un déficit abyssal en 2025
Une détérioration rapide du déficit de la Sécurité sociale
Le déficit de la Sécurité sociale pour 2024, initialement estimé à 10,5 milliards d’euros, a déjà été révisé à 18,5 milliards d’euros, selon les dernières prévisions. Cette situation préoccupante pourrait s’aggraver l’année prochaine, avec un déficit qui pourrait atteindre 28,4 milliards d’euros en 2025. Ce montant représente 0,9% du produit intérieur brut (PIB) de la France, contre 0,6% en 2024 et 0,4% en 2023, selon un rapport consulté par Le Figaro.
Cette dégradation du déficit s’explique avant tout par une hausse des dépenses (+3,8%) plus rapide que la croissance des recettes (+2,3%). Les dépenses de la Sécurité sociale, notamment en matière de santé et de retraite, continuent d’augmenter, tandis que les recettes, principalement issues des cotisations sociales, peinent à suivre. Cette situation met en évidence la fragilité financière du système de protection sociale français.
Le rapport de la Commission des comptes de la sécurité sociale souligne que ce sont principalement les branches maladie et vieillesse qui creusent le déficit. Le secteur de la santé devrait afficher un déficit de 18,7 milliards d’euros en 2025, tandis que celui des régimes de retraite de base et du Fonds de solidarité vieillesse (FSV) pourrait atteindre 10,3 milliards d’euros.
Un budget 2025 sous pression
La situation de la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (CNRACL), qui gère les retraites des fonctionnaires locaux et hospitaliers, est également préoccupante. Son déficit pourrait passer de 2,5 milliards d’euros en 2023 à 4,8 milliards d’euros en 2025, si aucune mesure correctrice n’est mise en place.
La CNRACL souffre d’un déséquilibre structurel. Le nombre de départs à la retraite augmente, tandis que celui des nouveaux membres reste stable voire diminue. Le rapport met en garde contre un déficit potentiel de 11 milliards d’euros d’ici 2030, à moins d’une réforme en profondeur du système. Une augmentation des cotisations patronales est déjà prévue dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour tenter d’endiguer cette spirale.
Face à ce constat, le gouvernement a présenté un projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025 visant à limiter la hausse des dépenses, notamment dans le domaine de la santé.. L’objectif national de dépenses de santé (Ondam) sera plafonné à 2,8%, contre 3,3% en 2024. Cette mesure semble cependant insuffisante pour contenir la hausse des charges sociales, qui dépasse largement la croissance de l’économie française.
Le gouvernement espère ainsi réduire le déficit à 16 milliards d’euros en 2025, mais cette prévision dépendra des débats à l’Assemblée nationale et des ajustements qui pourraient être apportés au budget. L’enjeu reste majeur : réformer en profondeur un système qui continue de plonger dans le rouge sans nuire aux services publics essentiels.