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Un ancien patron de la drogue jugé à Lyon pour détention illégale de son «informateur»

Le procès de l’ancien chef de la lutte anti-drogue François Thierry, accusé d’avoir organisé la fausse garde à vue d’un trafiquant recruté comme informateur, s’est ouvert lundi à Lyon.

L’ancien superflic de 56 ans, qui dirige aujourd’hui la stratégie numérique de la police nationale, est arrivé, vêtu d’un grand manteau sur un costume-cravate, avec ses deux avocats devant le tribunal correctionnel du Rhône. Aucun des deux n’a fait de commentaire.

Condamné jusqu’à vendredi pour « falsification de documents publics par une personne dépositaire de l’autorité publique » et la destruction de preuves, il risque 15 ans de réclusion criminelle.

François Thierry est accusé d’avoir établi un faux procès-verbal de garde à vue pour justifier l’extraction de prison, en avril 2012, de son principal « indicateur »Sophiane Hambli.

Cette manœuvre a permis à ce trafiquant de drogue de suivre, à distance depuis une chambre d’hôtel, l’arrivée de six tonnes de résine de cannabis sur une plage espagnole, une « livraison surveillée » par la police destinée à démanteler les réseaux de revente en France.

Le commissaire reconnaît les faits mais nie toute infraction : pour lui, la mesure a été prise en concertation avec le parquet de Paris. Le parquet lui reproche cependant d’avoir adopté une stratégie de « compartimentation » et d’avoir livré « Informations fragmentaires » aux magistrats.

Un temps accusé pour « complicité de trafic de drogue »il a été acquitté de ce chef d’accusation, car l’enquête n’a trouvé aucune trace de malversation, ni aucune preuve que la drogue appartenait à Sophiane Hambli.

Ce procès est le premier volet d’un dossier tentaculaire concernant les méthodes de l’Ocrtis, l’Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants que François Thierry a dirigé de 2010 à 2016 et qui a depuis été remplacé par l’Ofast (Office de lutte contre les stupéfiants).

Le scandale a éclaté en octobre 2015 lorsque les douanes ont découvert sept tonnes de cannabis au cœur de Paris.

L’enquête a rapidement montré que la drogue était arrivée en France dans le cadre d’un autre trafic. « livraison surveillée »exploité par Ocrtis avec l’aide de Sophiane Hambli.

Ces opérations sont censées concerner un trafic préexistant, mais le bureau et son patron sont soupçonnés d’avoir facilité l’importation de la marchandise. François Thierry est également accusé de n’avoir pas donné à l’autorité judiciaire une vision globale de ce qui se tramait, ni de ses liens exacts avec Sophiane Hambli.

L’enquête sur cette saisie a été transférée à Bordeaux, et l’ancien commissaire a été renvoyé devant le tribunal pour « complicité de trafic de drogue »à une date non encore fixée.

Parmi les spectateurs du procès, l’ancien numéro 2 de la police judiciaire de Lyon Michel Neyret, condamné pour corruption, est venu voir ce qui allait se dire « la hiérarchie policière et judiciaire dans cette affaire ».

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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