Le nouveau groupe d’extrême droite au Parlement européen, « Patriots pour l’Europe », a élu lundi Jordan Bardella à sa tête. Le Français de 28 ans, qui a échoué à conquérir Matignon le 7 juillet, représentera cette nouvelle force à la Conférence des présidents, l’instance dirigeante de l’assemblée, aux côtés de Manfred Weber, chef de file des conservateurs (PPE), Iratxe Garcia Perez, cheffe des socialistes et démocrates (S&D), et Valérie Hayer, présidente des centristes (Renew).
Le nouveau groupe créé le 30 juin par le Premier ministre hongrois Viktor Orban, leader du Fidesz, avec les Autrichiens du FPÖ et les Tchèques d’ANO, a en effet séduit le Rassemblement national et ses 30 députés (la plus grosse délégation de l’hémicycle). L’annonce a été officialisée ce lundi à Bruxelles.
Au final, il a englouti la majeure partie du groupe ID, qui comprenait le PVV néerlandais de Geert Wilders, le Vlaams Belang belge et la Lega italienne. Le parti espagnol Vox a quant à lui quitté l’ECR, le groupe eurosceptique dominé par les Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, pour rejoindre cette nouvelle force qui se dit « souverainiste ».
Cordon sanitaire
Les Patriotes, avec 12 nationalités et 84 députés, formeront le troisième groupe du Parlement européen, derrière les conservateurs du PPE et les socialistes et démocrates du S&D. Ils devraient toutefois être exclus de l’action législative et des postes clés du Parlement en raison d’un cordon sanitaire.
Une quasi-certitude que Jean-Paul Garraud, chef de la délégation française des Patriotes, a jugé « inacceptable ». « Comment peut-on s’opposer à ce comportement antidémocratique, alors que nous représentons des millions d’électeurs ? », s’est interrogé le Toulousain, élu député européen pour la première fois en 2019.
Lors d’une conférence de presse au Parlement bruxellois, Jean-Paul Garraud a expliqué que le nouveau groupe souhaite « une Europe de la coopération, composée d’Etats forts ». « Nous sommes résolument contre le côté ultra-fédéraliste de l’Union européenne, le fait que l’UE veuille dominer les Etats à tout prix », a-t-il expliqué.
Politiques migratoires
Les Patriotes veulent aussi lutter contre le pacte sur les migrations et l’asile, adopté difficilement par les Vingt-Sept au printemps dernier. Il s’agit d’un ensemble d’une dizaine de textes qui doivent mieux encadrer les arrivées irrégulières dans l’UE et organiser la solidarité entre les États membres.
Le nouveau groupe condamne l’agression russe contre l’Ukraine, mais souhaite que le conflit cesse le plus rapidement possible. Viktor Orban s’est rendu à Moscou le 5 juillet, puis à Pékin le 8 juillet, dans le cadre de ce qu’il appelle une « mission de paix » visant à accélérer les négociations.
Il a ainsi provoqué la colère des responsables de l’UE et de ses partenaires européens, n’ayant aucun mandat pour parler en leur nom sur la question ukrainienne – surtout à la veille d’un sommet de l’OTAN qui doit préciser les termes de l’engagement de l’Alliance nord-atlantique envers Kiev.
Plénière à Strasbourg
L’AfD allemande, qui s’est radicalisée ces derniers mois, ne fera pas partie des Patriotes. Marine Le Pen avait décidé d’exclure le parti extrémiste du groupe ID avant les élections européennes, de peur de pâtir de ses excès verbaux. Le parti d’Alice Weidel a bien tenté de former un groupe autour d’elle, mais sans succès.
Le groupe ECR, quatrième force, pourra travailler au cas par cas avec la majorité « centrale » sur laquelle Ursula von der Leyen entend s’appuyer pour son second mandat. Plusieurs de ses composantes (Fratelli, N-VA belge, ODS tchèque) sont jugées « acceptables » par les partis traditionnels.
Les groupes parlementaires sont désormais globalement stabilisés. Le Parlement européen tiendra sa session plénière constitutive à Strasbourg la semaine prochaine. Les députés devraient réélire la Maltaise Roberta Metsola à la présidence, nommer les vice-présidents et désigner les présidents des commissions des groupes. Il semble probable que les limites des commissions de la dernière législature resteront inchangées.
