Tutelle – Editorial de Cédric Clérin – 26 septembre 2024
En quelques heures, les pires craintes sur l’influence de l’extrême droite sur le nouveau gouvernement se sont confirmées. Le 24 septembre au matin, un député RN a demandé à Bruno Retailleau de porter plainte contre un député de gauche. Le tout nouveau ministre de l’Intérieur s’est exécuté, avant de multiplier les propositions reprises des programmes de Zemmour et Le Pen.
Plus grave encore, lorsque le ministre de l’Economie a expliqué qu’il souhaitait recevoir à Bercy les forces politiques du Front républicain qui avaient empêché l’extrême droite d’arriver au pouvoir, Le Pen s’est agacée. « Le Premier ministre devra expliquer à ses ministres la philosophie de son gouvernement, certains d’entre eux ne semblent pas encore l’avoir compris ! » elle menace.
Aussitôt, Michel Barnier, à Matignon, décroche son téléphone, désavoue sa ministre et, pire encore, appelle la cheffe de file de l’extrême droite pour la « rassurer ». Sur tous les plateaux de télévision, les cadres du RN se pavanent. Ils ont dicté le casting, ils peuvent désormais faire désavouer une ministre. Le gouvernement est sous tutelle. Le Premier ministre va-t-il, dans quelques jours, prononcer son discours de politique générale en scrutant du coin de l’œil les réactions de l’extrême droite ? C’est aussi scandaleux qu’intenable.
Michel Barnier appelle au respect de tous les électeurs. Que fait-il des deux Français sur trois qui ont choisi un autre candidat que le RN au second tour des législatives anticipées, justement pour contenir l’influence de l’extrême droite ? Cette dernière ne se contente pas d’hystériser le débat politique, elle utilise le pouvoir que lui a investi Emmanuel Macron pour valider l’épuration budgétaire annoncée.
Barnier est une marionnette et Marine Le Pen une illusionniste qui, ensemble, bafouent les aspirations sociales et démocratiques exprimées par les Français. Dans ce champ de ruines, on croit pouvoir rêver de trouver un peu de lucidité dans les propos d’Éric Woerth, macroniste et ancien partisan de Sarkozy, qui voit dans le fait de gouverner sous la menace du RN une « piège mortel ». Bonjour, Barnier ?
Face à l’extrême droite, ne baissez pas les bras !
C’est pas à pas, argument contre argument, que nous devons combattre l’extrême droite. C’est ce que nous essayons de faire chaque jour dans l’Humanité.
Face aux attaques incessantes des racistes et des semeurs de haine : soutenez-nous ! Ensemble, faisons entendre une autre voix dans ce débat public de plus en plus nauséabond.
Je veux en savoir plus.
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