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Un ancien secrétaire de camp nazi condamné

Irmgard Furchner, lors de son procès à Itzehoe (Allemagne), le 20 décembre 2022.

Une ancienne secrétaire d’un camp de concentration peut-elle être considérée comme complice d’un meurtre de masse ? Le Tribunal fédéral de Leipzig, la plus haute juridiction allemande en matière civile et pénale, a répondu par l’affirmative, mardi 20 août, dans une décision historique. Les juges ont confirmé un jugement de 2022 du tribunal régional d’Itzehoe (Schleswig-Holstein), qui avait condamné Irmgard Furchner pour complicité dans le meurtre de 10 500 détenus du camp de concentration et d’extermination de Stutthof, près de Gdansk, en Pologne.moi Furchner, aujourd’hui âgée de 99 ans, travaillait comme sténographe à la direction du camp. Elle a toujours nié toute responsabilité dans les crimes commis à Stutthof et a fait appel de sa condamnation. La peine de deux ans avec sursis qui lui a été infligée en 2022 a donc été confirmée mardi par le juge fédéral.

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Ce procès, largement suivi et commenté en Allemagne, est probablement le dernier cas de condamnation dans une affaire liée aux massacres de masse de la période nazie. Il pose la question de la légitimité juridique et éthique de condamner, quatre-vingts ans après les faits, les « petites mains » du régime pour leur responsabilité dans les crimes nazis, alors que nombre de leurs principaux auteurs ont échappé à la justice.

Mmoi Furchner n’avait que 18 ans lorsqu’elle fut embauchée comme secrétaire à la direction du camp de Stutthof. Elle y travailla de juin 1943 à avril 1945, sous les ordres du commandant du camp, Paul Werner Hoppe. Les juges fédéraux décidèrent que même dans cette position subalterne, elle pouvait être tenue pour coresponsable des meurtres systématiques commis contre les détenues du camp. Même des employés ayant des fonctions modestes peuvent être légalement considérés comme complices des crimes commis sur place, décidèrent les juges. C’était tout l’enjeu du procès en appel, qui conclut des années de procédure.

Vue de la chambre à gaz

Le président du Conseil central des Juifs d’Allemagne, Josef Schuster, a salué le verdict, mais a regretté que l’accusée n’ait pas reconnu sa culpabilité. « Il ne s’agit pas de la mettre derrière les barreaux pour le reste de sa vie, M. Schuster a déclaré. Le défi pour une personne coupable est de répondre de ses actes et de trouver les mots pour parler de ce qui s’est passé et de ce à quoi elle était associée. En tant que secrétaire, elle était une complice consciente de la machine à tuer nazie. Abraham Koryski, un survivant du Stutthof âgé de 96 ans vivant aujourd’hui en Israël, a témoigné en ce sens lors d’une des dernières audiences, fin juillet. « Ceux qui travaillaient dans l’administration du camp, en particulier, ne peuvent pas dire qu’ils ne savaient pas. Ils savaient avant tout le monde ce qui allait se passer, qui serait exécuté et qui serait déporté. »il l’a expliqué dans sa déclaration lue par son avocat.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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