Malgré l’indignation internationale suscitée par le bombardement meurtrier dimanche contre un camp de déplacés à Rafah, l’armée israélienne poursuit son offensive dans la ville surpeuplée du sud de la bande de Gaza, lancée le 7 mai pour, selon elle, éliminer les derniers bataillons du Hamas. .
Des combats de rue et des bombardements ont secoué Rafah mercredi, au lendemain de l’entrée des chars israéliens dans le centre de la ville. A Khan Younès, trois corps ont été extraits mercredi des décombres d’une maison touchée par un bombardement, selon la Défense civile palestinienne. « J’ai perdu deux de mes enfants, Haydar, huit ans, et Mecca, cinq ans, ma fille unique », a témoigné Rami Abou Jazar en larmes, après avoir dit au revoir à ses enfants enveloppés dans des linceuls blancs.
Une guerre qui pourrait durer « encore sept mois »
Le conseiller israélien à la sécurité nationale, Tzachi Hanegbi, a affirmé que la guerre pourrait se poursuivre pendant « encore sept mois » afin d’atteindre l’objectif de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et auteur le 7 octobre d’une attaque sans précédent contre Israël.
Parallèlement à Gaza, l’armée israélienne a déployé jeudi des soldats dans différentes villes de Cisjordanie occupée après une « attaque à la voiture » qui a tué, selon elle, deux jeunes soldats israéliens près de Naplouse.
Grève contre une ambulance à Rafah
Dans la nuit de mercredi à jeudi, le Croissant-Rouge palestinien a dénoncé la mort de deux de ses sauveteurs dans une « frappe directe » de l’armée israélienne contre une de ses ambulances dans le secteur ouest de Rafah.
À Gaza, l’armée affirme avoir découvert « une vingtaine de tunnels » dans le secteur frontalier, qu’elle soupçonne d’être utilisés pour la contrebande des groupes armés dans le territoire palestinien. L’Egypte a nié l’existence de tunnels sous la frontière, affirmant qu’Israël cherchait à justifier son offensive à Rafah contre le mouvement islamiste palestinien.
Un poste frontière vital pour l’aide humanitaire fermé
L’armée a annoncé avoir pris le contrôle « ces derniers jours » du corridor de Philadelphie, une zone tampon de 14 kilomètres de long qui borde la frontière égyptienne au sud de la bande de Gaza, près de Rafah. « Le couloir de Philadelphie servait de conduit d’oxygène au Hamas, par lequel il transportait régulièrement des armes vers la bande de Gaza », a déclaré le porte-parole de l’armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari.
Il a ajouté que l’armée avait « découvert une infrastructure terroriste souterraine sophistiquée à l’est de Rafah, d’une longueur d’un kilomètre et demi, à environ 100 mètres du passage » entre l’Egypte et la bande de Gaza. Ce poste frontière, unique point de passage entre la bande de Gaza et l’Egypte, vital pour l’acheminement de l’aide humanitaire, est fermé depuis que l’armée israélienne en a pris le contrôle début mai.
En trois semaines, environ un million de Palestiniens, selon l’ONU, ont fui Rafah, pour la plupart des déplacés poussés vers un nouvel exode vers des zones déjà surpeuplées du territoire assiégé.