Un camp de personnes déplacées à Khan Younes, une ville du sud de Gaza où 1,7 million de personnes ont trouvé refuge, a été inondé par les eaux usées. « Nous ne pouvons ni manger, ni boire, ni dormir », déplore un habitant.
Une scène qui témoigne des conditions de vie indignes des réfugiés gazaouis. A Khan Younes, au sud de la bande de Gaza ravagée par la guerre, un camp de Palestiniens déplacés s’est retrouvé lundi 3 juin submergé par les eaux usées.
A l’aide de petits récipients ou de simples bouteilles en plastique, ils ont tenté lundi d’évacuer les eaux sales et nauséabondes de leurs tentes après la rupture d’un tuyau.
« Toutes les tentes ont été inondées par les eaux usées. Ce n’est pas une vie », a déclaré Abdellah Barbakh, un habitant entouré d’immeubles en ruines dans cette ville dévastée par des mois de guerre. « J’implore tous les pays arabes et le monde entier de voir ce qui nous arrive. Nous vivons au milieu des eaux usées », a-t-il déclaré à l’AFP.
Rivière aux eaux sales
Les résidents ont retiré les tapis de leurs tentes et ont commencé le long processus d’évacuation de l’eau boueuse, tandis que les enfants pataugeaient dans une rivière d’eau sale traversant une route principale.
Selon les habitants, les eaux usées rendent la vie insupportable dans cette ville où des tas de débris et d’immenses dalles de béton jonchent les rues.
« Les eaux usées nous ont submergés. Nous ne pouvons ni manger, ni boire, ni dormir. Nous dormons dans la rue», déplore Abdelsamad Barbakh, un habitant.
Au cœur des combats durant les premiers mois de la guerre, Khan Younès devient ensuite un refuge pour les déplacés, dont beaucoup ont fui à plusieurs reprises lors des bombardements israéliens.
Selon l’UNRWA, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, environ 1,7 million de personnes ont trouvé refuge à Khan Younes et dans les zones centrales de la bande de Gaza. Des dizaines de milliers de personnes sont arrivées à Khan Younes après avoir fui Rafah, plus au sud, où les bombardements israéliens et les combats urbains entre combattants palestiniens et forces israéliennes ont dévasté des quartiers entiers.
« Il n’y a pas d’eau potable »
Mohammed Ahmed Abdelmajid, qui vit à Khan Younes après avoir fui la ville de Gaza (nord), raconte à l’AFP que ses conditions de vie sont si difficiles qu’il lui est impossible de dormir.
« Nous vivons dans des conditions difficiles, sous des tentes, et nous dormons sur des draps qui ne conviennent pas à un être humain », déplore-t-il. « Avant la guerre, nous vivions dans une maison confortable et dans un environnement sain. Aujourd’hui, la situation a changé. »
De nombreuses personnes déplacées sont contraintes de repartir à la recherche d’un endroit plus sûr et plus sain. Des charrettes tirées par des ânes, chargées d’objets divers, parsèment les rues.
Saïd Achour, un habitant, explique à l’AFP les difficultés pour se procurer de l’eau potable. « Il n’y a pas d’eau potable, nous devons marcher un ou deux kilomètres », dit-il. « Il n’y a même pas de vendeur d’eau dans les rues. Il n’y a même pas d’eau de mer. »
À Khan Younes, des ouvriers ont déclaré à l’AFP qu’ils manquaient de matériel adéquat pour réparer la canalisation. « Nous travaillons à alléger les souffrances des habitants dues aux eaux usées, mais nous n’avons pas les moyens, le matériel ou le matériel d’entretien nécessaires à nos travaux », déplore Houssam Mousa, un employé de la municipalité.
La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas contre Israël, qui a fait 1.190 morts, pour la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes. Sur environ 250 personnes enlevées lors de l’attaque, 120 sont toujours retenues en otage à Gaza, dont 37 sont mortes, selon l’armée israélienne.
En réponse, Israël a lancé une offensive tous azimuts dans la bande de Gaza qui a fait jusqu’à présent 36 479 morts, principalement des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas.