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un deuxième débat émaillé de raccourcis simplistes de Marion Maréchal et Bardella

Huit têtes de liste pour les élections européennes se sont affrontées lundi 27 mai, lors d’un débat cacophonique sur BFM-TV, six jours après une première élection sur LCI. Ce deuxième débat, organisé deux semaines avant le scrutin, a été l’occasion pour ces huit candidats de s’exprimer sur les sujets du pouvoir d’achat, de l’emploi et de l’industrie, de l’environnement et de l’agriculture, de la défense et enfin des frontières et de l’immigration.

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Si chacun a pu afficher ses valeurs et son positionnement politique, les échanges et invectives incessants entre candidats ont donné lieu à de nombreuses affirmations discutables. La quasi-totalité des déclarations trompeuses ont été faites par les dirigeants du Rassemblement National et de la Reconquête ! listes. Tandis que Jordan Bardella réécrivait l’histoire à plusieurs reprises, Marion Maréchal se livrait à des sorties tout aussi scandaleuses. Anthologie.

Les écologistes ont voté pour un texte contre le travail des enfants

Marion Maréchal a accusé les partis écologistes de ne pas se soucier des conditions d’extraction du cobalt – impliquant le travail des enfants – alors qu’ils soutiennent la production d’énergies renouvelables. Manon Aubry s’y est opposée « devoir de diligence des multinationales », UN texte en faveur duquel la tête de liste LFI et député européen sortant a voté en mars 2021. Les membres du groupe d’extrême droite des Conservateurs et Réformistes européens, auxquels Reconquête ! appartient, en revanche, a voté majoritairement contre ce texte lors de sa dernière directive.

Ce texte impose aux entreprises employant plus de 1 000 personnes et générant plus de 450 millions d’euros de chiffre d’affaires – ainsi qu’à leurs partenaires en amont et en aval – de prévenir, stopper ou atténuer leur impact négatif sur les droits humains et l’environnement. Cela inclut l’esclavage, le travail des enfants, l’exploitation du travail, l’érosion de la biodiversité, la pollution et la destruction du patrimoine naturel.

Le gouvernement a bien défendu l’AECG, même après la crise agricole

Les candidats s’accusent mutuellement d’avoir voté en faveur des traités de libre-échange, l’un des rares domaines réservés de l’Union européenne, très impopulaires en raison de la concurrence qu’ils font peser sur certains agriculteurs. Plusieurs d’entre eux accusaient le parti présidentiel, ici représenté par Valérie Hayer, d’avoir ratifié le CETA, un accord de libre-échange avec le Canada, et même de l’avoir soutenu début 2024 lors de la crise agricole.

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Le CETA a été ratifié en février 2017, lors de la précédente législature et avant même l’élection d’Emmanuel Macron à l’Elysée. Toutefois, les députés élus en 2019 ont été invités à s’exprimer sur plusieurs accords commerciaux avec le Vietnam (2020), la Nouvelle-Zélande (2023), le Kenya et le Chili (2024). Quels que soient les pays tiers avec lesquels l’Union se rapproche, les élus français tiennent la même ligne : seul Renew, le groupe dont font partie les macronistes, vote en faveur de ces textes. Et même après les manifestations paysannes, Emmanuel Macron a défendu le CETA en parlant de« une bonne affaire »avril dernier.

Les voitures électriques, plus polluantes que les voitures thermiques ? Le bluff de Marion Maréchal

Marion Maréchal voit l’interdiction de vente de voitures thermiques neuves à partir de 2035 comme un « hypocrisie ». Le haut de la liste Reconquête ! prétend que construire une voiture électrique « émet deux à trois fois plus qu’une voiture thermique » avant même de conduire. C’est à la fois vrai et trompeur : c’est par l’usage (carburant, usure des pneumatiques, freinage…) que les voitures polluent le plus.

Ainsi, selon les chiffres de la Banque publique d’investissement, si les émissions liées à la fabrication d’une voiture électrique (83,6 g équivalent CO2 par kilomètre (CO éq2/km)) sont en effet le double de la fabrication d’une voiture thermique (40 g CO eq2/km), les émissions à l’usage sont trois à quatre fois inférieures (200 g CO eq2/km pour une voiture thermique, 59,9 pour une électrique), ce qui la rend moins polluante à moyen et long terme.

Résultat ? « Une voiture électrique circulant en France a un impact carbone deux à trois fois inférieur à celui d’un modèle thermique similaire, à condition que sa batterie soit d’une capacité raisonnable », explique l’agence de la transition écologique (Ademe). Il faut 100 000 kilomètres à un SUV électrique, plus consommateur, pour devenir plus écologique qu’une berline compacte diesel, et seulement 15 000 kilomètres pour une citadine électrique.

François Xavier Bellamy était en effet majoritaire au Parlement européen… et dans l’opposition

Jordan Bardella a accusé la tête de liste républicaine d’incohérence, se moquant de son « Syndrome de Stockholm ». Comment François-Xavier Bellamy peut-il se présenter comme appartenant à l’opposition au Parlement européen, alors que LR est rattaché au Parti populaire européen (PPE), le groupe majoritaire au Parlement, et dont l’une des membres, Ursula von der Leyen, est présidente. de la Commission européenne, s’est moqué du favori des sondages ?

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Il est vrai que M. Bellamy appartient sur le papier à la majorité. Mais durant son mandat, le groupe LR s’est démarqué de sa formation mère. Dès avril 2022, François-Xavier Bellamy dénonce « l’impasse » de la stratégie Farm to Fork, pendant agricole et principal pilier du Green Deal initié par Ursula von der Leyen.

Par la suite, après avoir voté en faveur de certains textes portés par le PPE, le groupe LR a voté contre plusieurs projets de loi importants. Il a notamment activement contribué à l’abandon de la loi contre les pesticides, au nom de la défense des agriculteurs. De ce point de vue, François-Xavier Bellamy a paradoxalement été dans l’opposition, tout en faisant partie du groupe majoritaire.

Marion Maréchal et le mythe de la France petit émetteur de gaz à effet de serre

Marion Maréchal a repris un argument classique des opposants aux mesures environnementales : la France ne représente que 1% des émissions de gaz à effet de serre (GES).

À première vue, c’est vrai. Selon les chiffres 2022 de l’Emissions Database for Global Atmospheric Research (EDGAR), la Chine (29,1 %), les États-Unis (11,2 %) et l’Inde (7,3 %) sont les principaux contributeurs aux émissions de GES. La France n’arrive qu’à 20e place au classement (0,8%), juste derrière la Thaïlande (0,86%) et devant le Royaume-Uni (0,79%).

Mais ce classement ne prend pas en compte notre empreinte carbone liée aux produits importés, ni les émissions de GES accumulées depuis le début de l’ère industrielle. Bref, ce chiffre, qui paraît faible, donne une vision trompeuse des responsabilités historiques de la France.

D’une part, la France émet autant, voire plus, de GES car elle importe plus qu’elle ne produit. En 2020, le Haut Conseil pour le climat avait d’ailleurs appelé la France à réduire ses émissions de CO2 liées à ses importations, après une forte augmentation. En revanche, selon le site Carbon Brief, qui calcule les émissions cumulées de gaz à effet de serre depuis 1850, la France se situe à 12e rang mondial. L’Allemagne, la France et le Royaume-Uni réunis montent même sur la troisième marche du podium, juste derrière la Chine et loin derrière les États-Unis, malgré un territoire et une population bien plus modestes.

Les statistiques fragiles sur les viols commis par des étrangers

Les deux têtes de liste d’extrême droite ont assuré que « 77 % des viols » à Paris sont l’œuvre d’étrangers. Certes, ce chiffre existe, mais il ne représente qu’une infime partie d’un phénomène vaste et protéiforme.

En avril 2024, la radio Europe 1 rapportait qu’en 2023, 28 des 36 personnes interpellées pour des viols élucidés commis sur la voie publique à Paris étaient de nationalité étrangère, soit 77 %. Mais ce calcul de coin, sur un tout petit échantillon, occulte tous les auteurs non arrêtés, les viols commis ailleurs que dans la rue, voire ailleurs que dans la capitale, sans même évoquer les nombreux qui n’ont pas été dénoncés.

Comme indiqué Libérer, des chiffres plus complets et représentatifs existent. En 2022, selon le rapport annuel du service statistique du ministère de l’Intérieur (SSMSI), qui fait référence en la matière, plus de 55 000 cas de crimes ou délits de violences sexuelles élucidés (dont 46% pour viol ou tentative de viol). ). viol), 13 % avaient été commis par des inconnus. Loin des 77% agités par l’extrême droite, qui véhicule au passage un stéréotype sur le viol. « On a souvent cette idée de viol commis par un monstrueux inconnu, dans un espace public »ainsi analysé en 2019 dans Le monde Valérie Rey-Robert, auteur de l’essai Une culture française du viol. Du « kit de serviteur » à la « liberté d’ennuyer » (Libertalia, 2019). En réalité, 90 % des viols sont commis par des proches de la victime.

Le raccourci accusateur de Bardella sur les dossiers d’immigration

Jordan Bardella a imputé la responsabilité du bilan en matière d’immigration à la présidence d’Emmanuel Macron et à son gouvernement « légal et illégal » que la France aurait battu en 2023.

Les demandes d’asile ont effectivement culminé en France en 2023, avec 142 500 procédures, soit une hausse de 8,6 % par rapport à 2022. Un niveau qui est toutefois inférieur aux hausses observées en Allemagne (+51 %). et en Espagne (+37%). 17 500 demandes provenaient de réfugiés afghans en France. Ce chiffre reflète néanmoins davantage l’augmentation des déplacements forcés qu’un choix politique du gouvernement.

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La France a délivré 323.260 premiers titres de séjour en 2023 – là encore un record, mais plus mesuré, puisque la hausse n’est que de 1,4% par rapport à 2022, où 316.174 premiers titres de séjour avaient alors été délivrés, selon le rapport annuel sur l’immigration du ministère de l’Intérieur. Difficile d’attribuer ce chiffre au seul crédit ou au discrédit du gouvernement : la tendance est à la hausse depuis 2007, selon l’Insee.
Le gouvernement a justifié ces augmentations par des raisons économiques et par une augmentation du nombre d’étrangers employés. Le nombre de régularisations de sans-papiers en 2023 est, quant à lui, quasi équivalent (+0,3%), à un peu plus de 34.000.

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Cammile Bussière

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