un directeur de prison abattu le jour d’un référendum sur la sécurité
En Equateur, le directeur d’une prison a été abattu dimanche 21 avril, en plein référendum national visant à durcir la lutte contre le trafic de drogue et les groupes criminels. Le directeur du pénitencier n°4 de Manabi, à l’ouest du pays « a été victime d’une agression qui a malheureusement entraîné sa mort », a déclaré l’administration pénitentiaire dans un communiqué. L’homme a été tué par balle par des assaillants inconnus alors qu’il était assis dans un restaurant.
L’Équateur, en proie au trafic de drogue et à la corruption, devenu la principale plateforme d’exportation de la cocaïne produite dans les pays voisins, la Colombie et le Pérou, est confronté depuis la mi-janvier à une grave crise sécuritaire provoquée par des gangs. L’un des épicentres de cette crise est le système carcéral, théâtre de massacres récurrents et de luttes de pouvoir de la part de groupes criminels, que le gouvernement tente de reprendre le contrôle.
L’armée a fait état dimanche soir d’une émeute dans une prison de la région de Quevedo (Sud-Ouest), au cours de laquelle quatre prisonniers ont été blessés.
Le président Daniel Noboa, élu en novembre pour dix-huit mois et qui devrait briguer un nouveau mandat en 2025, a déclaré le pays en « conflit armé interne » et déployé l’armée pour neutraliser une vingtaine de ces groupes. Depuis, près d’une quinzaine d’hommes politiques, maires, élus locaux et même procureurs ont été assassinés. Vendredi, un nouveau maire a été abattu.
Plus de sept électeurs sur dix sont venus
Dans ce contexte, quelque 13,6 millions d’électeurs étaient appelés dimanche à se prononcer sur plusieurs mesures destinées à lutter contre la criminalité, en répondant par oui ou par non à onze questions posées par le président Noboa. Selon l’autorité électorale (CNE), 72 % des électeurs équatoriens se sont rendus aux urnes.
Concernant les principales propositions de cette consultation, une large majorité d’électeurs a approuvé l’extradition des ressortissants équatoriens liés au crime organisé, notamment vers les Etats-Unis, une mesure particulièrement redoutée par les « narcos ». Le « oui » l’a emporté avec 65 % des voix, contre 35 % pour le « non », a précisé le CNE lors d’une conférence de presse.
Les principales propositions de cette consultation visaient à définir « la politique de l’État (…) contre la violence, le crime organisé, la lutte contre la corruption »selon le chef de l’Etat, comme la mesure sur l’extradition. « Nous avons défendu le pays, nous aurons désormais plus d’outils pour lutter contre la criminalité et restaurer la paix dans les familles équatoriennes »a réagi Daniel Noboa sur les réseaux sociaux, avant de faire état d’un « triomphe » lorsque le résultat officiel sera annoncé.
Les Équatoriens se sont également prononcés sur la participation de l’armée au contrôle des armements, sur l’augmentation des sanctions pour les délits liés au crime organisé et sur la possibilité pour les forces de sécurité d’utiliser les armes saisies.
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Sur toutes ces questions sécuritaires, les électeurs ont soutenu les demandes du président Noboa, affichant neuf « oui » aux onze demandes de M. Noboa, selon le décompte de la CNE.
Les deux propositions rejetées concernent la formalisation du travail rémunéré à l’heure – une mesure fortement critiquée par les syndicats et les organisations indigènes – et la reconnaissance de l’arbitrage international pour résoudre les différends en matière d’investissement et de commerce. Sur ce dernier sujet, l’Équateur a mis fin aux traités bilatéraux et s’est retiré des instances d’arbitrage sous le gouvernement de l’ancien président socialiste Rafael Correa (2007-2017), aujourd’hui opposant en exil après sa condamnation pour corruption.
Tempête diplomatique
Ce référendum s’est déroulé dans un contexte particulièrement complexe pour le pays. Outre le défi sécuritaire, l’Équateur connaît depuis début avril une tempête diplomatique, provoquée par un assaut de sa police contre l’ambassade du Mexique à Quito, afin de capturer un ancien vice-président de Rafael Correa, Jorge Glas ( 2013-2017), qui fait l’objet d’une enquête pour corruption.
Malgré une image ternie à l’étranger, M. Noboa, 36 ans, affirme ne pas avoir » pas de regrets « concernant ce raid, qui a coûté au pays un procès – toujours en cours – devant la Cour internationale de Justice (CIJ), une condamnation internationale et la colère des gouvernements de gauche d’Amérique latine.
Au niveau national, l’urgence du moment est énergétique, avec un rationnement sévère de l’électricité (jusqu’à treize heures par jour) et une révision en urgence des installations hydroélectriques. Conséquence de la sécheresse, du phénomène El Niño, mais aussi d’une mauvaise gestion administrative, de l’aveu même des autorités, cette pénurie d’électricité serait aussi le résultat de « sabotage », selon le président Noboa, lié à ses ennemis politiques. Un décret présidentiel a ordonné vendredi la mobilisation de la police et de l’armée « pour garantir la sécurité des infrastructures énergétiques ».