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un créateur français de films d’animation jugé pour des centaines d’actes pédopornographiques sponsorisés en ligne

Après quatre ans d’enquête, cet homme de 59 ans comparaît depuis mardi devant la cour d’assises de Paris, notamment pour « complicité de viols sur mineurs » et « traite des êtres humains ».

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L'accusé, qui comparaît à partir du 29 octobre 2024 devant la cour d'assises de Paris, risque la réclusion à perpétuité (photo d'illustration). (HENRIQUE CAMPOS / HANS LUCAS / AFP)

Lilo et Stitch, Le Bossu de Notre-Dame, Les Indestructibles, Ratatouille, Là-haut… Son nom apparaît au générique des succès mondiaux du cinéma d’animation. Pourtant, en dehors des studios Disney et Pixar, ce graphiste français reconnu par la profession est soupçonné d’avoir dissimulé de sombres pratiques. L’homme de 59 ans comparaît à partir de mardi 29 octobre devant la cour d’assises de Paris, notamment pour « complicité de viols sur mineurs » et « traite des êtres humains ». Il est accusé d’avoir ordonné depuis son ordinateur plusieurs centaines d’actes de pédopornographie sur des petites filles philippines.

Pour les autorités, l’affaire a débuté le 25 janvier 2020, à l’aéroport de San Francisco (États-Unis), selon un document judiciaire auquel franceinfo a pu accéder. Un voyageur s’apprête à prendre l’avion pour se rendre en France, mais le contrôle ne se déroule pas comme prévu. Les services américains ont découvert que le Français avait menti : lors de sa demande de visa, il affirmait n’avoir aucun casier judiciaire. Il est cependant inscrit au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes, après avoir été condamné en 2014 par la justice française pour agression sexuelle sur sa belle-fille, âgée de 8 ans au moment des faits. Par ailleurs, il avait fait l’objet, un an plus tôt, d’un rapport de l’agence Europol, qui détectait « mouvement suspect de fonds vers les Philippines »selon les juges d’instruction.

Son téléphone est immédiatement saisi. Il contient des images pédopornographiques mettant en vedette des filles asiatiques. Une longue enquête commence alors : une demande d’aide internationale est lancée, le matériel est rapatrié à l’ambassade américaine en France puis remis aux autorités françaises en juin 2021. Les enquêteurs tentent de localiser son propriétaire, qui finit par se présenter au tribunal. commissariat de police le 4 octobre 2021. Il est placé en garde à vue. Dans la foulée, son lieu de travail est perquisitionné, ce qui permet l’analyse de ses téléphones portables et de son disque dur. Les données qu’ils contiennent laissent penser aux enquêteurs que l’homme participe à des viols d’enfants « livestreamés » : ils se déroulent en direct sur Internet et se déroulent derrière un écran.

Dès sa première audition, celui qui se décrit comme « un vrai pédophile » admet s’être masturbé « devant les spectacles d’enfants philippins (de 3 à 15 ans) qui est soumis à la torture, au viol avec les doigts ». Derrière ce « nous » se trouvent des adultes philippins, en majorité des femmes. « très pauvre »qui exécute ses instructions. En échange d’argentils satisfont ses désirs « leur fille, une fille de la rue ou une fille des voisins ». L’accusé reconnaît avoir été « au moins en contact avec 24 femmes différentes »qui a commis des abus sexuels sur des enfants à sa demande.

Lors de ces délits pédocriminels, organisés sur WhatsApp ou Skype, il exige de voir les parties intimes des filles, et que l’adulte les pénètre avec ses doigts. « J’ai dit (…) aux mères d’écarter les jambes des enfants (…), pervers comme j’étais, je voulais voir »a-t-il lâché aux enquêteurs. Il appelle également à des actes sadiques, comme la mise en scène de tortures avec un couteau, du ruban adhésif, une corde ou même un bâton. Son souhait d’aller « à l’extrême limite » éprouve un sentiment de « dégoût » ce qui le pousse à couper la caméra dans les cas où des adultes acceptent de commettre de tels abus, affirme-t-il lors d’une audience.

L’homme est conscient de la détresse de ses victimes, qu’il décrit aux enquêteurs comme « effrayé » au vu de la « le mouvement de leurs jambes ». « Je m’en fiche si elle pleure. » : dit-il dans l’une des vidéos découvertes, alors que l’adulte est en train de violer la petite fille. Il se réfère aux enfants comme « porcs » dans des conversations, selon les témoignages des enquêteurs.

« Mettez un t-shirt dans la gueule du cochon comme ça, il ne criera pas. »

L’accusé, lors d’un viol diffusé en direct

dans un document consulté par franceinfo

Caché derrière son écran d’ordinateur, il voit sans être vu, ce qui lui donne un sentiment de« excitation voyeuriste», raconte-t-il lors d’une audition. Il lui suffit d’agiter ses doigts au-dessus de son clavier pour établir sa commande, puis de se masturber. « une fois sur deux en éjaculant »selon lui.

Il précise avoir dépensé 10 000 euros, à raison de trois ou quatre rendez-vous en ligne par semaine depuis 2016. Les enquêteurs ont établi le montant des transactions vers les Philippines à plus de 50 000 euros. L’accusé justifie cet écart par la possibilité que cet argent était destiné à « autre chose que le sexe » Ou « aux spectacles pour adultes »selon les juges d’instruction. Lors d’une audience, il affirme avoir fait varier le prix de ces actes pédopornographiques « entre 30 et 100 euros ». Il affirme également qu’il a parfois refusé de payer les sommes convenues parce que les femmes n’exécutaient pas ses instructions ou faisaient semblant de le faire.

Interrogé sur les raisons qui l’ont poussé à commettre les actes qu’il décrit, il évoque un tournant en 2009, après son divorce et le décès de sa mère. C’est durant cette période qu’il affirme avoir commencé à agresser sexuellement la fille de sa nouvelle compagne et à regarder de la pédopornographie en ligne. Selon ses déclarations et celles de sa seconde épouse, leur vie intime est inexistante depuis 2015, année de naissance de leur dernier enfant. Père de deux fils, le graphiste semble unanimement apprécié de son entourage, qui le décrit comme « gentil » Et « bienveillance ». La plupart de ses proches ont fait part aux enquêteurs de leur surprise face aux faits qui lui sont reprochés.

Affirmant avoir pris conscience de son addiction à ce type de vidéo, il a entamé une thérapie de groupe et un suivi psychologique après son arrestation. « Je devrais finir mes jours en prison, parce que c’est horrible de profiter de la faiblesse des gens pour blesser enfants », affirme-t-il désormais. Et si les autorités américaines ne l’avaient pas repéré ? Il répond d’abord qu’il aurait continué à parrainer des abus sexuels sur enfants, avant de tenter de nuancer : peut-être aurait-il réussi à arrêter les « livestreamings » s’il avait repris une vie sexuelle conjugale.

Après avoir été condamné à deux ans de prison pour les agressions contre sa belle-fille, il risque cette fois la perpétuité. « Il y va pour assumer la responsabilité de ses actes. »affirme Romain Ruiz, qui se défend aux côtés de Jane Peissel.

« Mon client considère ce cas comme un moment important de sa thérapie. Il a l’intention de comparaître coupable à cette audience.

Romain Ruiz, avocat de l’accusé

sur franceinfo

L’avocat considère cette affaire comme « un fichier frontière », parce qu’il s’agit de « un des premiers cas de complicité de viol par ‘livestreaming’ jugé devant une cour d’assises ». Il espère que les jurés pourront travailler « un écrin de sérénité » trouver « la bonne réponse pénale à ce type d’acte ».

Malgré les investigations menées, l’identité des victimes reste inconnue. Toutefois, les bancs des parties civiles seront occupés par au moins cinq associations de défense des droits des enfants, selon Romain Ruiz. Parmi eux, L’Enfant bleu, qui, dans un communiqué publié le 23 octobre, « demande des actions concrètes et immédiates pour stopper la diffusion de ces contenus sur le web et en traquer davantage effectivement des criminels ». « Au-delà de cette sordide affaire »l’association entend « appeler les décideurs et l’opinion publique sur l’urgence de mobiliser tous les moyens nécessaires pour lutter contre la pédocriminalité en ligne ». Céline Astolfe, avocate de la Fondation de l’Enfance, souhaite « porter la voix de ces enfants qui ont vécu des violences indicibles ». Il lui semble essentiel de « ne laissez pas les bancs des parties civiles vides dans un tel cas ».

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