Un candidat de l’opposition affirme avoir signé une lettre sous la contrainte
« J’ai dû signer pour pouvoir quitter le pays »L’opposant vénézuélien Edmundo Gonzalez Urrutia a déclaré mercredi, affirmant avoir écrit « sous la contrainte » une lettre publiée par les autorités dans laquelle il dit « respect » la décision du tribunal validant la réélection du président Nicolas Maduro.
« Le président de l’Assemblée nationale, Jorge Rodríguez, et la vice-présidente de la République, Delcy Rodríguez, m’ont remis un document que je devais signer pour pouvoir quitter le pays. En d’autres termes, je devais signer ou assumer les conséquences. »explique M. Gonzalez Urrutia dans une vidéo sur les réseaux sociaux.
Il a trouvé l’asile politique en Espagne le 8 septembre. Il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt pour ne pas avoir répondu à une convocation judiciaire.
Mercredi, le Sénat espagnol a à son tour exigé que Madrid le reconnaisse comme président élu du Venezuela. La chambre basse du parlement espagnol avait fait de même la semaine dernière.
« Ce furent des heures très tendues de coercition, de chantage et de pression. Je pensais que je pourrais être plus utile en liberté plutôt qu’en prison. »il continue.
« En tant que président élu par des millions et des millions de Vénézuéliens qui ont voté pour le changement, la démocratie et la paix, je ne me laisserai pas réduire au silence. Je ne les trahirai jamais (…) Ce qu’ils (les autorités) devraient publier, ce sont les procès-verbaux du décompte des voix. » de l’élection présidentielle du 28 juillet, conclut-il.
Son avocat, José Vicente Haro, a signalé l’incident à l’AFP mercredi soir. « chantage qui, d’un point de vue technique et juridique, constitue un vice de consentement entraînant la nullité absolue du document »soulignant que « En pratique, il avait le choix entre l’asile ou la privation de liberté ».
Il a également évoqué le départ surprise de M. Gonzalez Urrutia, samedi soir 7, et son arrivée à Madrid le lendemain : « La dernière fois que nous avons parlé (avant son départ) à 6 heures du matin samedi, je l’ai vu sous beaucoup de pression avec peu d’opportunités de s’exprimer. C’était un appel vidéo où je peux voir (…) une personne psychologiquement et émotionnellement brisée (…) ce qui en dit long sur les pressions qu’il subissait. ».
« Un lâche »
Du côté du gouvernement, le président de l’Assemblée nationale, Jorge Rodríguez, est intervenu pour assurer qu’il n’y avait eu aucune pression de la part du gouvernement lors des discussions avec M. Gonzalez Urrutia.
« C’était un ton cordial, un ton poli, (…) Il n’y avait aucune coercition ni pression »Rodriguez l’a déclaré lors d’une conférence de presse où il a montré la lettre et une photo de la réunion à la résidence de l’ambassade d’Espagne.
« Pardonnez-moi si je suis impoli, monsieur Gonzalez Urrutia. Au mieux, vous êtes un lâche. Aucune force humaine ne m’obligerait à mettre mon nom sur un document. »a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
Il a terminé en demandant à M. Gonzalez Urrutia de retirer ses propos : « Il vous reste 24 heures. Si vous insistez sur le fait qu’il s’agit d’une contrainte, je vous montrerai la conversation en coulisses. ».
M. Haro a précisé mercredi que M. Gonzalez Urrutia ne réagirait pas aux commentaires de M. Rodriguez.
Dans la lettre datée du 7 septembre et diffusée par le gouvernement sur les réseaux sociaux, M. Gonzalez Urrutia écrit : « J’ai toujours été et serai toujours disposé à reconnaître et à respecter les décisions adoptées par les organes de justice (…), y compris la décision susmentionnée de la Chambre électorale (de la Cour suprême), avec laquelle, bien que je ne sois pas d’accord, je respecte car il s’agit d’une résolution de la plus haute instance judiciaire ».
La Cour suprême du Venezuela a validé la réélection pour un troisième mandat de M. Maduro proclamée par le Conseil national électoral (CNE) avec 52% des voix.
L’opposition affirme, documents à l’appui, que M. Gonzalez Urrutia a remporté l’élection présidentielle avec plus de 60% des voix.
Le CNE n’a cependant pas rendu publics les procès-verbaux des bureaux de vote, se disant victime d’un piratage informatique, ce que l’opposition considère comme invraisemblable.
À son arrivée en Espagne le 8 septembre, M. Gonzalez Urrutia a déclaré qu’il continuerait « le combat » pour le « Restauration de la démocratie au Venezuela ».
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