Alors imaginez, vous faites des travaux chez vous et vous découvrez une petite poterie. Dans cette poterie, il y a un petit sac en tissu, et dans ce sac : 2 000 pièces de plus de 700 ans ! C’est l’incroyable découverte faite par un couple des Deux-Sèvres, à Xaintray, au nord de Niort.
Une découverte qui remonte à mars 2022, mais qui vient tout juste d’être officialisée. Les inventeurs – c’est le nom donné à celui qui découvre un trésor – souhaitent rester anonymes, mais leur trésor permettra d’éclairer un peu plus l’histoire du XIVe siècle et de la guerre de Cent Ans.
2 000 pièces françaises, anglaises, écossaises et irlandaises
Le trésor a probablement été accumulé en quelques années, pas beaucoup plus, par un riche propriétaire terrien. Assez riche en tout cas pour posséder des pièces d’argent, pas assez en revanche pour avoir de l’or, explique Arnaud Clairand, numismate et chercheur associé au centre d’études supérieures de civilisation médiévale de Poitiers. La DRAC, Direction Régionale des Affaires Culturelles, informée immédiatement ou presque de la découverte, lui a confié la mission de restaurer et d’étudier le contenu du sac.
A l’intérieur, les monnaies les plus anciennes furent frappées en 1266 sous Saint-Louis, les plus récentes furent frappées en 1352. « Nous plaçons la date d’enterrement de ce dépôt monétaire au cours de la seconde moitié de l’année 1352 » il explique.
Arnaud Clairand (CGB.fr).
Le trésor contient Des pièces françaises, mais aussi anglaises, écossaises et même irlandaises. En effet, il fut caché en pleine guerre de Cent Ans, alors même que le duché d’Aquitaine appartenait aux Anglais. « Nous avons des représentations de rois, notamment sur les monnaies anglaises où le roi est généralement représenté de face, couronné. C’est une représentation stylistique du roi » explique Arnaud Clairand, qui poursuit « pour les monnaies royales françaises en argent, c’est absolument différent : on a plutôt une référence à la religion chrétienne, avec toujours la présence d’une croix et des inscriptions en latin d’un côté, et de l’autre côté souvent une représentation d’un roi, une couronne, ou un motif Châtel Tournois qui serait à l’origine la représentation de la chasse de Saint-Martin de Tours ».
Comment ce trésor éclaire l’Histoire
L’étude du contenant permet d’établir que les pièces ont été rapidement sauvées, et le trésor constitué en quelques années. L’analyse numismatique, actuellement en cours, clarifie et met déjà en perspective certaines données connues sur cette période.
En effet, pour étudier et comprendre ce trésor, Arnaud Clairand se plonge dans les archives et documents d’époque : « on a des frappes de monnaies qui n’étaient pas connues, qui apparaissent. Il y a des monnaies qui ont été datées des années 1360 par les numismates et qui sont présentes dans ce trésor de 1352 ? donc il y a des chronologies qu’il faut revoir et par effet boule de neige, cela changera aussi certaines datations des contextes archéologiques, avec des pièces datées antérieurement par rapport à ce que l’on pensait.
Arnaud Clairand (CGB.fr).
Que faire si vous trouvez un trésor ?
Si vous trouvez un trésor, vous devez contacter et vous signaler à la DRAC. Deux lois sont en vigueur, une de 1941 et une plus récente de 2016, explique Arnaud Clairand :
La loi de 1941 : si vous le trouvez par hasard, ce doit être le hasard, donc sans utiliser de détecteur de métaux, vous êtes considéré comme un inventeur. Ainsi, selon la loi de 1941, vous disposez de la moitié de la caution monétaire, l’autre moitié appartient au propriétaire du terrain.
La loi de 2016 : pour tout terrain acheté après juillet 2016, la totalité du trésor, s’il présente un intérêt scientifique, est présumé appartenir à l’État. Donc dans ce cas, il n’y a plus aucun droit en tant qu’inventeur, plus aucun droit en tant que propriétaire du terrain.
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