Un combat de rue organisé malgré l’interdiction au Port
Une centaine de jeunes se sont rassemblés ce vendredi soir au Port pour une « mouringué« , entraînant par la suite des incidents de violences urbaines avec des lapidations des forces de l’ordre intervenues dans la soirée. Une intervention qui a nécessité le recours à des renforts pour disperser les participants de la manifestation.
LE « mouringué« , sport de combat pratiqué principalement sur l’île aux parfums, aux Comores et à Madagascar, se déroule traditionnellement pendant le mois de Ramadan (voir par ailleurs). Problème : la pratique avait été formellement interdite par le préfet de la Réunion lors de ce pont de Pâques, de Du vendredi 29 mars au mardi 2 avril inclus.
Une interdiction à laquelle s’est ajoutée celle du port et du transport d’armes, toutes catégories confondues, jusqu’au lundi 1er avril toutefois. Une batterie de mesures restrictives mises en place pour «prévenir les troubles à l’ordre public suite aux récentes violences urbaines dans plusieurs communes du département » ont justifié les services de l’Etat la semaine dernière.
En ligne de mire : les multiples rassemblements d’individus observés dans différentes villes de l’île, parfois armés de sabres ou de machettes comme en témoignent les nombreuses vidéos partagées sur les réseaux sociaux. Des faits dont nous avons parlé ces dernières semaines dans nos colonnes et notamment suite à la violente rixe qui a eu lieu au Chaudron dans la soirée du 6 mars. Un jeune homme a alors reçu un coup de sabre à la tête et s’est retrouvé entre la vie et la mort. pendant 48 heures.
Des personnes blessées par balle
Un contexte de montée des violences urbaines qui a donné lieu mercredi dernier à une réunion entre une dizaine de maires réunionnais pour dénoncer «d’une seule voix » Ce phénomène qui inquiète élus et citoyens. Un rassemblement d’élus initié quelques jours après les événements du week-end du 23 et 24 mars à Saint-Benoît dans le quartier Bras-Fusil.
Un groupe d’une trentaine de jeunes, dont des mineurs, venus d’autres villes de l’île s’était rendu dans la ville de l’Est avec la ferme intention de se battre. Une trentaine de véhicules ont été gravement endommagés, provoquant le désarroi des habitants du quartier. Sur place, certains témoins ont parlé d’un « mouringué« , organisé à Saint-André quelques jours auparavant, comme étant à l’origine de la descente des bandes de jeunes.
LE « mouringué« , le dénominateur commun semble-t-il des violences qui avaient éclaté dans le quartier, selon les éléments communiqués cette semaine par la préfecture. Évoquant une bagarre de rue organisée cette fameuse soirée du 23 mars à Bras-Fusil. La manifestation s’était rassemblée autour une centaine de spectateurs »,conduisant au blocage de la circulation, puis provoquant un affrontement entre bandes d’individus armés de barres de fer et de sabres » services de l’Etat développés. Bilan, outre la trentaine de véhicules accidentés : « Deux personnes blessées, dont une dont le pronostic vital est engagé, par balle. »
D’autres combats de rues ont ensuite été annoncés dans plusieurs communes de l’île, a précisé la préfecture pour justifier l’interdiction de ces manifestations durant ce long week-end. Rappelant au passage que ces délits de port d’arme prohibé et de violences en réunion étaient punis de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende.
Céline Legay
> Le « Mouringué », un sport populaire combattu par les autorités
Pratiqué principalement sur l’île aux parfums, aux Comores et à Madagascar, le « mouringué » a été introduit à La Réunion dans les années 90. Ce sport de combat allie traditionnellement danse et coups de poing, « en train de mourir » se battre en duel au rythme des percussions et sous le regard bienveillant d’un arbitre. Un art martial où il est interdit de viser les organes vitaux de son adversaire. Des combats tantôt violents, tantôt « bon enfant » à l’origine, avec des accolades amicales à la fin de chaque duel.
Les manifestations de cette pratique populaire, vieille de plusieurs siècles, sont cependant parfois sujettes à des excès. C’est pourquoi ce sport est combattu par les autorités depuis plusieurs années. Notamment à Mayotte, où son interdiction est régulièrement annoncée d’année en année pendant le mois de Ramadan, que ce soit par arrêté municipal ou préfectoral. A l’image de son interdiction lors de ce week-end de Pâques à La Réunion, mais aussi à Brest en France métropolitaine ces mêmes jours, alors que des bagarres de rues avaient été observées le week-end précédent dans la cité bretonne.
> Chèques à Bras-Panon et Saint-André
Suite aux épisodes de violences urbaines survenus les 22 et 23 mars, le préfet de La Réunion, Jérôme Filippini, a pris une série de mesures pour prévenir les troubles à l’ordre public en interdisant le port d’armes et les combats. rue pendant ce long week-end. Ces mesures se sont accompagnées d’une opération de contrôle coordonnée à Saint-André et Bras-Panon ce samedi 30 mars de 20 heures à minuit. « L’objectif était de vérifier que les arrêtés préfectoraux étaient respectés afin d’éviter les risques de nouveaux affrontements entre bandes d’individus armés, et, d’autre part, que les règles de sécurité routière étaient également respectées par les usagers de la route. route« , ont développé les services de l’Etat ce dimanche. La police a relevé trois délits de port d’arme, onze de détention de stupéfiants, dix de conduite sous stupéfiants et neuf sous l’emprise d’un état alcoolique. L’opération a mobilisé 56 militaires de gendarmerie et huit policiers. Près de Au total, 600 véhicules ont été contrôlés.