turbulence et phase de transition après l’euphorie
La Gamescom 2024, le salon annuel du jeu vidéo en Europe, qui a ouvert ses portes mercredi 21 août à Cologne et fermera ses portes dimanche 25 août, a cette année une saveur toute particulière. Tout d’abord parce que c’est la première année qu’elle n’a pas à souffrir de la concurrence de l’Electronic Entertainment Expo (E3). Le salon américain, qui était le rendez-vous mondial des professionnels du secteur, a définitivement jeté l’éponge en mars 2023. Depuis, la scène allemande est devenue encore plus importante pour les éditeurs de jeux vidéo. Au total, 1 400 exposants ont fait le déplacement en Rhénanie, et plus de 300 000 visiteurs sont attendus.
Le climat qui règne sur l’événement est d’autant plus inhabituel que l’industrie du jeu vidéo traverse une période de transition accompagnée de turbulences importantes. Les confinements imposés par l’épidémie de Covid-19 ont, de 2020 à 2022, largement profité au secteur, qui s’est consolidé au passage pour donner naissance à de nouveaux champions à force d’acquisitions majeures. Mais l’heure est désormais à la normalisation. Alors que le temps de jeu moyen des joueurs a chuté de 26 % en 2023 par rapport à 2021, selon le rapport annuel du cabinet spécialisé Newzoo sur le jeu sur PC et consoles, les entreprises ont entamé un plan d’austérité.
Le cas de Microsoft l’illustre parfaitement. Le géant de Redmond, qui a signé le plus gros deal de l’histoire du secteur en lançant l’acquisition d’Activision Blizzard en janvier 2022 pour 69 milliards de dollars (60 milliards d’euros) – une opération qui n’a été définitivement validée qu’en octobre 2023 – a depuis fermé trois studios et annoncé 1.900 licenciements en janvier 2024.
10 500 suppressions d’emplois en 2023
Mais tous les acteurs du secteur, du plus grand au plus petit, sont concernés. Côté français, Ubisoft a annoncé sa troisième vague de licenciements de l’année, une semaine avant l’ouverture de la Gamescom, supprimant 45 emplois aux Etats-Unis, pour un total d’un peu plus de 120 postes supprimés depuis janvier. Alors qu’en 2023, 10.500 emplois avaient déjà été détruits dans le secteur, selon le comptage tenu par le site Game Industry Layoffs, le mouvement s’accélère en 2024, puisque ce seuil avait déjà été franchi avant le premier jour du plus grand salon de jeu vidéo au monde.
Un autre exemple symptomatique est celui de l’entreprise suédoise Embracer, qui souhaitait créer une immense constellation de studios à grande vitesse, mais a été contrainte en avril d’annoncer sa scission en trois entités, faute d’avoir réussi à réunir les financements nécessaires à la réalisation de son projet. « Le boom des années 2020 est terminé, c’était un monde différent. Il faut s’adapter à un nouvel environnement » dans lequel « Le capital est limité »Le fondateur et principal actionnaire du groupe, Lars Wingefors, l’a reconnu. Que ce soit auprès des banques ou des fonds d’investissement, l’argent est plus cher qu’à l’époque de l’euphorie du jeu vidéo.
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