Photo publiée par les services d’urgence ukrainiens le 28 novembre 2024, montrant des pompiers luttant contre un incendie suite à une frappe de missile dans la région de Lviv (Services d’urgence ukrainiens / Document à distribuer)
Le président russe Vladimir Poutine a déclaré que les frappes massives de jeudi contre l’Ukraine étaient sa « réponse » aux lancements de missiles américains ATACMS contre le territoire russe, malgré ses précédentes menaces d’escalade militaire envers l’Occident.
Le maître du Kremlin a assuré la semaine dernière que la Russie pourrait attaquer directement les pays qui aident Kiev ou encore tirer son missile à portée intermédiaire « Orechnik » contre l’Ukraine.
Il n’a jusqu’à présent pas donné suite à ses menaces, attaquant les infrastructures énergétiques avec des missiles et des drones pour la onzième fois cette année, selon Kiev.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé Moscou d’avoir mené les frappes, qui ont plongé au moins un million d’Ukrainiens dans l’obscurité à l’aube de l’hiver, avec des « munitions à fragmentation ».
Cela constitue une « escalade ignoble », a-t-il dénoncé.
Des habitants réfugiés dans le métro lors d’une alerte à une frappe aérienne, le 28 novembre 2024 à Kiev, Ukraine (AFP / Tetiana DZHAFAROVA)
Depuis Astana, la capitale du Kazakhstan où il participe à un sommet régional, Vladimir Poutine a justifié les frappes russes de la nuit : « C’est une réponse aux attaques continues contre notre territoire à l’aide de missiles (américains) ATACMS ».
Selon lui, 90 missiles et 100 drones explosifs ont été lancés contre l’Ukraine.
« Orechnik » n’a donc pas été utilisé dans cette réponse, mais le président russe a annoncé que la production « en série » du nouveau missile avait « démarré », sans donner plus de détails.
Le président russe a une nouvelle fois vanté les mérites de cette arme hypersonique d’une portée intermédiaire, jusqu’à 5.500 km, capable de frapper n’importe où en Europe, et peut-être même sur la côte ouest des Etats-Unis.
Le président russe Vladimir Poutine à Astana, le 28 novembre 2024 au Kazakhstan (POOL/Gavriil Grigorov)
Face aux dirigeants d’Asie centrale, Vladimir Poutine a également affirmé savoir combien de missiles de type ATACMS et Storm Shadow se trouvaient en Ukraine, « où ils se trouvent exactement et combien doivent être livrés ».
Il a également menacé de frapper « les centres de décision de Kyiv ».
– Plongé dans le noir –
La Russie s’attaque depuis près de trois ans aux infrastructures énergétiques ukrainiennes, afin de saper le moral de la population et handicaper la logistique de l’armée de Kiev, une tactique qui se heurte jusqu’ici à la résilience des Ukrainiens.
Un habitant démarre un générateur électrique lors d’une panne de courant à Lviv, le 28 novembre 2024 en Ukraine (AFP / YURIY DYACHYSHYN)
Jeudi, l’armée russe a tiré 91 missiles et 97 drones explosifs, dont respectivement 79 et 35 ont été interceptés par les forces de Kiev, selon l’armée de l’air ukrainienne.
Mais Volodymyr Zelensky accusait surtout Moscou d’avoir attaqué des infrastructures énergétiques avec des « munitions à fragmentation », mettant de facto à mal ces sites et mettant en danger les civils, les secouristes ainsi que les équipes de maintenance.
Ces armes « compliquent considérablement la tâche de nos secouristes et de nos ingénieurs électriciens » dépêchés sur place, a-t-il déploré sur les réseaux sociaux.
Volodymyr Zelensky a une nouvelle fois appelé à envoyer « des systèmes de défense aérienne maintenant ».
Les infrastructures énergétiques ont été touchées dans plusieurs régions, provoquant des coupures d’électricité « dans tout le pays », selon le patron d’une des sociétés d’approvisionnement en électricité de Yasno, Serguiï Kovalenko.
Au total, au moins un million d’Ukrainiens sont plongés dans le noir, selon diverses autorités régionales.
– Trump, le facteur X –
La Russie a intensifié sa pression militaire sur l’Ukraine ces dernières semaines, moins de deux mois avant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche aux Etats-Unis, considéré comme un possible tournant.
Carte des zones contrôlées par les forces ukrainiennes et russes en Ukraine au 27 novembre 2024 à 18h30 GMT (AFP / Valentin RAKOVSKY)
Très critique à l’égard des milliards de dollars débloqués par Washington pour l’Ukraine, le président élu a promis de résoudre le conflit avant même de prêter serment le 20 janvier.
Si Donald Trump n’a jamais expliqué précisément comment il comptait procéder, Kiev craint d’être poussée à la table des négociations dans une position défavorable.
Mercredi, il a nommé l’ex-général Keith Kellogg, 80 ans, qui a appelé Kiev à plusieurs concessions, comme son émissaire pour mettre fin à la guerre.
Sur le front, les forces russes en ont entre-temps profité pour réaliser des gains territoriaux ces dernières semaines, à une vitesse jamais vue depuis début 2022, face à une armée ukrainienne affaiblie, notamment autour des villes de Pokrovsk, Kourakhové et Koupiansk.
Dans ce contexte très incertain, l’administration du président sortant Joe Biden a appelé mercredi Kiev à abaisser l’âge minimum de mobilisation militaire à 18 ans – au lieu de 25 ans – actuellement pour compenser le manque de soldats.
Kiev a déjà abaissé cette année l’âge minimum de mobilisation de 27 à 25 ans, sans toutefois parvenir à reconstituer ses rangs.