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Un « coup dur » : les producteurs de lait en colère après la décision de Lactalis de réduire ses collectes

Les producteurs de lait sont sous le choc depuis mercredi soir. Le groupe Lactalis, premier groupe laitier au monde et client majeur des opérateurs français, a annoncé qu’elle réduirait progressivement les volumes destinés aux marchés internationaux pour « pour se recentrer sur les produits de grande consommation français », mieux valorisé. Dès fin 2024, Lactalis réduira « de l’ordre de 450 millions de litres » sa collecte annuelle.

Cette annonce est vécue comme « une explosion » dans le monde laitier, selon les mots du patron de la FNSEA, Arnaud Rousseau. Déjà confrontés à une crise du lait et à des prix qu’ils jugent trop bas, les producteurs rencontrés par les stations locales du réseau France Bleu sont «en colère » et craignent une baisse inévitable des revenus.

Une décision incompréhensible et brutale pour les éleveurs

En Haute-Saône, où 57 producteurs vont subir le retrait de Lactaliscette nouvelle est « coup de tonnerre » pour l’association des producteurs de lait livrant à Lactalis (APPLAGE), « Nous ne nous y attendions pas » confirme Yohan Barbe, agriculteur vosgien et président de la Fédération nationale des producteurs de lait, sur France Bleu Sud Lorraine. À la brutalité de l’annonce s’ajoutent des arguments incompréhensibles pour les professionnels : « C’est étrange parce qu’on entend tout le temps que dans quelques années, la France ne sera plus autosuffisante en lait, qu’il y a de moins en moins d’agriculteurs, que le nombre de producteurs laitiers est en baisse permanente, mais à côté de ça… vous j’ai besoin de moins de lait !s’indigne Antoine Di Santantonio, un jeune agriculteur de Vallerois-le-Bois (Haute-Saône) France Bleu Besançon.

Yohann Barbe, porte-parole de la FNSEA et président du syndicat des producteurs laitiers vosgiens
Yohann Barbe, porte-parole de la FNSEA et président du syndicat des producteurs laitiers vosgiens © Radio-France
Arthur Blanc

Cette décision ne surprend pas Yohann Serreau, président du Syndicat national des éleveurs de Lactalis (Unell). Interrogé sur France Bleu Mayenne ce vendredi, il affirme que «Emmanuel Besnier (le directeur de Lactalis, ndlr) nous l’a lui-même annoncé au Salon de l’agriculture en février.

Mais il dénonce aujourd’hui la rapidité excessive des décisions et manque de négociations : « Il a fallu travailler sur les modalités pour mettre en œuvre cette réduction des volumes » insiste-t-il. Au lieu d’avoir des discussions entre les organisations de producteurs et le groupe Lactalis, Lactalis est arrivé en définissant des zones d’arrêt de collecte. déplore Yohann Serreau. La réduction des volumes touchera en premier lieu les exploitations de l’Est de la France et du sud des Pays de la Loire. « A très court terme, un peu plus de 270 producteurs sont concernés. A plus long terme, le plan de réduction de Lactalis concernera plus de 700 éleveurs. assure le président de l’Unell.

Des producteurs avec des prêts sur le dos

Germain Blaise, producteur laitier à La Chapelle-aux-Bois (Vosges) sera de ceux-là. Il craint désormais de perdre la majorité de ses revenus : « Si on supprime la production laitière de mon exploitation, 80 % de mon chiffre d’affaires disparaît. » précise le coprésident des Jeunes Agriculteurs du département. Cependant, comme tous les producteurs comme lui, il doit payer ses factures et subvenir aux besoins de ses proches : « Nous avons tous des rentes, nous avons tous des prêts, nous avons tous des familles. » » confie-t-il à France Bleu Sud Lorraine.

Germain Blaise, producteur laitier à La Chapelle-aux-Bois, co-président du syndicat des Jeunes Agriculteurs 88.
Germain Blaise, producteur laitier à La Chapelle-aux-Bois, co-président du syndicat des Jeunes Agriculteurs 88. © Radio-France
Marie Roussel

En Haute-Saône, Antoine Di Santantonio, qui produit 6 000 litres de lait par jour, rappelle aussi que la décision de Lactalis remet en cause certains choix financiers des producteurs qui mettent beaucoup d’argent sur la table. pour moderniser leurs opérations : « Cela va compliquer les choses, car un certain nombre d’entre nous travaillent à la ferme et nous avons fait des investissements en adéquation avec la production, précise-t-il. Ce sera très compliqué si demain on nous dit qu’il faudra faire 10% de moins que (notre) référence.» Son collègue Louis Wicky estime que Lactalis ne respecte pas le métier : « Comment sommes-nous considérés, nous les éleveurs ? Sommes-nous pris pour des producteurs de lait ? Fournisseurs de matières premières ou sommes-nous des chiffres ? se demande-t-il, scandalisé en évoquant les nombreux problèmes auxquels les agriculteurs sont déjà confrontés, comme « La fièvre catarrhale, le loup » Et « toutes contraintes administratives ». « C’est vraiment le coup de marteau » se désole le jeune éleveur.

Nicolas Mauffrey, Louis Wicky et Antoine Di Santantonio, producteurs de lait en Haute-Saône, font part de leurs inquiétudes après l'annonce de Lactalis
Nicolas Mauffrey, Louis Wicky et Antoine Di Santantonio, producteurs de lait en Haute-Saône, font part de leurs inquiétudes après l’annonce de Lactalis
Nicolas Mauffrey / Charlotte Schuhmacher (Radio France)

La priorité : trouver une alternative à Lactalis

Si la réduction des collectes Lactalis se fera progressivement et que l’entreprise prévoit un délai de douze mois pour que les agriculteurs se retournent, ils essaient déjà de trouver des solutions de repli. « Nous n’avons pas le choix », assure Nicolas Mauffrey, le vice-président en Haute-Saône d’APPLAGE. LE Le lait est la principale source de revenus. S’il n’y a pas de nouveau collecteur pour ces producteurs, c’est tout un territoire qui sera à l’arrêt. » il est alarmé. Mais pour Germain Blaise, éleveur vosgien, le délai est trop court : «On ne change pas d’acheteur de lait comme on change de magasin de chaussures. Cela demande quand même beaucoup d’organisation. Yohan Barbe, président de la Fédération nationale des producteurs de lait, promet de tout faire pour aider ses confrères : « Nous ne laisserons personne sur le bord de la route. Nous organiserons rapidement des rencontres territoriales et rencontrerons les transformateurs privés et coopératifs pour trouver des solutions immédiates », dit-il sur France Bleu Sud Lorraine.

Les agriculteurs peuvent également compter sur le soutien de certains consommateurs français. Sur France Bleu Besançon, Elisabeth estime qu’il faut « Boycotter Lactalis » et ses produits. « C’est nous qui devons soutenir nos agriculteurs »dit-elle en promettant qu’elle achètera son lait directement aux producteurs.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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