Un cadeau du ciel venu de Suisse. David Pichot, boulanger à Blotzheim dans le Haut-Rhin, n’en revient toujours pas. Lorsque son électricité a été coupée, l’artisan était dans la panade, incapable de régler une facture pour l’année 2023-2024 s’élevant à 94 000 euros. Jusqu’à ce qu’il reçoive 90 000 euros du Grand Casino de Bâle. « Ma première réaction ? On ne pensait pas que c’était grave, on s’est posé beaucoup de questions. Ils sont venus nous voir car ils n’arrivaient pas à nous joindre, même par mail, puisque l’électricité était coupée. Ils sont venus m’annoncer la bonne nouvelle. C’est impressionnant, ils ont vraiment tout fait pour me retrouver et ça s’est concrétisé très rapidement. On va même travailler sur différents projets, ça me fait vraiment chaud au cœur », confie David Pichot.
L’artisan avait en effet fermé ses portes pendant treize jours après la coupure de courant sur son site de production de Blotzheim, avant que ce généreux donateur suisse ne lui fasse ce cadeau inattendu. De quoi réchauffer le cœur du boulanger, et ses fours. Incapable de produire du pain et des viennoiseries, l’Alsacien avait été contraint de fermer ses sept boulangeries, ne pouvant plus approvisionner ses différents points de vente, comme les bureaux de tabac, les cafétérias d’usine ou les maisons de retraite… « Malheureusement, nous avons perdu des clients car nous ne pouvions plus les approvisionner… Ils ont dû trouver d’autres fournisseurs. Treize jours de fermeture, c’est long », souligne le boulanger. Un gros manque à gagner pour l’artisan qui, à l’arrêt, est allé voir le président de la CCI Mulhouse et a contacté une sénatrice du Haut-Rhin, Patricia Schillinger, pour trouver de l’aide.
Une histoire transfrontalière et sincère
« Ça a été un vrai combat pour trouver un accord avec EDF pour rouvrir. Mais ensemble, on a réussi à trouver un accord. J’ai dû payer 30 000 euros en un seul virement pour récupérer le courant », explique le boulanger. « Grâce à l’aide d’amis, d’entreprises avec lesquelles je travaille depuis vingt ans, ils ont tous mis la main à la poche, on a pu rouvrir et sauver des emplois. Mais j’ai quand même dû payer 25 000 euros supplémentaires le 15 juillet. C’était donc impossible et la réouverture aurait été de courte durée si le casino n’était pas intervenu pour nous sauver la vie. C’est le soutien du casino qui nous permet de payer la totalité de la somme. Ça a été fait mercredi matin et juste après le virement à EDF. »
C’est en lisant la presse que le propriétaire a découvert l’histoire de ce boulanger. « Le Grand Casino est implanté dans la région depuis plus de vingt ans, explique Adrian Schiesser, représentant de la salle de jeux de Bâle. C’est un acteur de l’économie locale, situé à quelques minutes de la boulangerie David. Nous avons beaucoup de clients et de salariés français, la région Grand-Est fait vraiment partie de l’identité de notre entreprise. »
Un acteur de l’économie locale, mais aussi une histoire commune avec le boulanger. « Nous avons d’ailleurs un des membres du conseil d’administration, propriétaire du casino, qui vient d’une famille de pâtissiers, au cœur de Bâle. C’est donc une histoire de cœur. Nous savions qu’il y avait une somme initiale de 30 000 euros qu’il fallait verser immédiatement pour que la boulangerie puisse continuer à fonctionner, mais nous ne voulions pas faire les choses à moitié. Ce que nous voulions vraiment, c’était rembourser la dette, et comme nous sommes un casino « tout ou rien », nous avons payé la totalité, c’est l’âme du métier. »