Ubisoft dénonce les troubles sociaux et veut apaiser les esprits
Lors d’un entretien à l’émission Multijoueurs, Xavier Poix, directeur des studios Ubisoft France, est revenu sur la grogne sociale. L’éditeur français ouvre des négociations avec les syndicats avec lesquels il souhaite « co-construire » pour retrouver la sérénité.
Grève devant les studios, colère des salariés et malaise exprimé : Ubisoft traverse une délicate crise sociale. L’annonce du retour à davantage de travail en présentiel et moins de télétravail n’a pas apaisé les esprits. Invité de l’émission Tech&Co Multijoueurs, Xavier Poix, directeur des studios Ubisoft France, Europe du Sud et Chine, a souhaité revenir sur cette situation.
« Le travail était déjà hybride (chez Ubisoft, ndlr) et nous y sommes très attachés », rappelle-t-il. « En France, le système était de travailler deux jours au bureau et trois jours à la maison. Nous souhaitons rééquilibrer un peu pour être plus ensemble pour créer nos jeux, car nous pensons que c’est vraiment le seul moyen de bien les produire.
« Co-construire avec les salariés »
Les salariés d’Ubisoft reviendront donc sur trois jours de travail en présentiel et deux jours de télétravail pour retrouver la créativité ensemble, comprend-on entre les lignes. Une décision « mondiale » qui ne concerne pas seulement la France, certains studios étant déjà « revenus à quatre ou cinq jours par semaine », mais une situation appliquée à l’ensemble du groupe.
« Nous réfléchissons actuellement à la manière de mettre cela en place. C’est la phase 2 qui commence aujourd’hui, celle de la co-construction. Nous souhaitons vraiment co-construire toute la mise en œuvre de ce système avec les élus de nos salariés et avec tous salariés », annonce Xavier Poix.
Ubisoft va donc ouvrir une phase de discussions avec les syndicats et les salariés. Des rencontres ont déjà commencé avec certains salariés, syndicats et représentants. « C’est un travail assez long. On va prendre notre temps, parce qu’on veut que ce soit très très bien fait », assure le patron des studios français, conscient « des problèmes qui pourraient être liés pour certaines personnes qui ont un peu adapté leur vie différemment. Des ajustements au cas par cas seront apportés en fonction des studios et des contextes.
Le patron d’Ubisoft reconnaît que l’entreprise n’a pas forcément bien géré la communication, ce qui est toujours « assez difficile », mais il précise qu’Ubisoft étant un groupe mondial, la communication devait se faire globalement, pour tous les salariés, sans faire de cas particuliers.
« C’est ce qui aurait probablement pu susciter beaucoup d’inquiétudes, et que nous comprenons tout à fait », reconnaît Xavier Poix. » (Mieux communiquer), c’est ce que nous allons faire aujourd’hui, avec tous les collaborateurs. Nous allons mettre tout cela en place localement, studio par studio, sur le choix des jours pour travailler ensemble, puisque » Nous « Nous voulons réussir. » Et de promettre « une approche assez pragmatique et vraiment flexible à ce niveau ».
En quête de sérénité dans les studios
Accusé d’avoir forcé le retour en personne pour cacher un projet de départs déguisés, Xavier Poix insiste sur le fait que ce n’est pas le cas et que la sérénité des studios reste la priorité. « Nous n’avons jamais fait de licenciements massifs et nous défendons notre stratégie unique d’être dans la construction de studios, dans l’internationalisation », répond-il.
« Aujourd’hui nous sommes 19 000, dont 15 000 personnes qui travaillent dans les studios et nous souhaitons absolument maintenir cette force de production interne qui nous permet d’innover et de créer des marques. Il ne s’agit en aucun cas de dissimuler quoi que ce soit, bien au contraire. »
Lorsqu’on lui demande s’il ressent un malaise dans les studios, Xavier Poix ne nie pas, mais demande qu’on parle davantage des jeux. « Le principal inconfort, c’est quand on arrête de parler de nos jeux. La majorité d’entre nous dans les studios ne rêve que de parler de jeux », explique-t-il en invoquant les polémiques trop fréquentes. ci-dessus, des sujets qui n’ont rien à voir avec le jeu vidéo, mais aussi « sans doute la frustration de ne pas pouvoir parler » des projets sur lesquels travaillent les salariés.
« L’annonce de Rayman a été d’un grand bénéfice pour beaucoup de ceux qui y travaillaient », se souvient-il. « Shadow sera un très bon exemple du renouveau à ce niveau et du renouveau de la créativité dans d’autres domaines. »
Face à la situation sociale, Ubisoft veut apaiser les esprits en ouvrant une phase de négociations et en parlant aussi de « choses extrêmement positives » qui « valorisent nos développeurs, leur travail quotidien, les créations ».
« Nous croyons en une amélioration, nous sommes heureux de développer nos jeux. Nous avons des choses à résoudre et une transformation à opérer », admet-il. Mais il se veut rassurant : tout ira bien dans les mois à venir. « Nous donnerons toute l’énergie nécessaire pour le faire », conclut-il.