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Un avenir « serein » pour l’agriculture grâce à la finance solidaire

Élodie Janvier, 32 ans, a trouvé il y a cinq ans la ferme de ses rêves dans son Perche natal. Cachée dans un vallon à la végétation généreuse, entre Orgères et Cisai-Saint-Aubin, à une quarantaine de kilomètres d’Alençon (Orne), son exploitation en polyélevage s’est récemment étendue sur plus de 90 hectares. Chaque jour, elle effectue des navettes constantes entre le vaste bâtiment qui abrite ses 9 000 poules et les champs environnants, occupés par ses 300 brebis et ses 25 charolaises allaitantes qui ont récemment donné naissance à une quinzaine de veaux.

Confinés pour cause de grippe aviaire, ces gallinacés s’ébattent habituellement en plein air, sur un terrain de 4 hectares, en contrebas de la jolie ferme traditionnelle en pierre où vit Élodie avec sa famille. La jeune femme ne ménage aucun effort. Nicolas Garrault, son compagnon, employé au lycée agricole de Sées (Orne), l’aide autant qu’il le peut en dehors de ses heures de travail. « Un jour ou l’autre, il me rejoindra à plein temps. C’est l’objectif. Mais pour l’instant, il y a trop de travail pour une personne et pas assez pour deux. » elle admet.

Un début prudent

N’ayant pas eu la chance d’hériter d’une exploitation familiale, cet éleveur, est diplômé d’un baccalauréat scientifique et technique en agronomie et vie (STAV), d’un BTS analyse, gestion et stratégie de l’entreprise agricole (ACSE) et d’une licence en productions animales. , a franchi le pas en 2019. Avec prudence au début.

Elle a commencé par la construction du poulailler. Le couple a investi 800 000 € pour les travaux, l’acquisition du mas et de onze des 51 hectares de l’exploitation, tandis que la Société d’aménagement et d’établissement rural (Safer) a mis à disposition le reste des terres. terrain avec obligation pour eux de racheter la totalité du terrain au bout de quatre ans. A l’issue de ce contrat, face au refus des banques traditionnelles de leur prêter les fonds nécessaires, ils n’ont eu d’autre choix que de rechercher des investisseurs.

Le coup de main de Feve

« Début 2023, j’ai surfé sur Internet, trouvé et consulté le site Fermes en vie (Feve). Une fois le formulaire rempli, cela a été très rapide, en quelques mois seulement », dit-elle, émerveillée par « réactivité et efficacité » de l’entreprise solidaire, qui a financé l’acquisition de 47 hectares pour 370 000 €. L’exploitation s’est même agrandie de quelques hectares de terrain, situés dans le hameau voisin d’Orgères, et d’un deuxième corps de ferme, qu’Élodie et Nicolas ont choisi de s’offrir – avec 3 hectares de terrain – pour 80 000 €. Ils envisagent déjà d’y ouvrir un lodge rural dans les cinq prochaines années.

Pour être éligible à cette aide, l’exploitation devait respecter la charte Feve qui impose des moyens et techniques d’agroécologie. « Cela nous convenait très bien. Nous étions déjà en bio et nous sommes en autonomie fourragère, elle dit. Tout ce que nous produisons répond aux besoins des animaux. »

Accélérer la diversification des activités

Ce « l’aide du ciel » leur a permis d’accélérer la diversification des activités, essentielle à leurs yeux pour assurer l’équilibre financier de l’entreprise. « Sans leur intervention, nous n’aurions jamais pu garder nos moutons et nous n’aurions pas mis de vaches dans ces nouveaux champs. Dans notre esprit, les ateliers de production doivent se compléter. Il y aura des années où la viande compensera une baisse de rendement du poulailler. elle admet.

Imaginer l’avenir « avec sérénité », Élodie et Nicolas espèrent racheter tous les terrains dans la prochaine décennie. Jusque-là, les responsables de Fermes en vie proposaient de les accompagner dans leurs projets liés à l’agroforesterie. Ils ont déjà planté une centaine de pommiers et de poiriers dans un verger de 4 hectares.

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« L’approche solidaire garantit un profit limité »

Philippe Poiré, responsable de la finance solidaire au Crédit Mutuel

« La pyramide des âges des agriculteurs entraînera d’importants départs à la retraite d’ici 2030. L’enjeu est la préservation de l’agriculture paysanne. C’est pourquoi nous investissons chez Crédit Mutuel Asset Management dans des initiatives solidaires favorisant l’accession à la propriété foncière en vue de faciliter les reprises opérationnelles. La démarche solidaire garantit une rentabilité limitée et un modèle économique privilégiant l’utilité sociale et environnementale. En effet, ces investissements offrent un rendement potentiellement inférieur à un investissement « classique ».

L’épargnant bénéficie cependant du régime fiscal IR-PME ESUS, qui lui permet d’acquérir une action d’une valeur de 100 € tout en bénéficiant d’une réduction d’impôt de 25 €. Historiquement nous travaillions à partir de fonds de solidarité distribués via l’épargne salariale. Mais nous essayons de développer une offre destinée à une clientèle plus large, en faisant prendre conscience de son utilité face aux enjeux sociaux et environnementaux de l’époque. »

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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