« un cataclysme » pour ces producteurs de lait de Haute-Saône

Le groupe Lactalis a provoqué une explosion dans le monde agricole, en annonçant une réduction de 9% de ses collectes de lait auprès des producteurs. En Haute-Saône, la fermeture d’un centre laissera sur place 57 producteurs.

La nouvelle est tombée, comme un « coup de tonnerre pour l’industrie » rapporte Emmanuel Aebischer, président de la FDSEA Haute-Saône. D’ici 2030, le géant laitier Lactalis va réduire ses collectes de lait de 8,8%, a annoncé le groupe à la filière laitière française ce mercredi 25 septembre.

Une décision qui impactera certaines régions beaucoup plus durement que d’autres, et privera les agriculteurs de la totalité de leurs revenus.

C’était une annonce violente

Nicolas Mauffrey, éleveur touché par l’arrêt des collectes

En Haute-Saône, une cinquantaine de producteurs de lait sont concernés par la décision de Lactalis : ceux concernés par le centre de collecte de Xertigny dans les Vosges. « C’est un territoire très vaste, c’est la moitié nord du département, une partie dans les Vosges et une partie en Haute-Marne » décrit Nicolas Mauffrey, vice-président de l’Association des producteurs de lait livrant Lactalis dans le Grand Est (APLLAGE). Lui-même s’inquiète : « il doit y avoir 150 producteurs sur le territoire ». En Haute-Saône, Lactalis collecte 30 % de la production du département.

« C’est une dénonciation du contrat de collecte », explique Emmanuel Aebischer, « Le 1er janvier 2026, ils cesseront de collecter. » Les camions Lactalis qui transitent quotidiennement dans cette zone ne circuleront plus sur les routes. « Les producteurs qui n’ont pas trouvé de laitier seront sur le bord de la route. »

« Nous ne nous attendions pas du tout à cela. » soupire Nicolas Mauffrey. L’éleveur laitier du secteur Luxueil-les-Bains était présent à la réunion où Lactalis a annoncé sa décision. « Nous savions depuis plusieurs mois qu’ils travaillaient à la réduction des volumes en France, nous avions imaginé beaucoup de scénarios, mais pas celui-là. »

« Ils ont pris la solution extrême » se lamente l’agriculteur. « Ce n’est pas un producteur ici et là, c’est vraiment toute une zone qu’ils vont arrêter de collecter. » Dans ce secteur de la Haute-Saône, la collecte n’est pas « pas facile », les fermes sont isolées.

Après le choc, le secteur va devoir se réorganiser : « on va regrouper les producteurs assez rapidement, on fera tout pour leur trouver un collectionneur » dit Emmanuel Aebischer. «On va retrousser nos manches» confirme Nicolas Mauffrey.

La tâche s’annonce immense, dans un an seulement, mais pour l’éleveur laitier, ne pas trouver de solution est une erreur. « inimaginable ». « Ce serait catastrophique » décrit Nicolas Mauffrey, « un cataclysme ». « Dans Dans cette région, on ne peut pas produire autre chose que du lait. » explique Emmanuel Aebischer

Si certains éleveurs parviennent à vendre leur production à un nouveau collecteur de lait, le secteur laitier devra peut-être trouver de nouveaux débouchés, en quelques trimestres seulement.