un documentaire se penche sur la délicate question de la détransition, « une solitude »
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un documentaire se penche sur la délicate question de la détransition, « une solitude »

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La naissance du désir de détente d’Emma
Un documentaire se penche sur la difficile décision de changer de sexe chez les mineurs.
(Andrea Rawlins Gaston/Capa presse)

Le nouvel opus du spectacle « Infrarouge » met en lumière la transidentité chez les mineurs, avec un documentaire intitulé « Les jeunes en (re)transition, trouver sa voie ».

Dans le documentaire Jeunes en (re)transition, à la recherche de leur voie, diffusé mardi 29 octobre à 22h40 dans l’émission « Infrarouge » sur France 2, la réalisatrice Marion Vaqué-Marti interroge avec sensibilité le désir des jeunes adultes qui souhaitent changer de genre. Elle s’intéresse également au choix plutôt rare de personnes qui finissent par rebrousser chemin après avoir commencé un traitement médical. De cette « détransition » ou « retransition », les mouvements transphobes en ont fait une arme.

Le film, loin de remettre en cause des avancées politiques majeures que représente le droit de vivre conformément à son identité de genre, aborde le sujet avec attention, grâce aux témoignages de pédopsychiatres spécialisés, de parents concernés et de jeunes témoins pour qui la détransition est un choix personnel réfléchi. « L’idée du film n’est pas de porter un jugement (…) Mais il faut pouvoir entendre qu’il y a des questions. J’ai l’impression que tout le monde se pointe du doigt ; mais il faut pouvoir entendre discuter sereinement. Ce film est avant tout un plaidoyer pour la fluidité, pour bousculer les normes de genre.explique le réalisateur à franceinfo. Pour illustrer son propos, le documentaire revient sur le parcours d’Emma, ​​une jeune femme qui a décidé de renouer avec son genre féminin après avoir entamé une transition vers le masculin.

Aujourd’hui âgée de 20 ans, Emma a été, durant son adolescence, en proie à un profond malaise. Elle ne se reconnaissait pas dans les standards féminins. À 14 ans, elle décide de faire une transition, autrement dit de s’engager dans une démarche de transition de genre. Soutenue par ses parents et ses médecins, elle commence à prendre de la testostérone à 15 ans. L’année suivante, une mastectomie (ablation du sein) est pratiquée et elle choisit Nathan comme prénom. Pendant deux ans, l’adolescent se sent à sa place, mais lorsqu’il atteint la majorité, tout change.

« A 18 ans, j’ai eu une grande période où tout m’est tombé dessus d’un coup. Je ne sais pas pourquoi, à ce moment-là, j’ai accepté l’idée que peut-être c’était allé trop loin (…) Est-ce que j’ai juste détruit mon la vie ? (…) J’avais un regret que je ne parvenais pas à contenir. »

Emma, ​​​​20 ans

dans le documentaire « Jeunes en (re)transition, trouver sa voie »

Habitée par des idées suicidaires, elle décide d’en parler à son endocrinologue et au psychiatre qui la suit depuis sa transition. « Je lui ai dit que la mastectomie et les hormones, à mes yeux, avaient été une sorte de ‘solution magique’ à mes problèmes (…) mais que cela avait été néfaste », explique Emma, ​​​​à qui on propose dans un premier temps une reconstruction mammaire. La jeune femme est frustrée par cette proposition qui lui paraît trop superficielle au regard de sa problématique plus profonde de quête d’identité. Un témoignage très fort. «C’était le résultat de longues discussions, qui ont duré près d’un an, et de l’immense confiance qu’elle m’a accordée. Il fallait être sûr que témoigner lui ferait du bien et c’était le cas. Le pari est relevé. »estime le réalisateur.

Un documentaire raconte le parcours difficile de jeunes qui ont changé de sexe et qui décident de revenir à leur sexe de naissance.

La difficile transition vers la détransition
Un documentaire raconte le parcours difficile de jeunes qui ont changé de sexe et qui décident de revenir à leur sexe de naissance.
(Andréa Rawlins Gaston / Capa Presse)

Le processus de détransition est plus douloureux pour Emma et sa famille que sa transition. « C’est plus difficile à accepter, confie la jeune femmeparce que cela revient à dire qu’on regrette, qu’on s’est trompé (…) La détransition est plutôt une solitude, dans le sens où on n’entend pas beaucoup parler de détransition.  » Emma commence à chercher des témoignages sur la question avant d’arrêter ses hormones. Elle se tourne vers les réseaux sociaux et trouve une association en ligne. « Ça m’aide parce que je vois qu’il y a d’autres personnes qui vivent les mêmes choses, qui se posent les mêmes questions. » Emma décide de se rendre à Bruxelles pour rencontrer Elie, le fondateur du site dédié à la détransition.

Les deux jeunes femmes partagent une expérience commune : le reste du monde les perçoit toujours comme des personnes trans. « Je m’attendais à être à nouveau considérée comme féminine un jour, En fait, je me rends compte que non », Elie déplore dans le film.

Le documentaire Jeunes en (re)transition, à la recherche de leur voie, réalisé par Marion Vaqué-Marti, est diffusé mardi 29 octobre à 22h40 dans l’émission « Infrarouge », sur France 2, et sur la plateforme france.tv.

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