«Les propriétaires ne peuvent plus payer»: saisi, ce terrain en triste état, est à vendre 10 millions d’euros
Au 2, place de la Gare, à Houilles (78), l’entrée ne paye pas de mine. Une toute petite porte, une façade qui laisse à désirer. Derrière, le spectacle est difficile à distinguer : un jardin en friche, une construction en bois démolie ou encore un abri aux tôles rouillées. Et pourtant, ce terrain est coté à 10 millions d’euros ! Une transaction qui n’a rien d’ordinaire puisqu’il s’agit d’une vente aux enchères judiciaire qui aura lieu au Tribunal de Paris le 16 mai prochain. La raison ? L’entreprise du propriétaire, spécialisée dans l’immobilier, a été liquidée et, sous la pression de ses créanciers, son terrain a été saisi par la justice afin qu’il puisse rembourser ses dettes.
« Cette vente exceptionnelle sera l’une des plus importantes de l’année 2024 en région parisienne», précise Alix Bernard-Faucon, responsable du développement chez Vench, le site d’enchères immobilières où l’annonce a été publiée. Pour la plateforme, il s’agit de la deuxième en quelques semaines, après la vente aux enchères d’un prestigieux château près d’Angers (49) dont le propriétaire a vu sa SCI (Société Civile Immobilière) liquidée. « Il est extrêmement rare de réaliser deux ventes exceptionnelles en peu de tempscommente Alix Bernard-Faucon. Habituellement, nous en faisons 3 à 4 par an. Avec l’inflation, le coût des travaux augmente et bloque les projets. Les propriétaires ne peuvent plus payer, les biens sont saisis et les travaux sont souvent à moitié terminés.»
Intéressant pour les promoteurs
Autre explication d’un prix aussi élevé : la superficie du terrain. La parcelle totale s’étend sur près de 11 500 m² répartis sur 17 adresses. Soit un peu plus de 870 euros le m². Un prix dérisoire qui intéressera probablement les investisseurs immobiliers comme les promoteurs, souhaitant profiter d’une telle parcelle pour y construire des logements. Et ce d’autant plus que le terrain se trouve à deux pas de la gare du RER A qui emmène les Ovillois à Paris en seulement vingt minutes. Mais en consultant les conditions de vente, les candidats intéressés auront une mauvaise surprise : la superficie n’est pas sûre d’être si élevée.
L’ensemble immobilier qui s’étend, pour les connaisseurs, entre la place de la Gare, l’avenue Charles de Gaulle, la rue Gambetta et la rue Robespierre, n’appartient pas, a priori, dans sa totalité au propriétaire sans scrupules. Plusieurs syndicats de copropriété revendiquent la propriété de certains lots. Un flou lié au décès du propriétaire qui n’a pas «n’a pas permis au liquidateur d’avoir accès aux éléments relatifs à la propriété des lots« . « Il appartiendra aux candidats de procéder aux investigations nécessaires quant à la propriété effective des lots.», prévient Maître Valérie Dutreuilh, avocate de la poursuite.
Un véritable parcours du combattant qui prouve que l’achat de biens immobiliers saisis par la justice n’est pas toujours une bonne affaire. « Sans jeu de mots, c’est le lot des enchères légales», glisse Alix Bernard-Faucon en souriant. Pour éviter les mauvaises surprises, il est essentiel de lire attentivement les documents mis à la disposition des acheteurs (procès-verbal du commissaire de justice et conditions de vente). Sans oublier les visites qui seront organisées le 30 avril pour le domaine des Houilles.
