Aux yeux du gouvernement, l’écologisation des flottes des entreprises est une priorité. L’objectif est que les entreprises se convertissent davantage aux voitures électriques. Avec l’idée que ces véhicules viendront, finalementapprovisionner le marché de l’occasion. Ce qui constitue un impératif pour permettre la démocratisation des voitures électriques. L’exécutif compte sur les débats budgétaires au Parlement pour avancer sur ce point. Le 19 octobre, Jean-Luc Fugit, député Renaissance du Rhône, a déposé un amendement en ce sens. Problème : cela suscite désormais une levée de bouclier de la part des loueurs de courte durée.
Président de la branche Mobilité Partagée des Mobilians, qui représente ce secteur, Guirec Grand-Clément a annoncé ce mardi son « étonnement » et son « forte préoccupation ».
« Ce système serait totalement contre-productif pour notre secteur », s’étonne-t-il. Ce texte ne permettrait pas du tout d’atteindre les objectifs du gouvernement qui sont de vendre davantage de véhicules électriques, d’améliorer les finances publiques et de produire des voitures électriques d’occasion à un prix abordable. »
« Nous ne sommes pas maîtres de la demande »
Le texte prévoit que les entreprises disposant de plus de 100 voitures particulières renouvellent progressivement leur flotte avec des véhicules « faibles émissions ». Elle fixe des seuils de plus en plus élevés jusqu’en 2030. Les entreprises qui ne seront pas en bonne voie seront sanctionnées par des amendes. Celles-ci commencent à 2 000 euros par véhicule manquant, et montent.
De nombreuses sociétés de location courte durée, 90 % des TPE et PME représentant environ 32 000 emplois en France, sont concernées par ce texte. Guirec Grand-Clément, également directeur d’Entreprise Mobilité France, acteur majeur du secteur, estime qu’elle pourrait passer à autre chose si ces dispositions, et les sanctions financières qui en découlent, étaient appliquées.
Selon lui, le secteur est confronté à « un plafond de verre » quand il s’agit d’achats de voitures électriques. Ces véhicules « ne sont pas assez loués »argumente-t-il. Contrairement aux entreprises qui peuvent attribuer certains types de véhicules à leurs salariés, les loueurs de courte durée, poursuit Guirec Grand-Clément, n’ont pas cette possibilité.
« Ce sont les clients qui décident de louer un véhicule économique, un SUV, un monospace, un véhicule électrique ou un véhicule thermique », insiste-t-il. Nous ne contrôlons pas la demande. »
« L’amendement doit être amélioré »
Le président de la branche Mobilités Partagées de Mobilians évoque également diverses problématiques liées aux véhicules électriques. Il cite notamment le prix d’achat, bien supérieur aux équivalents thermiques, ou encore le fait que ces véhicules sont sources « des coûts opérationnels plus élevés » parce que« ils ne peuvent pas être reloués immédiatement ». À terme, cet amendement pourrait contraindre le secteur « pour ralentir vos achats » afin de réduire le montant des sanctions, prévient-il. Guirec Grand-Clément quantifie cet impact « 100 000 véhicules en moins, ce qui engendrerait une contraction du marché automobile de 2,4 milliards d’euros ».
Le secteur est d’autant plus décontenancé que des travaux sur le verdissement des flottes d’entreprises sont en cours à l’Assemblée nationale. Une « mission flash » est déjà destinée à éclairer le gouvernement sur les mesures à prendre pour favoriser la transition électrique, en tenant compte des particularités de toutes les parties prenantes. Interrogé sur les inquiétudes des sociétés de location courte durée, le ministère de l’Industrie indique que le texte de Jean-Luc Fugit a le mérite d’ouvrir le débat. « L’amendement doit être amélioré par les échanges des députés avec l’écosystème »on nous dit.