La nouvelle a été annoncée aux organisations de producteurs mercredi après-midi, le 25 septembre 2024. Dès la fin de l’année 2024, Lactalis réduira « de l’ordre de 450 millions de litres » sa collecte annuelle en France. Pour amortir l’impact de cette décision » difficile « le groupe s’engage à réduire les volumes « soit progressivement entre 2024 et 2030 ».
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La première étape de cette réduction portera sur 320 millions de litres, afin de permettre à Lactalis « se recentrer sur les produits de consommation français »L’industriel entend ainsi réduire la part du lait collecté pour être transformé en ingrédients industriels destinés aux marchés internationaux, sous réserve de risques importants.
De l’Est aux Pays de la Loire
Selon la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL, branche lait du syndicat FNSEA), 151 producteurs de l’Est et 121 des Pays de la Loire, de Vendée et du Maine-et-Loire seraient concernés par cet arrêt de collecte. Pour ces éleveurs, il faudra trouver un contrat avec une autre laiterie pour continuer à avoir leur collecte.
« Lactalis remet en cause la production laitière nationale, alors qu’elle a été construite sur elle. Comment peut-on prendre une telle décision alors que l’on se demande comment renouveler les agriculteurs à la tête des exploitations ? Lactalis a choisi de faire produire son lait ailleurs qu’en France. Quand demain il aura besoin de volumes, elle ira s’approvisionner à l’étranger. », Brice Guyau, président de la FDSEA de Vendée, s’est ému ce matin.
Unicoolait perd son seul client
A ces éleveurs directement concernés s’ajoutent les 238 producteurs de la coopérative Unicoolait en Moselle. Cette dernière, créée en 1954, est un partenaire historique de Lactalis, avec qui elle travaille depuis plusieurs décennies. Contactée ce matin, la direction n’a pas souhaité commenter cette annonce. « Les nouvelles sont très fraîches, mais nous avons six ans pour trouver des solutions »elle explique cependant.
Le contrat avec le fabricant court jusqu’à fin 2030. D’ici là, Unicoolait devra trouver des débouchés pour les 160 millions de litres de lait collectés pour Lactalis… son unique client.
Une autre annonce à venir ?
L’incertitude qui entoure la deuxième étape de cette stratégie de réduction de la collecte, qui portera sur un volume de 130 millions de litres, inquiète également les syndicats et les éleveurs. Lactalis n’a donné aucune information sur ses modalités.
« Nous ne savons pas si cette baisse se fera avec la baisse naturelle des encaissements (départs à la retraite, cessation d’activité, etc.) ou s’il y aura de nouvelles annonces de Lactalis dans les prochains mois. »demande Benjamin Guillaumé, directeur de la FNPL. Ce dernier a également demandé à Lactalis un délai plus long pour identifier des alternatives à cette « coup de marteau »La question des producteurs de lait bio est particulièrement préoccupante : ils sont peu nombreux et les collectes sont compliquées à rationaliser.
Des actions bientôt ?
Cette annonce de l’industriel donnera-t-elle lieu à de futures actions syndicales ? La FNSEA ne l’a pas annoncé ce matin, précisant qu’elle œuvrait d’abord à soutenir les agriculteurs. « C’est un choc pour l’industrie laitière »a également affirmé Arnaud Rousseau, le patron du syndicat majoritaire, Infos sur la France. « Quand on est récupéré par le numéro 1 mondial, on a le sentiment d’être avec quelqu’un de solide et pourtant il y a des marchés mondiaux »il a également commenté.
En janvier dernier, les mobilisations d’agriculteurs réclamant un meilleur prix pour le lait de Lactalis avaient contribué à déclencher une poudrière dans les campagnes, peu avant les premières manifestations d’ampleur dans le pays.