Un écocentre controversé sera bientôt inauguré, les riverains toujours furieux
Le calendrier de ce projet visant à recycler les gravats des chantiers de l’île de Nantes a été annoncé mardi soir. Des habitants, inquiets pour leur qualité de vie, se sont tournés vers la justice.
Le Figaro Nantes
Leur mécontentement ne faiblit pas. Sur l’île de Nantes, des habitants regrettent toujours l’installation imminente d’un écocentre, à côté duquel ils devront vivre. Ils l’ont répété lors d’une nouvelle réunion publique organisée mardi soir en présence d’élus de la métropole, de Samoa, de la société en charge de son aménagement, et de la société de gestion Brézillon. A cette occasion, le calendrier a été annoncé. Les travaux débuteront mi-octobre pour une ouverture prévue en janvier 2025.
Initialement, la construction de cette plateforme temporaire, qui vise à traiter, stocker et trier les terres, gravats, sable et béton des chantiers de l’île, aurait dû débuter en mai 2023. Mais très vite, des habitants se sont rassemblés au sein du collectif baptisé « Stop à l’écocentre ». De manifestations en réunions, en passant par des courriers, ils ont fait entendre leur voix et sont parvenus à retarder l’échéance finale. « Nous avons donc gagné un an et demi et c’est uniquement grâce au fait qu’il y a eu une forte mobilisation dans le quartier. Sinon, les choses se seraient faites sans aucune concertation, sans aucune concertation… ni sans aucune étude sérieuse des effets de cette installation », a déclaré Anton Perdonçin, membre du mouvement citoyen et apolitique, lors de la réunion de mardi.
Recours déposé auprès du tribunal administratif
Parmi les aménagements obtenus, le quai a notamment été décalé de 25 mètres, le plaçant à 100 mètres des riverains les plus proches. Mais cet aménagement n’a pas satisfait les riverains qui, bien qu’avertis très tardivement, s’inquiètent de la qualité de vie du quartier, notamment avec le bruit provoqué par le passage des camions. Ils s’interrogent également sur l’aspect écologique et craignent pour leur santé.
Au printemps dernier, un recours a été déposé auprès du tribunal administratif, afin d’attaquer « la décision du préfet de dispenser ce projet d’étude d’impact »explique Éléonore Duplay, porte-parole du collectif de résidents. « Une étude d’impact permet d’évaluer en amont tous les impacts potentiels d’un projet industriel. Elle est obligatoire pour les régimes soumis aux ICPE (classification spécifique, ndlr)»Toutefois, un protocole d’accord exempte le projet de cette classification, liée au fait que les matériaux à recycler ne sont pas considérés comme des déchets. « Nous attendons des nouvelles du tribunal pour avoir une date d’audience »poursuit le résident, à propos de cette procédure qui n’est pas suspensive. « Nous continuerons à manifester et nous le ferons lorsque les travaux commenceront. ».
Engagements pris
Dans un communiqué envoyé mercredi matin, Samoa, qui définit la stratégie globale de développement de l’île de Nantes, a souhaité faire part de ses engagements et actions. Saluant d’abord un projet vertueux dédié aux déchets locaux, elle assure que la qualité de l’air sera examinée au moins la première année « avec l’installation de la station de mesure Air Pays de la Loire, en complément des capteurs installés en bordure de l’écocentre par la société Brézillon »Si la qualité de l’air dépasse les seuils réglementaires, l’activité devra être suspendue jusqu’à ce que le problème soit résolu.
Une étude de risques sanitaires a également été menée sur les conséquences des poussières émises. « Les résultats de cette étude sur les risques sanitaires démontrent l’absence de risques pour les différents résidents de l’écocentre (résidents, usagers, travailleurs, jeunes) ». Dans son document, Samoa se vante également d’une empreinte carbone positive, grâce aux économies de transport. Enfin, concernant l’acoustique, une étude « ont démontré que le niveau de bruit généré par les machines à proximité des habitations était inférieur au niveau de bruit lié au bruit actuel de la ville (trafic, etc.) » et que des capteurs y seront installés.
Des arguments peu convaincants pour Éléonore Duplay, qui entend déjà « bips » des camions incessants qui font du surplace depuis qu’un terrain voisin est en travaux. Cela lui fait craindre le pire avec l’arrivée de l’écocentre. Un comité de suivi, mis en place après la défiance des riverains, va se poursuivre et un nouvel appel à candidature va être lancé. La participation était en baisse lors des derniers et l’information ne circulait pas forcément très bien. « Pour nous, c’est un projet qui n’a pas sa place ici. Il n’aurait jamais dû être imaginé en ville, dans une zone aussi densément peuplée. »conclut Éléonore Duplay. Même si la plateforme est amenée à disparaître en 2035, certains craignent une baisse de la valeur de l’immobilier et le départ des résidents.
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