 2 avril par la Chambre régionale des comptes (CRC) risque de faire trembler les murs de l’Ehpad Chantefontaine à Cestas, cet établissement de 42 places tombé aux mains du géant Korian en 2019. Les Ehpad avaient déjà fait l’objet de plaintes de familles et de soignants qui déplorent des cas de « maltraitance institutionnelle ». Confrontées à un manque de personnel lors d’un week-end en 2021, les équipes n’ont pas réussi à lever les pensionnaires ni à utiliser les toilettes. Cet incident n’avait pas été signalé à l’agence régionale de santé (ARS) qui en a eu connaissance par des plaintes, rappelle le CRC…
Le rapport rendu public ce mardi 2 avril par la Chambre régionale des comptes (CRC) risque de faire trembler les murs de l’Ehpad Chantefontaine à Cestas, cet établissement de 42 places tombé aux mains du géant Korian en 2019. Les Ehpad avaient déjà fait l’objet de plaintes de familles et de soignants qui déplorent des cas de « maltraitance institutionnelle ». Confrontées à un manque de personnel lors d’un week-end en 2021, les équipes n’ont pas réussi à lever les pensionnaires ni à utiliser les toilettes. Cet incident n’avait pas été signalé à l’agence régionale de santé (ARS) qui en a eu connaissance par des plaintes, rappelle le CRC.
« Le livret d’accueil ne décrit pas le niveau d’hébergement avec une parfaite transparence », constate la Chambre régionale des comptes. Et pour cause : la plupart des chambres sont « exiguës » et manquent de douches ; il n’y a pas de salle commune permettant les échanges entre résidents, pas de salle de kinésithérapie… Débuté en 2017, le projet de réhabilitation de l’établissement ne s’est pas concrétisé lors de son rachat par Korian. Les travaux ne débuteront qu’en mars 2023 (au moment de l’inspection).
Pas d’animation pour les résidents
Quant aux toilettes, elles sont parfois « faites très tard, faute de personnel suffisant ». « Le contrôle sur place a permis de vérifier que toutes les douches ne sont pas réalisées comme prévu dans le plan de soins, sans savoir s’il s’agit d’une demande du résident ou si les équipes n’ont pas eu le temps nécessaire », poursuit la Chambre Régionale des Comptes. Près de 30 % des résidents souffraient également de « malnutrition sévère », souligne le CRC, qui constate également que l’intervalle maximum de douze heures entre le dîner et le petit-déjeuner a été dépassé et n’est donc pas conforme aux recommandations nationales. « Un tiers des résidents prennent leurs repas dans leur chambre, sans personnel suffisant pour les aider » constatent les magistrats, évoquant un « risque élevé de maltraitance institutionnelle ».
Accentuant encore le sentiment d’abandon de cet Ehpad, le rapport note qu’en août 2022, il n’y a eu aucune animation pour les résidents en raison du départ de l’animateur. « A ce jour, le programme d’animation est médiocre et ne comprend que quelques activités réalisées par des prestataires extérieurs ou des bénévoles », regrette le rapport.
228 000 euros de surplus ?
Les magistrats s’alarment également de l’absence de médecin coordonnateur depuis 2021. « Il n’y a plus de coordination des professionnels libéraux, ni de réunion de la commission gériatrique, ni de politique vaccinale des résidents », déplore le CRC qui considère que « les médecins les soins dépendent désormais uniquement des médecins traitants des résidents ». De même, « l’absence d’une infirmière coordinatrice à partir de 2022 a été source de désorganisation et de manque de suivi dans la prise en charge des résidents, que le recrutement récent d’une IDE (infirmière coordinatrice, ndlr) a permis de restaurer. » Quant aux médecins libéraux, la chambre constate des retards de paiement importants, notamment à SOS Médecins, et une baisse significative des dépenses de kinésithérapie « qui pose des questions sur le niveau et la qualité des soins des résidents ».
Or, les Ehpad bénéficient d’importantes dotations publiques, notamment pour assurer la partie « care » des soins. La CRC constate que Chantefontaine n’est pas maltraité par l’ARS qui lui a accordé une subvention à des conditions avantageuses. D’autant que, bien que Korian le conteste, les magistrats ont constaté un différentiel entre l’activité déclarée aux autorités de contrôle (déclenchant l’attribution) et l’activité réelle. Soit, selon le rapport, un possible « trop-payé » de près de 300 000 euros entre 2018 et 2022. Qu’est devenu cet argent ? Légalement, les excédents de dotation devraient être affectés à un compte de réserve. La Chambre constate également que sur la même période, 228 000 euros susceptibles d’être considérés comme des excédents n’ont pas été versés sur ce compte, laissant entendre que ces excédents « ont fait l’objet de versements de dividendes tels que retranscrits dans les rapports des commissaires aux comptes.
«Nous suivrons les recommandations»
« Nous reconnaissons que l’établissement a rencontré des difficultés, notamment de recrutement, dans un contexte particulièrement compliqué », indique Korian, assurant toutefois que la situation s’est améliorée avec le recrutement récent d’un médecin coordonnateur et d’un animateur. Ceci est confirmé par le rapport du CRC.
Dans l’hôtellerie, Korian affirme avoir débloqué « plusieurs millions » pour des travaux de rénovation et d’extension qui ont débuté en mars 2023.
Quant à l’aspect financier, Korian évoque « un souci de lisibilité comptable avant 2022, qui plaide pour l’adoption du décret de transparence financière de mars 2022 avec notamment la mise en place d’une comptabilité analytique. Nous y sommes évidemment favorables et nous nous engageons à l’appliquer, à l’image des 10 recommandations du rapport », indique Korian, soulignant le constat du CRC selon lequel les données transmises en 2023 « n’appellent pas de commentaires particuliers ».