Ukraine, économie, immigration… Ce qu’il faut retenir du débat réunissant les huit principaux candidats
A moins de vingt jours des élections européennes, les têtes de liste se sont affrontées lundi soir pendant plus de deux heures et demie sur LCI. Une confrontation majeure au cours de laquelle ils ont pu s’interpeller fortement sur les questions internationales et migratoires.
J-19. A moins de trois semaines des élections européennes, les huit principaux dirigeants se sont retrouvés pour la première fois mardi soir sur LCI. Enjeux internationaux, économie, immigration… Pendant plus de deux heures et demie, Jordan Bardella (RN), Valérie Hayer (Renaissance), Raphaël Glucksmann (PS-Place Publique), François-Xavier Bellamy (LR), Manon Aubry ( LFI ), Marion Maréchal (Reconquête !), Marie Toussaint (Les Écologues) et Léon Deffontaines (PCF) ont croisé le fer sur les grands enjeux du scrutin. Alors que la dernière enquête « continue » sur Le Figaro, LCI, Sud Radio, renforce le rapport de force entre eux, chaque candidat a tenté de pousser son avantage. Façon d’essayer de faire un trou au moment où l’opinion se cristallise.
Ukraine : échange d’armes entre Bardella et Hayer
Haro en tête de liste RN. Deux ans après le début de la guerre en Ukraine, cette question toujours brûlante a ouvert le débat. Si Jordan Bardella répétait ça « La Russie constituait une menace multidimensionnelle pour notre sécurité et notre souveraineté. » son adversaire macroniste Valérie Hayer a réclamé « sortir des postures ». « Marine Le Pen a appelé à une alliance militaire avec la Russie »s’est moqué du président du groupe « Renouveler. » En martelant que le RN « a toujours refusé de soutenir l’aide à l’Ukraine ».
« Vous avez toujours refusé de condamner l’emprisonnement de l’opposant russe Alexeï Navalny », a critiqué celui qui arrive en deuxième position dans les sondages d’opinion. Une fouille que n’a pas lâchée l’eurodéputé nationaliste, qui a rappelé les précédentes visites de Vladimir Poutine en France au début du premier mandat d’Emmanuel Macron. Et que le chef de l’Etat avait souhaité un « rification dans le cadre de l’architecture de sécurité entre l’UE et la Russie ».
Le gaz russe au cœur des échanges commerciaux
« Pourquoi continuer à importer du gaz naturel quand vous considérez votre fournisseur comme une menace pour notre sécurité collective ? Être cohérent, » a poursuivi le dirigeant communiste de 28 ans. Un argument également utilisé par Marie Toussaint, qui refuse également le« importation d’uranium enrichi » : « Nous continuons aujourd’hui à financer l’effort de guerre (russe) (…) Nous devons frapper Vladimir Poutine au portefeuille. »
De son côté, François-Xavier Bellamy a également critiqué la dépendance de l’Europe au gaz russe. Avant de cibler sa concurrente Marie Toussaint et tous ceux « qui a fait campagne contre l’industrie nucléaire ». « Que dire de François Fillon parti travailler avec le régime de Vladimir Poutine ? » a immédiatement répondu l’écologiste.
Toujours à gauche, Manon Aubry a attaqué « Ambiguïté stratégique » par Emmanuel Macron sur un éventuel envoi de troupes à Kiev. Pour elle, ce conflit ne signifie pas« n’a pas d’issue militaire (…) parce que nous sommes face à une puissance nucléaire. » Quant à Raphaël Glucksmann, il considère que« Nous devons nous réveiller et faire beaucoup plus car la situation sur le front est absolument dangereuse. » « L’urgence est de créer enfin une défense européenne digne de ce nom. »
Aubry monte au créneau sur Gaza…
Pierre angulaire de la campagne de Manon Aubry, la guerre entre Israël et le Hamas a vite échauffé les esprits sur le plateau. Au lendemain de la demande du procureur général de la Cour pénale internationale (CPI) d’un mandat d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, l’ancien porte-parole de l’ONG Oxfam a réclamé « sanctions contre le gouvernement d’extrême droite » face à ce qu’elle appelle « crimes de guerre et crimes contre l’humanité ».
Des propos introductifs qui lui ont permis d’interroger Valérie Hayer. Si un tel mandat international était lancé, le gouvernement ferait-il tout son possible « pour pouvoir arrêter un criminel de guerre (…) qui massacre une population civile ? » Piqué, dit le macroniste « respecter le droit international et la CPI ». « A ce stade, nous sommes au stade d’une mise en examen. « Aucune décision n’est prise » » argumenta-t-elle. Et forgez un principe : « Je ne mets pas l’organisation terroriste Hamas et le gouvernement sur un pied d’égalité » Israélien.
…Et se fait attraper par Bellamy
Un duel dans lequel le candidat Les Républicains s’est frayé un chemin, visant directement Manon Aubry. « Je crois que vous et votre force politique êtes à jamais disqualifiés pour parler du droit international. » a tonné François-Xavier Bellamy. Qui a rappelé que les Insoumis « ont toujours refusé de dire que le 7 octobre était un attentat terroriste islamiste et de qualifier le Hamas d’organisation terroriste ». Si le prétendant LFI a réfuté ces affirmations, l’eurodéputé de droite a affirmé que le discours de ses adversaires fait « créer un antisémitisme virulent ».
Marion Maréchal a surenchéri en expliquant que « ce n’est pas seulement par humanisme » que les Insoumis portent un discours pro-palestinien, voire complaisant envers le Hamas. « C’est évidemment par favoritisme électoral » Elle a perdu la tête. Le communiste Léon Deffontaines a, pour sa part, réclamé « un peu de décence » Pour « pouvoir dénoncer les actes terroristes islamistes du Hamas, tout comme dénoncer les actes de Benjamin Netanyahu. »
Des débats plus apaisés sur l’économie
Comment le Vieux Continent peut-il se protéger du protectionnisme américain ? Valérie Hayer a d’abord appelé les Européens à » Arrêtez d’être la blague des dindes du monde « . Considérant que le « les règles du commerce international ne sont plus respectées », le macroniste a exhorté à « être plus offensif en instaurant des tarifs douaniers pour protéger nos industries ». Son adversaire communiste le jugeait majoritaire « responsable de la situation économique de notre pays et de notre continent ». À cause de « des accords de libre-échange », il y aurait un « fuite de nos industries » Et un « ruine de nos agriculteurs ».
Raphaël Glucksmann a mis la politique commerciale de la Chine dans son viseur. Partisan du protectionnisme européen contre les grandes puissances, l’essayiste estime que « Les Chinois sont en train de réduire notre production. » « Ce n’est pas une loi du marché, c’est une stratégie géopolitique. Nous devons avoir des barrières commerciales dans ce domaine. siffla-t-il. A droite, François-Xavier Bellamy souhaite « mettre fin à cette concurrence déloyale ». Pendant que Manon Aubry se moquait du « dose d’hypocrisie » « des groupes politiques (qui) ont voté majoritairement pour les accords de libre-échange », Jordan Bardella a qualifié l’Europe de « marre des économies développées ». « Pourquoi serions-nous la seule zone économique au monde à ne pas protéger nos secteurs ?
Enfin, sur la question de la fiscalité, Manon Aubry s’est prononcée en faveur de « un ISF au niveau européen ». Marion Maréchal, quant à elle, s’est opposée au fait que « La fiscalité ou le droit du travail pourraient être une compétence européenne. » S’ensuit un échange épicé entre Léon Deffontaines et Jordan Bardella. Alors que le communiste accusait le RN d’avoir « trahi les travailleurs » sur la fiscalité des très hauts revenus au niveau national, le président du RN a répondu : « Vous êtes communiste en 2024 (…) Il s’agirait de grandir. » « D’accord OSS 117 »a répondu le président du RN.
Des échanges houleux sur l’immigration
Premier à s’exprimer sur l’immigration, Jordan Bardella a joué son rôle sur ce qui est l’axe central de sa campagne. Voyant dans les vagues migratoires une « menace existentielle », l’eurodéputé s’est dit favorable à «refoulement systématique des bateaux de migrants qui accostent aujourd’hui sur les côtes européennes. Il a également argumenté contre «libre circulation dans l’espace Schengen pour les ressortissants européens uniquement. Raphael Glucksmann, bien qu’il ait accepté le « les frontières »il a cependant refusé d’avoir « les cimetières comme frontières. Toujours à gauche, Léon Deffontaines a jugé que «quand nous proposons une immigration zéro, nous finançons des réseaux de passeurs. Valérie Hayer, quant à elle, a défendu le pacte d’asile et d’immigration voté il y a quelques semaines. « On va prendre leurs empreintes, leur identité, on va les enregistrer très rapidement. Nous allons les examiner et leur dire s’ils peuvent ou non accéder au territoire de l’Union européenne. elle s’est défendue.